Après la déclaration de la reine, nous nous dirigeâmes à nouveau dans les longs corridors du vaste palais. Mais cette fois, je n'avais pas le cœur à regarder autour de moi ou à compter des marches. J'étais inquiète. Comment allait se passer le don de pouvoir ? Etait-ce douloureux ? Allais-je avoir des changements physiques, comme la couleur de mes yeux ? Après cela, pourrai-je retourner vivre chez ma famille ? Pire : était-ce d'ailleurs ma réelle famille ?
J'essayais de ne pas me faire de cheveux blancs, mais c'était plus fort que moi : ma famille me manquait, mais eux ne savaient pas ce qui m'arrivait. Ils ne savaient rien, en fait. Rien sur les esprits de la nature, sur Mathéo, son père, la prophétie et ce petit village. Ils en savaient aussi peu que moi, il y a quelques jours de cela. Pire, ils me croyaient encore à leurs côtés, alors que tout ce qu'il y avait, c'était des flammes dépourvues de sentiments ! Ma vie était en train de changer, et ils n'en savaient rien !
Devinant mon inquiétude, Mathéo me dit:
– Tu sais, une révélation, ce n'est pas si douloureux. C'est difficile à expliquer, car la sensation est très étrange. De nouvelles facultés m'apparaissaient soudainement, je contrôlais quelque chose de nouveau, ce qui était assez inquiétant. Je sentais des petits pincements dans mes mains, et la tête me tournait. Mais rien d'affreux... Enfin... bon, j'ai ressenti un peu de fatigue pendant un certain temps, et tremblais un peu durant la transformation. Ah... et j'ai fait un malaise... Hum, bon, bref, c'est... pas très douloureux... ?
Si son but était de me rassurer, c'était de loin raté. Et son hésitante dernière phrase n'était pas vraiment convaincante.
Le trajet fut plus court, cette fois-ci. Devant la porte de la salle étaient placés deux gardes. Ils devaient prendre leur travail très au sérieux, car ils demandèrent un mot de passe à la reine. Après qu'elle le leur ait donné, nous pénétrâmes dans la pièce.
J'avais imaginé une salle poussiéreuse, sombre, et effrayante, et ce fut le cas. Le sol était humide, et la salle entièrement vide, hormis un lit, quelques machines à côté, et des chaises.
– Ils exagèrent, me murmura Emma. Ils auraient pu avoir une salle plus élaborée, pour une révélation de pouvoir, c'est important, après tout ! Tu ne trouves pas ?
- Bien. Asseyez-vous, les enfants, fit la reine, sans me laisser le temps de répondre. Avant la révélation des pouvoirs, il faut que tu saches en quoi consiste le fait d'être un fée, Élise.
Elle plaça trois tabourets en face d'une chaise sur laquelle elle s'installa, et nous fîmes de même.
- Bien. Habituellement, lors d'une transformation féérique, la couleur des yeux est modifiée, et il apparait chez la personne une douceur et une délicatesse nouvelle. Evidemment, le principal changement restera l'apparition des ailes. Pour les fées qui naissent ici, elle se déroule à sept ans environ, ce qui fait qu'avant cet age, les enfants sont dans l'incapacité de voler. Bien évidement, ne t'imagine pas, Elise, que tu pourras décoller directement, en un claquement de doigts. Il va te falloir du temps et de l'entrainement avant d'y arriver, c'est pourquoi il faudrait que vous restiez ici le temps que tu apprennes. Je tiens aussi à préciser que toute fée a sa place dans le village. Je pense que tu sais désormais tout ce qu'il faut afin de passer à ta transformation. Tu en apprendras bien évidement plus au cours des prochains jours. Maintenant, allonge-toi sur ce lit, là bas.
Elle me montrait du doigt le petit lit dans l'ombre, relié aux machines. J'obéis donc, et lorsque je fus installée, la reine commença doucement à me passer des fils autour du corps. Je me laissais faire, sans rien dire.
Je me préparais à vivre la plus grosse transformation de ma vie. J'essayais de ne pas me dire que cela pouvais mal tourner, mais c'était plus fort que moi...
Afin de ne pas paniquer de nouveau, j'essayais de me concentrer sur les fils que la reine continuait à placer autour de tout mon corps.
Au bout d'un des fils, il y avait une aiguille, qu'elle me planta dans le poignet. Je serrai les dents pour ne pas crier. Lorsqu'elle eut terminé, elle s'assit près de moi.
- J'ai peur. murmurai-je faiblement.
- Je te prendrai pour une imbécile, si tu n'avais pas peur, Elise. Mais tout ira bien, me glissa Mathéo.
- Nous sommes là, ajouta Emma.
Je sentis qu'elle me prenait la main. Elle la serra très fort, et j'aperçus une larme au coin de ses yeux. Elle était inquiète, mais je ne la décevrai pas. Je le faisais pour elle... Pour Mathéo, mes parents, et même pour ma petite sœur. Pour ses enfants, qui méritent une vie heureuse. Pour tous ses gens, qu'ils se doutent de quelque chose ou pas. Je n'allais pas les abonner.
Alors, j'ai pris une grande inspiration, et mon courage à deux mains, et déclarai, d'une voix terrorisée :
– Vous pouvez y aller.
La reine appuya alors sur l'un des boutons. Il laissa échapper un " pip ", et de l'énergie arriva dans les fils, les tintant d'une couleur dorée.
Je fermais les yeux, me préparant à la douleur.Je sentis un liquide s'infiltrer dans mon poignet, par l'aiguille. Il remplit mes vaisseaux sanguis, laissant derrière lui d'affreux picotements. Il passa dans chaque partie de mon corps, amenant en moi une atroce douleur, et finit par arriver à mon cœur. J'avais mal, comme si on me plantait des aiguilles dans chaque parties de ma peau, mais ne criais pas. Des acouphènes me détruisaient les oreilles, et ma respiration s'acceléra. Malgré l'atroce douleur, je sentais que mes yeux se fermaient. Était-ce le liquide qui m'endormait doucement ? Ou bien, peut-être que je m'évanouissais, à cause de la douleur? À demi endormie et souffrante, je me sentis décoller dans les airs, tout doucement. Je croisais, à travers mes yeux brouillés, le regard terrifié d'Emma et celui de Mathéo. Je continuais mon ascension, jusqu'à arriver à mi-chemin entre le plafond et le sol. Autour de moi, une bulle de couleur argentée se forma. Elle fut remplie par la voix puissante de la reine.
- Élise Sarah Eston, je te révèle ton pouvoir, moi, la reine de l'élément air.
Le son résonna dans la bulle, m'assourdissant.J'eus à peine le temps d'entendre la fin de sa phrase, assommée par le produit. Autour de moi, la bulle d'énergie éclata. Ma lévitation cessa, et je tombais, évanouie, sur le lit.
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Esprits de la nature, Tome 1 : Les Flammes noires ( EN PAUSE)
ParanormalEn pleine soirée pyjama, l'immeuble de la maison d'en face se mit à brûler. Un jeune homme, en larmes, devant. Il avait perdu son père, nous a-t-il dit. Celui-ci avait disparu peu avant l'incendie. Plongez vous dans un monde où les esprits de la n...