IL M'A AIMÉ PENDANT TOUT CE TEMPS

Chapitre 02

Tonton Will est venu prendre place en face de moi sur le fauteuil avec un air triste que je ne lui connaissais pas, lui qui est d'habitude si joyeux avec le sourire aux lèvres. Cela m'a fait encore plus regretter mon indiscrétion.

— Quand j'avais vingt-quatre ans, a-t-il commencé, je venais tout juste d'emménager dans cet appartement, après avoir décroché un poste au sein de la maison d'édition. C'est alors qu'un jour, en rentrant du boulot, je découvre devant ma porte une magnifique jeune fille, en panique. Elle était perdue et n'avait personne à contacter. Les yeux dans le vide avec le sourire aux lèvres, l'air de revoir une scène qui m'est invisible, il a continué :

— Je n'ai jamais été attiré par une demoiselle comme c'était le cas avec cette jeune fille. Elle avait un regard tellement pur et triste que je ne pouvais me résoudre à la laisser livrée à elle-même. Moi qui ne parlais à aucun voisin et qui me méfiais des inconnus, je lui ai proposé de passer la nuit chez moi jusqu'au lendemain, étant donné que la nuit était déjà tombée. N'ayant pas d'autres choix, elle a accepté après un moment de réflexion.

Durant cette nuit, bien évidemment, je me suis comporté en gentleman, malgré mon attirance inexplicable envers elle. Au début nous étions tous les deux très gênés. J'ai, alors, décidé de faire des efforts pour détendre l'atmosphère.

 Après quelques minutes passées ensemble à discuter de sa situation, j'avais compris sa peur et son désarroi de s'être retrouvée toute seule dans une aussi grande ville telle que Paris, chez un inconnu.

Bref, essayant toujours de la mettre plus à l'aise et de la rassurer, j'ai pris l'initiative de nous faire à manger. Ce qui n'était pas une bonne idée étant donné mes maigres compétences en ce domaine. En me voyant me débattre avec une omelette, elle a bien voulu me porter secours et nous préparer un bon repas avec seulement le strict minimum qui se trouvait dans ma cuisine. C'était là le début de mon histoire avec cette jeune demoiselle.

Après quelque temps passé ensemble, des liens inexplicables se sont tissés entre nous deux, car la première nuit n'était pas la dernière. 

N'ayant aucun colocataire je n'ai pas vu d'inconvénient à l'inviter à rester chez moi le temps qu'elle se fasse une situation convenable. Notre relation était tout ce qu'il y'avait de pure, remplie de moments de joie et de bonheur. Bien que nous ayons aussi eu nos mauvais moments, nous réussîmes toujours à trouver un terrain d'entente.

Un jour, après plusieurs mois passés ensemble, j'avais décidé de lui ouvrir mon cœur et de lui déclarer ma flamme. Au début elle m'a annoncé que ses sentiments n'étaient pas réciproques et qu'elle ne pouvait rester d'avantage avec moi afin de ne pas me blaiser, ce que je n'avais, bien évidemment, pas accepté. Car j'étais conscient qu'elle n'avait nulle part où aller et je ne pouvais supporter qu'elle s'éloigne de moi, même si cela voulait dire que je refoule mes sentiments au fond de mon cœur.

Les quelques jours qui ont suivi cet évènement ont été très tendus entre nous deux, car malgré nos efforts pour faire comme si rien ne c'était passé, la situation était très gênante. C'est alors qu'elle prit son courage à deux mains et m'annonça qu'elle était amoureuse de moi. C'était alors le plus beau moment de ma vie, car la seule fille pour laquelle j'éprouvais de l'amour ressentait la même chose pour moi.

Malheureusement, les moments de bonheur que nous avions vécus avaient touché à leur fin, le jour où elle m'avait appris qu'elle avait trouvé le moyen de rentrer chez elle.

Les larmes aux yeux il a continué :

— Elle m'avait dit qu'il suffisait d'un simple mot de m'a part pour qu'elle ne retourne pas chez elle, et qu'elle oublie, à jamais, cette histoire. Dieu seul sait à quel point il m'a fallu faire preuve de force et de courage pour lui dire de retrouver sa maison et sa famille, car même si elle m'aimait et était heureuse avec moi, je savais que les siens lui manquaient et qu'elle s'inquiétait pour eux. Depuis, je ne l'ai plus revu et je n'ai jamais pu l'oublier ni la remplacer.