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-  Mesdames et Messieurs, commença le conducteur, ce train ne poursuivra pas sa route pour des raisons de sécurité

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- Mesdames et Messieurs, commença le conducteur, ce train ne poursuivra pas sa route pour des raisons de sécurité. Je vous prie de rester calmes. Merci.

La panique se propagea comme une traînée de poudre dans le compartiment. Personne ne respectait les consignes énoncées par le pauvre conducteur.

- Astrid ! m'appela mon frère au milieu du vacarme. Astrid ! Suis-moi, vite !

Déboussolée, je me levai de mon siège, me déplaçant bêtement dans la direction exigée par Solar. Le train souterrain avait abandonné sa course au milieu du tunnel. Une porte de secours s'ouvrit. Une, deux marches et le sol graveleux m'accueillit, bien qu'il fût baptisé par l'élan de la foule précipité. Un concert de lumières dansantes accompagnait notre marche. L'obscurité menaçant se vit transpercé à l'issu des rayons de clarté.

Alors que j'épousais les pas que mon frère adoptait en lui tenant la main, je regardais l'agitation sur le quai, perplexe. Des pleurs, des cris métamorphosaient la station souterraine en un vacarme incessant. Je manquai d'être bousculée maintes fois par des civils en course périlleuse, cherchant à se sauver ou à trouver de l'aide. Des pompiers tentaient de rassurer les âmes fragiles et donnaient un masque à oxygène à chaque nouveau venu. Avions-nous raté un épisode ?

Les sauveteurs nous procurèrent un masque puis nous remontions à la surface. Je découvris la triste vérité au centre d'un décor apocalyptique.

Une bombe nucléaire avait frappé la capitale.

Les bâtiments étaient effondrés, désormais en ruine. Les corps jonchaient les trottoirs, déposés par des volontaires. Des personnes s'activaient pour sauver des blessés gisant dans les décombres. Le ciel auparavant gris foncé, pleuvait de cendres et transportait une quantité phénoménale de poussière. En quelques minutes, cette ville a changé de visage, criant une déplorable détresse à chacun de ses aspects. Je rangeai mon casque et m'équipai de ma monture, capturant avec compassion les larmes d'une mère pleurant son fils.

Mon aîné me partagea les actualités en les projetant dans les airs. De nombreuses capitales ont connu le même sort, dont Paris. Je me souvins alors, telle une gifle mentale, que nos parents avaient décidé de se divertir à l'Opéra Garnier, ce même jour. A cette pensée, mes yeux s'orientèrent vers Solar. Il déversait silencieusement une mer de sanglots.

Les larmes perlaient le visage doux du jeune homme, formant une constellation salée. Ses yeux marrons couverts par une couche d'eau fine luisaient, devenant un puit à tristesse. Je le vis pour la première fois sans son masque jovial.

- Tu penses qu'ils n'ont pas survécu ? je lui demandai, refusant de me faire à l'idée que je ne les reverrai peut-être plus.

- J'espère que ce n'est qu'une illusion, bredouillai-t-il, noyé dans le chagrin.

𝐃𝐞𝐬𝐨𝐫𝐝𝐫𝐞 𝐒𝐩𝐚𝐭𝐢𝐨-𝐓𝐞𝐦𝐩𝐨𝐫𝐞𝐥Où les histoires vivent. Découvrez maintenant