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Lune

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Rosewood, 17 octobre 19h12

Je descends les escaliers tel une condamnée. Ma tête est baissée et je n'ose pas la relever par peur de croiser le regard malheureux de ma mère. Tous ça pour un vase, c'était stupide de jouer avec les jumeaux.

- Assieds toi.

Je m'assois, toujours la tête rivée vers le sol et elle n'a même pas le temps de commencer à parler que je me met à pleurer. Je suis beaucoup trop faible et sensible, c'est humiliant de pleurer alors qu'elle n'a même pas encore prononcé un seul mot. Je lutte pour que mes larmes arrêtent de couler et relève la tête pour la regarder droit dans les yeux. J'aimerais lui dire que je suis désolée, et que pour Mya ce n'était pas mon intention.

- Ne pleure pas, dit-elle en essuyant mes larmes à l'aide de la manche de sa veste. Ce n'est qu'un vase, certes j'y tenais beaucoup car il appartenait à ma grand-mère mais je vis avec trois enfants et un mari extrêmement maladroit, il allait être cassé un jour ou l'autre ce vase, c'est évident.

Je murmure un « je suis désolée » et poursuit avec une phrase que je n'aurais jamais dû dire.

- Et aussi je peux tout t'expliquer pour Mya, c'était un accident, je sais que tout à l'heure c'était de ça dont tu voulais me parl..

Elle me coupe, l'air surprise.

- Mya ? C'est qui cette fille ? Il s'est passé quoi, Lune ?

Donc elle n'était pas au courant, elle ne savait rien et je me suis dénoncée toute seule, je suis vraiment bête. Elle détourne le regard et je fais de même, quelques secondes plus tard, je sens ses yeux posés sur mon corps. Je n'ose pas la regarder, ni parler.

- Je t'ai posé une question, continue-t-elle en relevant ma tête pour que je la regarde.

Des larmes commencèrent à glisser le long de mes joues roses, et je lui explique tout ce qu'il s'est passé.
Je suis beaucoup trop faible et sensible. 

- Le collège ne t'as vraiment pas prévenu ? La directrice ne t'as pas appelé ?

Elle me fixe droit dans les yeux, surprise et répond un simple « non ». Le silence s'installa pendant quelques secondes interminables, puis il fût interrompu par ma mère, c'était sûr et certain qu'elle allait m'engueuler.

- Tu as envoyé une fille à l'hôpital ! poursuit-elle en se levant. Je n'en reviens pas, j'ai déjà assez de problèmes en ce moment mais toi t'en rajoute avec tes histoires de gamines.

- T'as des problèmes ?

- Tais-toi, Lune. Vraiment, ferme-la.

Je n'aurais jamais dû lui dire ça, j'aurais dû attendre que ce soit elle qui m'en parle. Je mérite clairement de me faire disputer comme ça, c'est moi la méchante dans l'histoire. Je me tais quelques instants, comme elle me l'a demandé, faisant semblant de ne pas voir les larmes qui coulent sur son visage.

D'une voix tremblante, je la questionne une dernière fois, sans attendre de vraie réponse. J'aimerais juste qu'elle ne me déteste pas, même si je suis la pire des filles sur cette terre. Je l'aime plus que tout.

- Tu voulais me parler de quoi, tout à l'heure, quand je suis rentrée ?

- Tu vas aller vivre chez ta tante Amélie, c'était de ça dont je voulais te parler.

Je m'attendais à tout, sauf à ça. Tante Amélie ? Je ne l'ai vu qu'une seule fois dans ma vie, je ne l'aime pas et elle crois que je vais accepter d'aller chez elle ? De toute façon ma mère n'a aucune raison de m'envoyer là-bas. Ma tête se tourne vers elle, mes yeux se remplissent de larmes qui coulent une par une. Après quelques secondes sans parler, elle décide d'interrompre le silence en me disant les raisons du pourquoi je vais devoir aller vivre chez mon idiote de tante.

Lune & Alexandre (EN RÉÉCRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant