Au petit matin, lorsque j'ouvris les yeux, Mathéo et Emma dormaient toujours. La chambre était éclairée par la lumière du matin, c'est pourquoi je supposais qu'il devait être environ huit heures. Mes ailes me faisaient toujours souffrir. On aurait dit que l'on me plantait des aiguilles dans le dos. C'est alors que je me suis rappelée de ce qu'avait dit la reine, au sujet des changements physiques. Comme je me demandais si j'en avais subit, je me levais et me dirigeais vers un miroir.
Je surpris ma démarche à être étrangement silencieuse, et délicate. Arrivée devant le miroir, j'étouffais un cris de surprise. Mes cheveux, d'ordinaire touffus, étaient désormais lisses. Mais, le plus surprenant était la couleur d'une mèche de mes cheveux. Plus courte que les autres, elle se détachait toujours de ma queue de cheval. Cette mèche avait pris une couleur bleu turquoise. Pour finir, le gris de mes iris s'était teint d'une couleur plus bleutée.
Après m'être longuement observée sans trouver d'autres changements, je décidais de retourner dans mon lit. Je trouvais alors Emma, assise sur le sien. Ses mains étaient posées sur ses genoux, et elle y avait enfoui sa tête. Je m'installais à ses côtés, et lui pris la main. Elle releva des yeux embués de larmes vers moi.
- Qu'est-ce qui ne va pas ? Chuchotais-je pour ne pas réveiller Mathéo.
- Un peu tout... Enfin... Tu ne peux pas savoir à quel point j'étais inquiète pour toi. Et puis, une trop grande responsabilité pèse sur mes épaules. Le monde entier a besoin de nous. Tu imagines, un peu, si on échoue ? Et puis... Ta famille ne te manque pas ? Moi, je pense à eux à chaque instant. Et nos amis ? Ils ont surement passé la journée d'aujourd'hui au collège, avec les fausses "nous", sans le savoir. Rose, Anais, Léna, Jean, Martin... Tu ne penses pas à eux en permanence ?
- Si. Répondis-je. Mais... Il faut te dire que tu fais tout ça pour eux. On va y arriver.
Je ne savais pas vraiment, au fond, qui j'essayais de convaincre. Elle, ou moi ?
Alors, Emma se blottit contre moi, pleurant à chaudes larmes. Au bout de quelque minutes, elle finit par se rendormir. Attendrie, je la rallongeais dans le lit.
Après cet évènement, je me redressais et me dirigeais vers l'étagère pleine de livres. Alors que j'allais en prendre un, j'aperçus un ordinateur-tablette. Il était étiqueté Astine, c'est pourquoi je supposais qu'elle l'avais passé à mes amis pour qu'ils puissent faire des recherches. Je le prenais donc, et m'assis en tailleur sur le lit, en déposant l'ordinateur sur mes genoux.
Si mes ailes affaiblies devaient m'empêcher de commencer mon entrainement au vol, je devrais m'adapter. Hors de question de se morfondre en attendant que ça passe. Non, je voulais être efficace. C'est donc encouragée par ces pensées que je commençais mes recherches.
Je commençais par taper dans la barre de recherche " incendie mystérieux ", accompagné du nom de l'immeuble. Des tas de liens s'offrirent alors à moi. Je choisis d'en ouvrir un qui s'intitulait " incendie de l'immeuble Marcel Pagnol, hasard ou complot ? ". Il m'amena sur une page ou il était écrit :
Le 2 juin 2023, un incendie mystérieux a frappé l'immeuble Marcel Pagnol, dans une résidence de Marseille. Les autorités nous affirment qu'il a été dû à un incident ménager ordinaire, mais de nombreuses personnes doutent néanmoins. Un couple, habitant l'immeuble, qui fait partie de ses personnes, relatent ci-dessous un évènement précédant le feu:
"Quelques jours avant l'incendie, vers 10 heures, nous dit la femme, mon mari a vu des hommes pénétrer dans l'immeuble. Ils avaient recouvert chaque parties de leur corps par des vêtements noirs, mais mon mari aperçut, trainant derrière l'un d'eux, de longs filaments qui ressemblaient à des racines. Ils ont appelé l'ascenseur, et, avant que Stéphane n'ait eu le temps de les interpeller, ils sont monté au troisième étage. Le soir, vers 16h30, je vis un jeune de douze ans. C'était un habitant du troisième étage. Il me demanda si j'avais vu son père. Ce n'était pas le cas. Son père avait bien disparu, et ni moi, ni le jeune homme ne le revîmes. Après l'incendie, mon mari et moi avons cherché l'enfant partout. Il n'avait également laissé aucune trace."
Après quelques recherches auprès du voisinage, nous obtînmes des informations sur le père, Laurent, ainsi que sur le fils : Tout deux avaient aménagé dans l'appartement deux ans auparavant. Le père était très sympathique, tout du moins lorsque l'on parvenait à lui parler. En effet, pour une raison qui est inconnue des voisins, il se montrait très fuyant. Jamais ni lui ni son fils ne ramenaient d'invités chez eux. Ils refusaient chaque fête, chaque invitation de la part du voisinage.
"Nous savions qu'il arriverait quelque chose ! Oh que oui, nous le savions ! S'exclame Cunégonde, leur voisine du dessus. Je n'ai jamais aimé ces jeunes, jamais ! De mon temps, les enlèvements comme celui-ci, ça se réglait aussitôt ! La police, c'est plus ce que c'était !"
Revenons-en à notre incendie. Stéphane souhaite faire le lien entre les deux évènements:
"Il me parait improbable que l'enlèvement et le feu soient une pure coïncidence : Mathéo et son père étaient si mystérieux... L'enlèvement de l'un, l'incendie de leur immeuble, puis la disparition de l'autre. C'est un complot ! A moins que ce soit le père ou le fils qui ait fait brûler l'immeuble ? "
Lecteurs et lectrices, vous l'aurez compris, l'affaire ne peut pas se résoudre... Nous vous invitons donc à suivre les numéros suivants, à bientôt !
Merci aux habitants de l'immeuble Marcel Pagnol pour leurs interviews passionnantes.
- Waouh... murmura une voix à mes côtés, me faisant sursauter. Alors, quand il faut donner le plus d'infos inutiles, ils donnent le plus d'infos inutiles !
Je me tournais et trouvais le visage serein de Mathéo. Je devais l'avoir réveillé, avec tout mon raffut. Je lui fis signe de chuchoter, pour ne pas réveiller Emma, et nous continuâmes à parler.
- Tu avais déjà lu ce journal ? Lui demandais-je.
- Pas celui là, mais de toute façon, ils donnent tous les mêmes informations, qui sont inutiles, en plus.
Il baissa la tête., désespéré.
- Mathéo ?
- Oui ?
- On va le retrouver, ton père. Mieux. On va tous les sauver.
- Tu crois ?
- Non, j'en suis sure.
Et, je ne disais pas cela pour essayer de m'en convaincre. Je me surpris à le penser réellement.
- Comment peux-tu en être aussi convaincue ? me demanda-t-il.
- Honnêtement, je ne sais pas. Je sais juste qu'on va y arriver.
...Très vite, une routine quotidienne s'installa : Chaque matin, je me levais, désespérée, convaincue que nous n'avancerions en rien durant la journée. Puis, nous nous remotivions entre amis, essayant, même si nous n'y arrivions jamais vraiment, de nous convaincre que tout irait bien. Après ça, nous commencions nos recherches. On y passait toute la matinée, puis nous mangions, souvent en compagnie d'Astine. Un après midi sur deux, le médecin venait voir l'évolution de mes ailes. Nous nous lavions ensuite tour à tour, pendant que les deux autres discutaient ou, s'ils avaient encore un semblant de patience, continuaient les recherches. Le soir, nous nous couchions sans un mot, désemparés et persuadés que nous n'avancerions jamais, et que je ne guérirai pas.
...
Pour la troisième fois en six jours, le médecin pénétra dans la pièce. Pour la troisième fois en six jours, il décréta que mes ailes ne guérissaient pas. Pour la troisième fois en six jours, il rallongea mon arrêt d'un jour.
...
Le soir du septième jour, je m'allongeais, désespérée, dans mon lit. Comme les sept dernières fois, Emma me convainc que le lendemain, je pourrais aller m'entraîner au vol. Comme les sept dernières fois, Mathéo lança, pour m'amuser, Chevrou sur Emma. Comme les sept dernières fois, Emma lança Chevrou sur l'étagère qui, comme toujours, se renversa. Encore une fois, je me levais en riant et rendais la peluche à Mathéo.
Comme les sept dernières fois, nous nous endormîmes, incertains quant au lendemain.
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Esprits de la nature, Tome 1 : Les Flammes noires ( EN PAUSE)
ParanormalEn pleine soirée pyjama, l'immeuble de la maison d'en face se mit à brûler. Un jeune homme, en larmes, devant. Il avait perdu son père, nous a-t-il dit. Celui-ci avait disparu peu avant l'incendie. Plongez vous dans un monde où les esprits de la n...