Chapitre 2

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Je mis mon sac sur mes épaules, je me retournai et me regardai dans la glace, ce regard que je connaissais pas coeur me paraissais tout à coup étranger et pourtant c'était moi Flore Hortus.

Non!
Malheureusement, non, je n'étais plus celle que j'étais, l'adolescente, naïve, âgée de 16 ans n'existait plus, perdue, disparue, morte dans le décor morne et triste de notre pauvre pays ravagé par le désespoir, la pauvreté, la guerre.

Celle que je voyais  portait le nom de Dayana Silva, elle m'était inconnue et pourtant j'allais apprendre à la connaître, me ressemblait-elle?

Sans doute, physiquement, oui, les mêmes cheveux bruns clairs, les mêmes yeux, couleur or, les mêmes joues rosies par le vent glacial qui soufflait dans les rues sombres et étroites de notre pays que je ne reconnaissais plus, qui n'était  plus le même depuis six mois, sali par la mort de plusieurs personnes dont il était responsable.

Mais qu'allais -je devenir dans cette ville que je ne connaissais plus, je ne me connaissais même pas moi même!

« Dayana »

« Dayana Silva »

Qui étais -je donc vraiment?
Je ne pourrai survivre si je ne savais répondre à cette question.

Qui suis-je?

Commençons par les certitudes, j'étais  une fille de 16 ans qui partait pour un monde inconnu, dont l'avenir était  incertain et dont le seul objectif était  de survivre à cette guerre qui faisait rage, qui détruisait  son enfance, ses souvenirs, sa vie.

Le sentiment que j'éprouvai en l'instant même était  indéfinissable.
Si je devais lui trouver un nom je l'appellerai la vrai peur, pas celle qu'on ressentait à l'idée d'avoir une mauvaise note, ni celle quand on apercevait une araignée, non, celle qu'on ressentait quand on avait l'impression que la mort n'était pas loin, qu'elle pouvait  à tout moment nous frôler, nous toucher, nous attraper.
C'est la peur qu'on ressentait  quand notre passé nous paraissait  loin, quand on l'oubliait.
C'est la peur qu'on ressentait quand on faisait un pas vers le futur, vers une autre vie, vers un univers dénués de repères.
C'est la peur qu'on ressentait  quand on oubliait même notre identité, quand on en venait à se poser l'angoissante question

« Qui suis-je?».

Bref, c'était un sentiment que l'on éprouvait pas et que l'on éprouvera jamais si notre vie était  banal, c'était  un sentiment qui, malheureusement, de nos jours, risquait d'être récurrent.

Tout ça pour quoi, à cause d'un monarque assoiffé de pouvoir, de richesse, de sang, à cause d'une guerre responsable de la pauvreté, de la faim et de la mort, à cause d'une idée totalement abominable, dénuée sens, qui n'avait que pour but de tué, torturé, violé.

Mais qu'était  donc devenu notre monde,
un visage sans doute, celui de la faucheuse à la robe noire, celui de la mort au voile sombre.

L'horloge sonna, il était minuit, il était temps que je parte, je fermai la porte de la maison, la porte de mon enfance, de mon ancienne vie.
Je fis un pas vers la rue, vers le future.
Une légère et froide brise emmêla mes cheveux.
Il était temps de répondre à la question que je redoutai tant:

Je suis Dayana Silva.

La révolte du soleil Où les histoires vivent. Découvrez maintenant