« Sous les brûlures d'été se bouscule deux astres.
Deux ciels. Deux corps. »
C'est l'histoire d'un jeune homme au coeur bien trop grand et décousue, et d'un autre qui tente de se sortir la tête de l'eau.
L'histoire de Harry.
Et l'histoire de Loui...
I've been sleepless at night Cause I don't know how I feel I've been waiting on you Just to say something real.
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⭑
Août.
La chaleur étouffante et un seul ventilateur dans la pièce, je tire une cigarette et relève les yeux vers ma mère qui traduit un roman en russe, les sourcils froncés et son air concentré qui m'arrache un léger sourire.
« Je peux savoir ce qui te fait sourire comme ça ? - Toi. »
Elle secoue la tête et attrape ma cigarette pour l'écraser contre le cendrier, elle déteste que je fume autant mais ça m'apaise. Mon téléphone vibre contre le plan de travail et je sais déjà que c'est Louis, je me retiens de sourire et attrape mon téléphone pour lire son message.
✉️ De Léon : Bonjour Hector, il arrive parfois qu'avec la troupe de théâtre, il y'ait des journées porte ouvertes à nos répétitions, donc si tu te sens de venir me voir briller, tu peux.
Le grand sourire qui s'échappe de mes lèvres est incontrôlé et ma mère le remarque et c'est en venant m'entourer de ses bras avec tendresse, qu'elle dit tout bas.
« Que c'est beau de te voir sourire ainsi. »
Je serre ses bras qui entoure les miens et nous restons un moment ainsi, je ne peux pas prétendre que je vais complètement mieux mais depuis quelques jours je me retrouve un peu. Elle dépose un baiser contre le haut de ma tête et retourne à sa traduction d'une œuvre de Tolstoï.
✉️ De Hector : Bonjour Léon, tu penses vraiment que je vais rater cela ? Donne moi l'adresse et je serais là.
✉️ De Léon : 48 Sally's avenue, je suis déjà impatient.
Les deux grandes portes de la salle de théâtre grince et s'ouvre de mes deux mains, cela a déjà un peu commencé et Louis est sur scène. Mon cœur est déjà tout secoué de le revoir, surtout dans son élément. Là où il brille le plus fort. Je m'assois au milieu de la salle sur un siège rouge et je me perds à tous les regarder répéter une pièce que je ne connais pas, sûrement écrite par leur professeur de théâtre. Mon regard se perd énormément sur lui, Louis qui vit son personnage comme si c'était lui, qui le fait exister, il finit par se tenir au milieu de la scène et c'est les larmes aux yeux, la voix qui vacille un peu, qu'il dit.
« Je voudrais parler au nom de ceux qui ont mal, de ceux qui ne savent pas se tenir correctement, de ceux pour qui respirer est synonyme d'agonie. De ceux qui hurle sans jamais dire un mot, je veux.. je veux parler pour ceux qui se laisse chuter dans le vide sans voir la fin. Je veux tellement de choses, mais je veux surtout soigner, soigner les cœurs, ceux qui boitent et dont les battements sont à l'envers. Je veux qu'ils sachent que moi, moi je suis là. Je les entends, je les vois, je les sens. Pour toujours. »
Une larmes chute sur sa joue et atterrit sur la mienne. Il vient de me faire pleurer de ces émotions que l'on ne peut décrire, toute sa troupe l'applaudît fièrement et son professeur aussi. Je suis figé sur le siège et je ne le quitte pas du regard alors qu'il s'incline en avant comme salutation. Je souris à travers les larmes et m'essuie rapidement les yeux avant de me lever pour aller le rejoindre. Je marche entre les rangées et lorsqu'il me voit, un sourire se dessine sur ses lèvres. Un sourire heureux, un sourire soleil.
« Hector ! - Léon.. »
Et on se prend dans les bras, comme si l'on connaissait depuis des années, son odeur, son parfum et celle de lessive se mélange et me retourne le ventre de cette chaleur inexpliquée. Je le serre davantage contre moi et il me dit tout bas près de mon oreille.
« Merci d'être là. - Je n'allais pas rater cela. »
Puis on se recule doucement mais nos doigts restent un peu entremêlés, comme si on ne voulait pas rompre le lien, ce contact et ce fil qui se tisse entre nous. Petit à petit. Il serre ses fins doigts délicats dans les miens et me dis avant de me tenir qu'une main.
« Suis-moi. »
Il me guide jusqu'à une immense pièce où regorge des tableaux. Des guirlandes lumineuses, des dessins, des costumes, beaucoup de costumes. Je regarde partout autour de moi et c'est émerveillé que j'effleure les costume de spectacle du bout de mes doigts. J'en ai des frissons.
« J'ai joué un arbre une fois. »
Je me tourne vers lui et j'explose de rire alors qu'il rit aussi, puis il me rejoint et ajoute près de mon épaule.
« J'avais sept ans, mais bon quand même. C'était avec l'école, c'est là que j'ai su. - Quoi ? Que tu voulais être un arbre ? - Idiot. »
On rit encore un peu et il pose doucement son menton contre mon épaule. Ce simple geste a l'effet de me secouée le cœur dans tout les sens puis sans que je ne contrôle réellement, mes doigts cherche les siens, je continu de fixer les costumes et lorsque nos phalanges se percutent doucement, il lie nos doigt ensembles timidement. Je tourne lentement la tête vers lui et admire son visage si près du mien, il retire sa tête de mon épaule et murmure tout bas.
« Tu peux être qui tu veux ici, qui es-tu alors aujourd'hui Harry ? »
Je fixe tout les costumes et m'arrête face à un costume trois pièces d'époque. Il est magnifique et je le pointe du doigt en disant.
« Je veux être quelqu'un, quelqu'un d'important. »
Il passe à mes côtés et retire le costume de sa protection avant de me le tendre et me dire.
« Sois qui tu veux, ici tu peux être n'importe qui. - Et toi ? »
Il sourit alors que j'enfile le haut et le bas un peu grand pour moi. Il s'approche de moi et puisque je galère avec les boutons, il m'aide. Il boutonne doucement chaque partie de la chemise à flanelle et je ne le quitte pas des yeux.
« Moi je veux être quelqu'un d'autre, quelqu'un qui me fera tout oublier. Ça ! - dit-il en voyant un costume de poète d'époque. »
Je me mords la lèvre et une fois mon costume de mis et le sien également, nous nous pavanons dans toute l'immense pièce et il vient me tendre sa main.
« Monsieur Hector Scofield, m'accorder vous cette danse au milieu de la rue ? - Oui. »
J'attrape sa main et s'en suit une danse, une valse, lente, près du corps. Une valse où les cœurs s'emmêlent. Une valse où rien au monde ne peut faire mal.