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Alexandre

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Rosewood, 17 octobre 19h17

Après dix longues minutes interminables à me frapper, il m'a laissé sur le sol, le visage ensanglanté.
Voici ce que j'endure depuis mes cinq ans, sachant que j'en ai bientôt quinze, je dois dire que je suis assez courageux d'avoir survécu à toutes ces choses horribles qu'il m'a fait subir jusqu'ici. Car oui, il ne se contentait pas de simplement me taper, pour lui ce n'était « pas assez », la douleur n'était pas assez présente vous voyez ? Malgré les nombreuses larmes qui coulaient sur mes joues, je ne souffrais pas autant qu'il le souhaitait.

Sur mon bras gauche, j'ai une énorme cicatrice, dont il est aussi coupable. J'avais sept ans, et je me souviens que ce jour là j'avais eu une « mauvaise note » - si on peut appeler cela ainsi.

13/20 en mathématiques, au moins j'avais eu la moyenne, mais apparemment pour Rudy Miller, ce n'était pas assez, comme la douleur qu'il m'infligeait.

Ce soir là, ma mère devait rentrer assez tard du travail. Et comme tout enfant de l'école primaire, les évaluations devaient être signées, sachant que j'étais seul avec mon père toute la soirée, je ne pouvais pas lui cacher ma note. Sauf que celle-ci ne lui avait pas réellement plu.

- Tu te fous de ma gueule là, 13/20 ? criait-il à travers toute la maison.

J'allais être une fois de plus puni, mais d'une façon différente cette fois-ci. Il sortit dans le jardin quelques minutes, ignorant ce qu'il y faisait, je rangea dans mon sac cette évaluation catastrophique. Sans que je remarque qu'il était de retour, il m'attrapa le bras puis me conduit dans le jardin à mon tour. La première chose que je vois, du feu. Sans que je puisse comprendre ce qu'il se passe, il prit mon bras pour le mettre dans les flammes.

Trop mignon votre petit Rudy Miller.

Heureusement, ma mère était arrivée à temps. Le pire dans tous ça, c'est que mon père n'a pas du tout culpabiliser, même pas une seconde. Un vrai psychopathe cet homme. Je trouve que pour une note, c'est une punition plutôt exagérée. Mais bon, il avait sûrement passé une mauvaise journée, ça explique tout.

Bref

Je suis encore au sol, le visage défiguré et rempli de sang. J'arrive à me relever et il est hors de question que je reste ici, que ce soit pour la nuit ou pour la vie. Je déteste cette maison, je déteste mon père et tout ce qu'il nous fait subir au quotidien.

Je sais que je vais partir, le plus loin possible de cet endroit, mais partir où, je n'en ai aucune idée. En premier, je devrais prendre un sac avec plusieurs affaires. Ça semble logique. Je décide alors de prendre mon sac de cours et de remplacer les cahiers par plusieurs tee-shirts, plusieurs pantalons, de la nourriture etc. Je prend tous ce dont j'ai besoin puis je passe la porte pour partir le plus loin possible de cette maison.

Sachant que mon père s'était endormi - parce que nous frapper lui demande beaucoup d'énergie - je pouvais enfin partir sans avoir peur qu'il me rattrape.

Forêt de Rosewood, 17 octobre 21h32

Après plusieurs heures de marche, je me retrouve en plein milieu d'une forêt, que je n'avais d'ailleurs jamais aperçu auparavant. Je continue de marcher en contemplant les arbres qui m'entourent quand je vois au loin une fontaine, qui a l'air assez vielle. Je me dirige vers celle-ci pour passer la nuit à ses côtés, de toute façon je n'ai pas d'autre endroit où dormir.

Le ciel est devenu sombre, plusieurs nuages cachent la lune, la seule lumière qui éclaire un minimum la forêt dans laquelle je me trouve. Je sens pleins de regards posés sur moi, sur mon corps et mes vêtements rempli de sang, ces yeux posés sur moi doivent sûrement être ceux des animaux. Je ne les vois pas mais eux peuvent me voir, enfin je crois. J'entends énormément de bruits, mais aucun n'est rassurant. Le vent, les animaux, les feuilles et les branches d'arbres qui craquent, rien n'est apaisant. C'est logique, je suis dans une forêt, la nuit, c'est normal que je ne me sentes pas en sécurité.

Trente longues minutes que je suis déjà assis ici, contre cette vielle fontaine, ces bruits angoissant qui continuent encore et encore sans cesse. Ça fait déjà une demi heure que je remet ma vie en question, que je pleure comme une petite fille sans aucune personne à mes côtés.

Les feuilles et les branches d'arbres continuent encore à craquer, sûrement à cause des animaux qui marchent dessus. Je regarde autour de moi toutes les deux minutes, espérant voir un hérisson ou un lapin, quelque chose d'inoffensif. Je sais que je suis loin d'être en sécurité, surtout en plein milieu d'une forêt immense, mais j'essaie de me rassurer comme je peux. Mes yeux se ferment tous seuls à cause de la fatigue, mais il est hors de question que je dorme, je n'ai pas envie de m'endormir pour au final ne plus jamais me réveiller.

Je lutte pour ne pas m'assoupir quand j'entends un gros craquement de branche. Ce n'est pas un animal. Comme par hasard, mes yeux se sont ouverts d'un coup, sans aucune envie de se refermer. Je vérifie autour de moi qu'il n'y ai personne, mais dommage quelqu'un m'observe. Je ne vois qu'une silhouette, debout, devant moi, je ne vois pas son visage mais je sais que ce n'est pas mon père.

J'aperçois des cheveux longs, il me semble qu'ils sont blonds. J'en déduis que c'est sûrement une fille. Les nuages libérèrent la lumière de la lune et quand cette personne m'approcha, petit à petit, je vis enfin sa tête. J'aperçois un visage doux et rempli de larmes, des joues roses comme une poupée, une jolie peau blanche et lisse. Après quelques secondes à contempler son visage, je me rends compte que je l'ai déjà vu auparavant, que je connais cette tête.

C'est la meilleure amie d'Inès.

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Lune & Alexandre (EN RÉÉCRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant