Abel

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Elle me sert toujours dans ces bras et nos larmes coulent sur nos joues. Ça m'a fait tellement du bien de lui parler.

Elle se détache de moi et me regarde dans les yeux en essuyant mes larmes avec des doigts. Elle préfère essuyer mes larmes plutôt que les siennes et pour une raison que j'ignore ça me réchauffe le cœur.

- Abel, je ... je suis tellement et sincèrement désolée pour tout ce que tu as vécus mais tu n'es pas responsable de sa mort. Tu avais 8 ans, tu ne pouvais pas savoir. Il en avait 12 et il savait que le bonhomme était rouge. Oui, il est parti chercher le ballon pour toi mais tu ne l'as pas obligé c'est son libre abrite qui a choisi, pas toi. Tu n'y es pour rien. Abel, regarde-moi, je lève les yeux vers elle, tu n'as pas tué ton frère.

Et pour une raison que j'ignore je l'ai cru. L'espace d'un instant je l'ai cru.

- Ensuite, je pense que tu devrais parler à ta sœur, tu ne vas pas la tuer Abel. Il faut que tu lui parles, que tu lui expliques. Tu ne sais pas ce qui peut se passer demain et tu sais que si tu ne lui en parle pas tu vas vivre avec des regrets toute ta vie.

Elle a raison, elle a tellement raison que ça me rend dingue.

- Pour ton père, j'ai envie de lui crever les yeux pour ce qu'il t'a fait subir et ce qu'il te fait subir mais je pense que tu devrais discuter avec lui. Tu dois lui dire que ton frère te manque aussi et qu'il ne reviendra pas. Il aura beau te frapper et t'insulter ton frère ne reviendra pas et en agissant comme ça il n'a pas perdu un fils, mais deux. Je ne te dis pas de devenir meilleur ami avec lui, mais essaye de lui parler. Ou même de lui écrire une lettre si tu préfères. Ensuite, tu ne mérites pas de mourir et écoute bien ce que je te dis : tu ne mérites pas de mourir. Personne ne mérite de mourir et encore moins toi. Tu n'as pas personne, tu m'as moi et je t'interdis de mourir.

Elle prend mon visage entres ces mains et me force à la regarder :

- Tu. Ne. Mérite. Pas. De. Mourir.

Elle a fait une pause entre chaque mot et mes larmes continuent de couler. J'ai envie de me frapper pour être aussi vulnérable devant elle et comme si elle avait lu dans mes pensées elle enchaine :

- N'est pas honte de pleurer devant moi, ça montre simplement que tu es humain et que tu as des émotions. Ne cache pas ta peine et ta souffrance, pas devant moi.

Je ne sais pas quoi dire alors je la prends dans mes bras. Je la sers tellement fort que ça me fait mal mais je m'en fiche. J'ai besoin de la sentir près de moi. J'ai besoin de sentir son parfum à la vanille, j'ai besoin de sentir son cœur battre contre ma poitrine. On reste comme ça un petit instant et une fois que les larmes ont arrêtés de couler je prends la parole.

- Je ... je vais parler à ma sœur. Pour mon père, je ne sais pas mais tu as raison pour ma sœur. Je ... elle a le droit d'avoir un grand frère comme ces copines. Elle a le droit de savoir.

Elle hoche la tête en souriant et se rallonge dans mes bras. On reste comme ça quelques minutes puis on décide de rentrer.

Une fois chez moi, ma sœur est la et je pense lui parler maintenant. Si j'attends je vais changer d'avis alors autant il y allait maintenant.

Je toque à la porte de sa chambre.

- OUI ?

- Je ... c'est moi ... je voudrais te parler.

J'attends devant sa porte une réponse et au bout de 5 secondes j'abandonne et opère un demi-tour mais j'entends la porte d'ouvrir.

- Rentre.

Je la regarde choquer mais rentre dans la chambre, je m'installe sur le bord du lit et attend qu'elle ferme la porte pour s'assoir sur sa chaise de bureau en face de moi. Elle attend que je parle et moi je ne sais pas par quoi commencer.

Ne me laisse pas (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant