"Ce n'était pas des larmes qui s'écoulaient de ses yeux, mais des braises "

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Jamais de ma vie je n'avais eu aussi peur. Des familles entières sortaient de l'immeuble en criant. Je sentis une main se poser sur mon bras, celle de Line. Elle nous a emportées, Emma et moi, hors de la maison. Dehors, nous le vîmes alors. Il pleurait à chaudes larmes. Littéralement. Ce n'était en fait pas des larmes, qui s'écoulaient doucement de ses yeux, mais des braises, et il ne semblait même pas souffrir. Je poussais un cri, effrayée. Je n'aurais pas dû, cela n'a fait qu'aggraver les choses. Line, elle, n'a pas paniqué.
Elle a seulement et simplement passé son bras autour des épaules du garçon. Une braise est tombée sur son épaule, mais elle n'a rien dit, même si j'ai aperçu une grimace de douleur sur ses lèvres. Alors, je pris mon courage à deux mains et demandais :

- Comment t'appelles- tu ?

Il était bête de lui parler comme si c'était un enfant car il devait avoir mon âge mais je me rendis compte de mon erreur trop tard : il me lança un regard noir avant de me répondre sur le même ton que moi :

- Mathéo.

Non, pas un regard noir. Un regard rouge. Ses yeux étaient rouges. Je parvins, par politesse, à étouffer un cri de terreur. Ce ne fût pas le cas d'Emma. Nouveau regard rouge, mais cette fois ci, il n'était pas pour moi...
Pour sortir sa fille de l'embarras, Line demanda :

- Où sont tes parents ?
Le jeune homme éclata de nouveau en sanglots et répondit d'une faible voix.

- Je ne connais pas ma mère, et mon père a disparu quelques jours avant l'incendie.

- Mais... Et où comptes tu aller ? demanda Emma.

- Je...- pleurs - je ne sais pas. Après ma naissance, mon père a non-seulement perdu ma mère mais il s'est éloigné de toute sa famille.

- On se demande pourquoi... me marmone Emma.

Par chance, Emma n'avait pas parlé assez fort pour que Mathéo ne l'entende...

- Je crois... continue Mathéo.

- Oui ? le presse Line.

- Je crois que je vais partir à la recherche de mon père.

Il se lève alors.

- Attends ! Tu... tu ne peux pas partir comme ça. Attends au moins de savoir ce qui s'est passé. La nuit porte conseil, alors repose toi et tu verras demain, lorsque l'on connaîtra la cause de l'incendie. Fis-je.

- Oui. ajoute alors Line. Viens finir ta nuit chez nous. Tu verras ce que tu feras demain.

Elle pris alors Mathéo par la main et nous sommes remontés dans la maison. Line a placé le clic-clac du salon en position lit et Mathéo s'y est couché. Emma et moi sommes retournées dans la chambre. Vous le devinerez, j'ai eu du mal à m'endormir, cette nuit là, mais je pense avoir finalement réussi car je me suis réveillée, le lendemain.

Le matin donc, j'ai trouvé Mathéo, Emma et Line dans la cuisine. J'ai fait connaissance avec Mathéo, en déjeunant. J'appris qu'il voyagait souvent, avec son père. Il avait déménagé de Belgique l'année précédente pour venir s'installer en France avec son père, à qui il était très attaché. Afin de lui changer les idées, Line nous fit faire des jeux de société, et Emma et moi apprimes à connaître Mathéo, qui se révéla être un garçon très gentil et à l'écoute des autres, malgré le fait que son coté mystérieux me fichait le frousse.

Line m'a alors informée que la police ignorait la cause de l'incendie. Mathéo déclara que l'incendie n'était pas un accident. Qu'il avait un rapport avec la disparition de son père. Je pense qu'il a raison. Un adolescent qui a les yeux rouges, qui pleure des braises, dont le père disparait juste avant un violent incendie dans son immeuble !? C'est forcément un coup monté...

Je ne fut cepandant pas d'accord avec Mathéo lorsqu'il déclara qu'il était trop dangereux pour nous qu'il reste dans la maison et qu'il partirait à la recherche de son père l'après-midi même. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris de dire ce que j'ai dit ensuite. Tout ce que je sais c'est qu'Emma m'a prise pour une folle. Mais trop tard pour faire demi-tour.

- Oui, Emma, toi, fait ce que tu veux, mais, malgré le fait que je ne connais Mathéo que depuis quelques heures, je partirai avec lui. C'est mon ami. Et quand un ami a besoin d'aide, je l'aide. Un point c'est tout.

Emma sourit. Elle lâche:

- T'est folle, Jean-Baptiste. Et c'est ce que j'aime chez toi. Bon, alors, par où on commence?

Esprits de la nature, Tome 1 : Les Flammes noires ( EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant