" Au pays des rêves "

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J'ai très vite compris pourquoi la forêt des rires portait ce nom : vers minuit, le bruit du vent dans les arbres m'a réveillée. Il produisait, vous l'aurez deviné, des sons qui ressemblaient à des rires. Mais, pas des rires joyeux... Oh, non... Les rires étaient des rires cruels et maléfiques. Le plus effrayant, c'était de se dire que nous étions dans une forêt, le domaine de la terre, de nos ennemis... Enfin, bref, cette nuit ne fut pas la meilleure de ma vie... Et quelque chose me disait que ce ne serait pas la dernière fois que je dormirais aussi mal... N'arrivant pas à me rendormir, je me levais discrètement et me rendis dans le salon. J'ai lu quelques minutes un des parchemins qui se trouvaient sur la table " les milles et une choses à faire dans la forêt des rires ", mais malgré le fait que le document soit ennuyeux à mourir, le sommeil ne vint pas à moi.

Je m'assis donc sur le balcon, observant les étoiles. Alors que mes yeux commençaient à se fermer doucement, je m'aperçus que l'une des étoiles n'étaient pas comme les autres. Elle brillait d'une lueur rouge-orange et bougeait en tout sens. Je pensais d'abord à un avion, mais un avion ne bougerait pas ainsi : l'étoile slalomait, montait et... descendait. Elle descendait vers moi ! Je reculais et entrais dans le salon jusqu'à être collée contre le mur. La chose continuait à venir vers moi. Au fur et à mesure qu'elle avançait, ses contours se précisaient. La chose était en fait un humain miniature qui volait en dégageant de la lumière. Mon cœur sauta un battement lorsqu'elle commença à parler :

- Arrête de reculer, voyons ! Je ne te veux aucun mal.

Elle avait une voix aiguë qui correspondait très bien avec sa minuscule taille.

Attirés par les bruits, Emma et Mathéo déboulèrent dans le salon. Ce fût à leur tour de crier lorsqu'ils virent la chose.

- Vous êtes... Une fée... murmura Mathéo.

- Oui.
- UNE FÉE ?!

- Oui. Je suis une fée. C'est la reine de l'air qui m'envoie. Mais vous feriez mieux de vous assoir car le récit va être long...

Une fois que nous fûmes tous assis, la " fée" - j'ai toujours du mal à y croire- continua :

- Je suis une chercheuse de dons. Chaque élément en possède une bonne dizaine. La reine recherche des personnes possédant le don de l'air et nous envoie les chercher. Cela fait quelques temps que je vous suis. J'ai attendu le bon moment pour te parler, Élise. Tu as le don de l'air.

Devant mon air éberlué, la fée continua :

- La reine m'a donc ordonné de venir vous chercher afin que ton don soit révélé, Élise. Et puis, ayant été présente lors de l'épisode du saule, bien que vous ne m'ayez pas vue, je crois que vous avez beaucoup de choses à lui raconter...

- Waouh...Mais... La reine... Vous êtes... Bégaya Emma

- Je suis une fée, oui. Je me nomme Astine. Ne prenez pas cet air surpris ! C'est un nom de fée, voilà tout.

- Mais... Depuis combien de temps vous nous suivez ? Comment ce fait-il que l'on ne vous ait pas vue ? Et...

- Depuis l'incendie. Et heureusement que vous ne m'avez pas vue ! C'est mon métier, d'être discrète. Maintenant, stop, avec vos questions. Je comprends totalement que vous soyez perdus mais ce n'est pas le moment. La reine nous attend.

- Où ça ? Demanda Mathéo.

- J'AI DIT PLUS DE QUESTION !
La fée compatit et ce radoucit, ajoutant :

- Au pays des rêves.

La fée se mit alors à tourner, tourner et re-tourner autour de nous. De plus en plus vite. Si vite que l'on ne la voyait même plus. Alors, nous nous mîmes à tourner avec elle. Tout disparut autour de nous. L'intérieur de la cabane laissa place à un endroit magique. Je crois que le mot idéal est féérique. Car des fées, ça, il y en avait. Certaines étaient petites, d'autres grandes. Certaines avaient des ailes turquoises, d'autres des ailes rouges, ou même vertes. Leur cheveux lisse étaient de couleurs surnaturelles, et multiples : roses et vertes, bleues rouges, violettes, jaunne, et même oranges ! C'est alors que je réalisai sur quoi mes pieds étaient posés : des nuages couleur barbapapa. Emerveillée, je vis que l'endroit où je me trouvais était un petit village posé sur les fameux nuages. Les maisons étaient de toutes les couleurs que l'on pouvait imaginer. Leurs toits verts, leurs cheminées fluorescentes, leurs façades à rayures... Ajoutez y un magnifique soleil levant, et il vous suffit d'imaginer le paradis.

- Bien, dépêchons nous, fit la fée.

- Nous sommes pressés ?

- Oui.

- Et... Pourquoi ?

- PLUS DE QUESTIONS !!!

Astine  nous entraina le long d'un chemin vert pomme. Autour de nous, les fées vaquaient à leurs occupations : certaines sortaient de commerces, un panier remplit d'achats à la main, d'autres assises sur un banc, surveillaient de jeunes enfants, qui, eux, jouaient au ballon, glissaient le long d'un tobogan, se poursuivaient dans les rues paisibles... Tout ce petit monde semblait vivre en parfaite harmonie. Chaque chose paraissait parfaitement à sa place, comme si ce petit monde était une exposition particulièrement minutieuse de  Playmobil. Emma avait du se faire la même remarque car elle se mit à fredonner le générique des bisounours, rendant Astine folle de rage. Nous marchâmes de longues minutes, jusqu'à apercevoir une colline - elle était violette, mais près tout ce que j'avais vécu, cela ne me surprenait même pas -. En haut de la colline, il y avant un magnifique et majestueux château. Il était rose, comme les nuages et blanc. Autour du château, il y avait trois petites maisons. L'une bleue, l'autre rouge et l'on pouvait deviner que la dernière était verte. Je dis bien " pouvait deviner ", car la maison était en ruines. On pouvait aussi deviner qu'elles étaient autrefois habitées par les anciens représentants des autres éléments de la nature. La fée nous emmena jusqu'au château. Son intérieur était vraiment magnifique : sur les murs étaient accrochés des tableaux des anciens rois et reines.

Astine nous emmena le long d'un couloir. Autour de nous, des tas de fées, sûrement domestiques ou personnages importants, vaquaient à leurs occupations. Astine devait avoir une place parmi eux car de temps à autre, une fée lançait un " bonjour, Astine ! Tu nous amène des futures fées, à ce que je vois ! " ou des " Salut, tu vas bien ? Oh, des futures fées ! Enchantée ! ".

Nous marchâmes longtemps, nous enfonçant dans les profondeurs du palais. Nous arrivâmes à une petite porte en bois.

- Vous vous préparez à entrer dans le salle du trône. dit Asine. Surtout, ne parlez que si vous y êtes invités et inclinez-vous devant ses majestés. Ils ont beau être très gentils, il ne vaut mieux pas les contrarier.

Astine toqua et poussa alors la lourde porte. J'avais beau avoir écouté les consignes d'Astine, je ne pûs m'empêcher de lâcher un timide :

- Waouh !

Esprits de la nature, Tome 1 : Les Flammes noires ( EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant