Prologue

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Watson se désespérait au plus profond de lui même. Il n'avait pas réussi à sauver le jeune garçon. En face de lui, sur le lit richement paré, gisait le corps du pauvre garçon que la maladie avait emporté.

- Il n'y a plus rien à faire. souffla le docteur aux parents qui attendaient sur le seuil de la chambre. Je suis désolé.

La mère poussa un hurlement de tristesse et se précipita vers son fils. Elle se mit à sangloter et à se désespérer sur son sort. Le père, plus maître de ses émotions, s'approcha du docteur.

- Vous avez fait tout ce que vous avez pu. Voici votre argent.

Il lui tendit l'argent qu'il lui devait, et que Watson accepta malgré lui. Quelques instants plus tard, il commençait à rentrer au 221B Baker Street. Il héla un cab et lui indiqua son adresse. Tout au long du chemin, il ne cessa de se morfondre. La pluie semblait ébranler la capitale de l'Angleterre et le cœur du docteur Watson.

Arrivé au 221B, il paya le chauffeur et entra dans l'appartement qu'il occupait avec Sherlock Holmes. Ce dernier n'était pas présent, et les cendres froides indiquaient qu'il n'était pas là depuis un certain moment. La solitude et le froid pesaient sur l'appartement vide.

Le docteur s'assit sur son fauteuil et laissa libre cours à ses pensées. Après quelques minutes passées dans le froid, il entendit la porte d'entrée s'ouvrir. Un Sherlock Holmes tout excité traversa la pièce. Le détective se précipita vers ses expériences et se mit aussitôt au travail.

- Bonjour Holmes. fit le docteur en se saisissant du journal posé à ses côtés.

Le détective ne répondit pas, trop occupé pour écouter son ami. Les nerfs mis à bouts par sa rude journée, le fait que le détective l'ignore fut plus une source de colère que de tristesse pour le docteur.

- Watson, dit soudain le détective, je crois que je tient une très grande découverte qui pourrait révolutionner le monde.

- Uhm. fit le docteur d'un ton désintéressé.

Le grand détective leva les yeux de son expérience et fixa son ami, qui continuait de lire son journal d'un air indifférent.

- Cela ne vous intéresse pas Watson ? demanda le détective.

- Non, pas vraiment. répondit le docteur en continuant de lire.

Sherlock sembla grandement désemparé, puis il se reprit et continua son expérience. Lorsqu'il finit de lire le journal, Watson se leva et se dirigea vers sa chambre. Plongé dans ses pensées, il ne vit pas la ficelle qui trainait au sol et marcha dessus. Aussitôt, quelques objets de l'expérience du détective tombèrent au sol et se brisèrent dans un bruits sourd.

- WATSON ! rugit Holmes.

- Excusez-moi... je ne l'ai pas fait exprès... je... bredouilla le pauvre médecin.

- Décidément ! Vous êtes très maladroit ! Il faut que je recommence tout!

- J'en suis navré Sherlock...

- Partez! Et cessez de me déranger ! Vous êtes incompétent et inutile !

Ses paroles firent l'effet d'un coup de poignard dans le cœur du pauvre Watson. Incompétent ? Inutile ? Le docteur baissa la tête et sortit. Il s'allongea sur son lit et fixa le plafond gris et terne d'un regard blasé.

Comment ai-je pu croire une seule seconde que j'étais son ami? se lamentait Watson sur son lit. Je n'ai toujours été qu'un colocataire dérangeant. Et voilà qu'il me le rappelle de la pire façon qu'il soit.

Devant son expérience, le détective bouillonnait de colère. Il n'avait pas vu la mine défaite du docteur, et n'avait aucune idée des sombres pensées qui fusaient dans le cerveau vif de Watson. Pour le grand détective, le docteur était simplement jaloux, et avait marché sur la ficelle exprès.

Dehors, un orage éclata. La pluie martelait les pavées et les carreaux des fenêtres. Et dans sa chambre, le docteur Watson se sentait affreusement seul et coupable.

Quand dépression rime avec WatsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant