{8} Une mise au point

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J'étais revenue.

Revenue sur mes pas malgré l'état de choc dans lequel je me trouvais. Comme un véritable zombie j'avais arpenté les couloirs qui me séparaient de la salle de sport, j'avais ouvert les battants, puis continué ma série après avoir sorti une explication bancale et floue aux deux entraîneurs.
J'avais bien remarqué que Rafael Nadal n'était pas dupe et qu'il me demanderait sûrement plus d'explications une fois seuls, mais que pouvais-je bien lui répondre ?

Je me suis mise à pleurer, je suis sortie pour prendre l'air pour me laisser reprendre mes esprits. Puis, Alexander Zverev, le joueur de ton pote entraîneur (qui soit dit en passant est un sugar daddy), m'a suivi dans le couloir et on a presque faillit... Presque...

Non. C'était impossible, je ne pouvait pas sortir ça de ma bouche devant lui. Même moi, je n'arrivais pas à éclaircir les points les plus importants de cet instant. À vrai dire je ne le voulais pas. Et ça m'était totalement invraisemblable, ce qui s'était passé ne pouvait pas être vrai.

J'étais alors vite repartie dans ma chambre après que Nadal m'eût rappelé mon heure de passage pour mon match de demain, 14h30. J'aurais en tout et pour tout une heure devant moi pour manger un morceau. Par la suite, j'irais tout droit à la salle de massages, puis encore quelques exercices et pour finir le match.

Je n'étais pas angoissée le moins du monde car mes pensées partaient beaucoup plus loin que dans ce simple court, elles allaient tout droit vers lui.

Je rentrais avec léthargie dans ma chambre, mon déjeuner allait m'être apporté (maintenant que Rafa n'a plus trop confiance en moi en ce qui concerne la bouffe), j'aurais donc tout le temps pour me reposer et essayer de me changer les idées.

Dès que je vis mon lit, je courus jusqu'à lui et m'y affalait avidement. Si l'on m'aurait demandé ce que je souhaitais le plus en ce moment, j'aurais immanquablement répondu dormir. Mais mon esprit était en ébullition. Je retournais en boucle et en boucle ce qu'il venait de se passer malgré moi :
Comment il m'avait demandé comment ça allait, comment son corps s'était rapproché du mien et m'avait quasiment frôlé, comment il avait soufflé à mon oreille, et comment son regard s'était porté sur mes lèvres.

Une partie de mon cerveau, plus rationnelle, me disait que je ne devais pas croire en ce qui s'était passé et qu'il ne s'agissait en fin de compte que de la continuation de sa vengeance après que je lui eu posé une question si personnelle.
De toute façon, il ne m'avait même pas adressé le moindre regard durant la réception et ce matin au court ça avait été la même chose. Non, décidément il fallait que je me sorte cette histoire de ma tête.

T'as un match demain bon sang ! En ce moment tu devrais être putain de stressée et ne pas arrêté de penser à ta balle et à ta raquette ! T'es pas dans une comédie romantique avec les oiseaux qui chantent et l'air qui sent la violette ! Tu es à Paris et tu vas jouer le match qui va déterminer ta vie de merde ! C'est beaucoup plus important que ce qui allait se passer.

Mais soit mon cerveau était complètement rouillé (ce qui devait être le cas), soit la petite voix dans ma tête n'en n'était pas vraiment une, car je ne pouvais passer à autre chose.
J'en fus là de mes pensées quand tout d'un coup j'entendis le bruit libérateur.

Toc toc toc.

Le déjeuner !

Je me relevais instantanément prête à accueillir à bras ouverts ce qui s'offrait à moi. Je me dépêchais d'ouvrir la porte.

Un jeune homme au sourire agréable apparut alors dans mon champ de vision,

- Bonjour mademoiselle. Excusez-moi de vous déranger mais l'on m'a expressément mandé afin de vous servir le déjeuner.

Zverev : Deux âmes confonduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant