{10} Une grande discussion

113 11 0
                                    

Ça faisait deux jours que je ne l'avais plus revu une seule fois. Deux jours que mon cerveau c'était mis en mode combattante et avait remporté un second match. Deux jours que je me sentais étrangement vide sans pourvoir me l'expliquer.

Je rangeais en vitesse mes raquettes dans mon sac de sport. J'avais encore succombé au charme de ces petits entraînements que l'on s'organisait Stefanos, Daniil, et Andrey. Point positif, je commençais sérieusement à me faire apprécier d'eux. Point négatif, l'allemand n'était jamais là.
Chaque nuit, je me faisait le même scénario dans me tête, je me retrouvais seule avec lui et on s'expliquait sur tout ce qui s'était passé ; le "presque baiser", l'attitude froide qu'il a en me voyant, l'explication bancale qu'il m'avait donné dans les toilettes. Mais, malgré mes phrases toutes prêtes que je me gardait dans un coin de ma tête, je ne pouvais pas avoir de discussion.
Je savais que l'allemand jouait aujourd'hui mais je n'osais débarquer en fin de match et demander que l'on s'explique. Car... Même si cela me paraissait improbable, je ne cessais de penser à ce qu'avait dit le joueur : Je n'ai pas le droit de m'approcher de toi, de te parler, de t'écouter comme pourrait le faire un ami ou même une simple connaissance.

Et ça me torturait.

Lorsque je pensais à Alexander Zverev, je l'imaginais imbattable, confiant, sûr de lui, et c'était sûrement la raison pour laquelle je ne pouvais imaginer qu'une telle possibilité existe.

Il ne voulait tout simplement pas me dire la vérité. C'est plus facile de raconter des mensonges que la vérité...

Je préférais m'arrêter à cette idée plutôt que d'aller inventer et chercher plus loin des choses qui m'auraient sûrement moins plu.

Je passais mon sac de sport sur une de mes épaules et m'exclamais à l'attention de mes coéquipiers qui faisaient de même,

- Bon bah merci encore les gars. On se refait ça quand vous voulez.

- Je suis toujours partant pour la baston moi, donc je serais là aussi. S'exclamais Daniil Medvedev qui me donna à l'instant une petite tape aux omoplates avant de partir.

- Moi les gars je sais pas si je pourrais... Mes matchs individuels et par deux ne finissent pas. Nous informais à son tour Andrey Rublev, quelque peu désolé.

Je souris et lui répondais,

- Ne t'inquiète pas c'est pas grave. Au pire si vous êtes d'accord on se refera ça dans un autre tournoi non ?

Les tennismen hochèrent tous la tête, cette idée paraissait leur plaire et j'en étais bien ravie. Je pouvais d'ores et déjà considérer que je n'étais plus seule, que j'avais quelques connaissances dans ces compétitions et qu'il ne s'agissait pas des moindres. À cette perspective, j'avais envie de crier de joie, de me montrer beaucoup plus expressive, mais je me gardais bien de le faire, ils m'auraient trouvé vraiment timbrée c'est sûr.

On se fit la bise et chacun ne tarda pas à partir de son côté. Aujourd'hui allait être une journée assez reposante pour moi, Rafa m'avait demandé de venir faire mon entraînement du matin comme chaque jour, puis, il m'avait conseillé de me reposer car le lendemain j'avais match en night session pour espérer atteindre les demi-finales.

Les demi-finales les gars!!!

Tandis que mes jambes me traînaient en direction de mon hôtel, j'eus tout le loisir de laisser mon cerveau réfléchir et penser à ce que je venais de réaliser.
Et... J'étais... J'étais fière de moi.
Avec étonnement, je sentis mes lèvres se tendre d'un long sourire. Je venais d'accomplir quelque chose qui m'avait toujours été cher. Quelque chose que j'avais toujours désiré.
Et tout ce travail, je ne me le devais qu'à moi même ( même si Nadal bien entendu y était pour beaucoup dans tout ce changement et je lui en serais entièrement reconnaissante).
Je me revoyais quelques mois plus tôt, à la limite d'une dépression nerveuse, au plus bas et délaissée par mes amis. Et dorénavant, j'étais rentrée dans un cercle restreint où toutes les célébrités que je suivais quelques mois avant étaient maintenant de réelles connaissances.

Zverev : Deux âmes confonduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant