Abel

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- Elle a laissé ça pour toi.

Je prend l'enveloppe d'une main tremblante et je l'ouvre.

Premiere phrase et je sais. Je n'ai pas besoin de lire plus, je sais qu'elle l'a fait. Elle est partie. Pour toujours.

Je regarde autour de moi, j'essaye de respirer mais je n'ai plus d'air. L'air refuse de me faire respirer. Souffle Abel, souffle.

Je tombe à genoux par terre et j'essaie de reprendre ma respiration. Je cline des yeux plusieurs fois pour que ma vue se defloutte.

Je reprend la lecture de la lettre, la vision trouble et ma respiration saccadée.

Non, je vous en supplie tout mais pas ça. Pas elle. Je ne m'en remettrai pas. Je doit la voir, je doit .... je.... J'ai ... J'ai besoin d'elle... besoin... elle.. Aéla... revient s'il te plait....

Je vois l'ambulance partir et je me lève la lettre dans ma main. Je cours derrière elle, je cours jusqu'à que je tombe au sol. Je fais demi tour et tout le monde est encore la, devant la maison, dévasté.

Solal s'approche de moi et me prend dans ses bras. J'éclate en sanglot et nous pleurons ensemble.

- Je sais.... je sais. Elle me manque aussi, déjà.

Je me détache de lui et mon regard tombe sur son frère disparu. Je m'approche de lui dangereusement.

- C'est ta faute. Toute sa vie elle a attendu que tu reviennes, elle t'aimait tellement et maintenant elle est partie, tu n'as rien à faire ici.

- Abel, calme toi. Solal essaye de ma calmer mais je ne peux pas, j'ai perdu la femme de ma vie.

- C'était compliqué de répondre à ces putains d'emails ?

Il ne répond pas et baisse la tête, les larmes coulent sur ces joues. Je rentre dans ma voiture et entend ma soeur m'appeler derrière mais je ne répond  pas.

Je roule jusqu'à l'hôpital. J'ai toujours sa lettre dans la mains et mes larmes coulent toujours sur mes joues.

Pas elle, s'il vous plait. J'ai besoin d'elle pour vivre, j'ai besoin d'elle pour respirer. Je ne peux pas la perdre. Pas elle. Tout le monde mais pas elle.

Je pourrais l'entendre me dire d'arrêter de pleurer. Mais je ne peux pas. C'est impossible.

Je n'ai jamais ressenti une telle souffrance avant. Mon cœur me fait mal. Tout mon corp me fait mal. J'ai l'impression d'avoir perdu une partie de mon âme et de mon esprit. Je ne vivrais plus jamais entièrement sans elle.

J'arrête la voiture devant l'hôpital et court la retrouver. Je demande au docteur où elle est tout en continuant ma course.

Et puis je l'a voir au loin. Allongée sur un lit d'hôpital. Des docteurs et des infirmières l'emmènent quelque part.

Je cours pour les rattraper, je ne la laisserai pas partir. Pas sans l'avoir vue une dernière fois.

- s'il vous plaît, arrêté... Où vous l'emmener ?

Je m'approche du lit et prend son visage entre mes mains, elle est froide c'est leur sont bleus son visage est blanc. Elle est partie.

À ce moment-là, je sais qu'elle est parti pour toujours, mais c'est plus fort que moi je peux pas la laisser partir . Je lève la tête et regardant un docteur :

–s'il vous plaît, essayer de la réveiller.

- C'est trop tard. On y va.

- Non... non. Vous allez où ?

- À la morgue monsieur.

Je pose ma tête sur son torse et pleur en caressant ces cheveux. J'essaie d'entendre son cœur mais je n'entend que le mien qui reste d'exploser.

Les docteurs me laisse l'enlacer encore quelques instants avant de me dire qu'ils doivent l'emmener. Je me relève et je reste debout au milieu de ce couloir d'hôpital, au mur blanc. Je reste debout et je la regarde partir au loin allongée sur ce lit. Je n'arrive toujours pas à y croire et je pense que je n'y arriverai jamais. Je reprends sa lettre et la lit encore et encore. Au bout de la troisième lecture, mes genoux ont lâchés, je suis tombé au sol.

Je suis maintenant à genoux dans ce couloir d'hôpital. et j'ai l'impression qu'on va m'enlever la vie. J'ai l'impression que mon âme va sortir de mon corps et que je vais mourir sur ce sol. Si je ne meurs pas aujourd'hui, ici, je mourais sûrement demain dans ma chambre. Je ne pourrai pas vivre sans elle. Je le sais.

J'entends du bruit derrière moi et sa famille est là, ainsi que la mienne. Je l'ai regarde un par un et ils ont l'air tout aussi dévasté que moi.

Solal et ma sœur viennent m'aider et nous partons. L'enterrement aura lieu demain et je ne sais même pas si je vais réussir à sortir de mon lit.

Une fois arrivé chez moi, je monte dans ma chambre, prend un de ces tee shirt et l'utilise en taie d'oreiller. Je m'allonge dans mon lit et pleure jusqu'à épuisement.

Je pleure jusqu'à qu'il n'y ai plus d'eau dans mon corps, et je crie jusqu'à que plus aucun son ne puisse sortir de mes cordes vocales. Je me laisse mourir et je ne me lèverai pas tant que je ne la verrai pas.

Je me laisse mourir sur ce lit. Le lendemain je ne me suis pas levé, je ne me suis pas levé le jour d'après ni le jour d'après. Je suis resté dans ce lit pendant des mois et des mois.

Si il le faut, je resterai des années dans ce lit, mais je dois la revoir. Je dois la revoir et lui dire que je l'aime, je dois la revoir et l'embrasser. Je dois la revoir et l'enlacer. Je dois la revoir et l'aimer.



Je dois la revoir et la sauver.

Je doit la sauver comme elle m'a sauver.






En me sauvant elle a oublié de se sauver.

Et je m'en voudrai toute ma vie pour ça.

Ne me laisse pas (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant