𝐋𝐔𝐌𝐈𝐄𝐑𝐄𝐒 𝐏𝐋𝐀𝐒𝐓𝐈𝐐𝐔𝐄𝐒 || nagusuzu

𝗽𝗹𝘂𝘀 𝗿𝗶𝗲𝗻 𝗮 𝗳𝗼𝘂𝘁𝗿𝗲

Bryce était écrasé sur le lit de sa chambre d'hôtel, téléphone portable en main : il traînait sur Instagram, scrollant entre les différents posts et stories. Puis, des fois, il s'arrêtait et désinstallait l'application comme si de rien n'était, parce qu'en vérité, il n'en avait un peu rien à faire de tous ces partages et de tous ces likes - parce que ça ne servait juste à rien d'être à l'affût de la vie des autres, et que tout le monde se moquait de la sienne, du moment qu'elle n'impactait pas la leur.

Le garçon soupira. Décidemment, il ne comprenait pas les gens de son âge, ni les gens tout court, en réalité.

Mais pire encore, il n'était même pas vraiment certain de vouloir les comprendre, ces gens-là. C'était ce qu'il y avait de plus cruel, dans l'histoire.

Il ne se sentait juste pas à sa place, comme si il appartenait à une autre ère, un autre endroit. Mais où ?

- Bryce, tu viens ? On s'apprête à y aller, là.

Dans l'entrebaillement de la porte, Karenn : elle était super jolie, à ce moment précis. Mais vraiment super, super jolie.

Ses cheveux framboises coulaient en cascade le long de son dos, contrastant avec sa robe à bretelles couleur bleue azur, à l'instar les ciels d'été.

Mais surtout, pour fignoler le tout, un collier en perles reposait sur sa clavicule, ce qui mettait en valeur ses épaules et son cou.

En bref, elle était vraiment trop trop jolie, cette Karenn. Beaucoup trop.

- Ça va ? T'as une drôle de tête, lâcha-t-elle.

Bryce retint un rictus, la claque : c'était certain qu'à côté d'elle, il faisait pâle figure ! Il était encore sur son lit, la chemise complètement froissée, et pire encore, les cheveux ébouriffés. Parfait accoutrement pour la soirée, dis donc.

Le garçon décrocha un sourire amer :

- Tu peux me le dire directement si j'suis pas beau à voir hein.

- C'est vrai que t'as l'air constipé. Mais bon, est-ce que ça change vraiment d'habitude ?

- Mais-

La jeune fille lui accorda un clin d'œil espiègle, ce qui eut le malheur de lui arracher les mots des lèvres.

Ah oui, comment pouvait-il se faire mener en rond par une gamine pareille, déjà ? Très honnêtement, il n'avait jamais obtenu réponse.

- C'est bon, je rigole, dit-elle.

- Pourquoi tu mens, même ?

- Je rigole... Un peu.

- Ouais ouais, dis-le si je tire tout le temps la gueule hein.

- Parce que j'ai tort, peut-être ?

- Eh bien, disons seulement que je canalise les muscles de mon visage en limitant mes expressions faciales, soit comme ça, je conserve mon énergie pour d'autres activités plus importantes que celle de montrer mes émotions... Logique, non ?

- Aaaaah mais donc en gros, tu es juste quelqu'un de pragmatique, c'est ça ?

- Exactement ! Tu as tout compris, ma parole.

Les deux amis s'observèrent un moment, comme pour se sonder mutuellement : des fragments de rire s'échappèrent de leurs lèvres.

Des années qu'il se connaissaient désormais, et pourtant, rien n'avait jamais vraiment changé dans leur relation : c'était agréable, à vrai dire. c'était agréable de savoir que certaines choses restaient les mêmes, qu'il existait toujours un point de repère quelque part, ou chez quelqu'un.