Chap 1 : In the darkness

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Un coup de feu venait de déchirer le ciel avec brutalité, faisant sursauter tout homme situé dans la pièce, dans un même mouvement accordé. Les regards se mirent à chercher l'origine du bruit, l'air vif et paniqué. Mes yeux croisèrent celui d'enfants qui se blottissaient dans les bras de leur mère, cherchant une source de soulagement. Mais tous, nous savions que rien n'était soulageant dans ce bruit sourd.

Un corps tomba à mes pieds, lourdement. Des cris fracassèrent le silence jusque-là pesant.
Hommes et femmes se bousculèrent les uns contre les autres, cherchant ces fameuses lumières vertes indiquant les sorties de secours.

Moi, je ne voyais plus rien, plus rien que le sang qui venait s'accrocher à mes chaussures neuves de quelques jours. Il tâchait mes pieds et mes chevilles, m'empêchant alors de bouger. Ma vue se troubla lentement. J'eus seulement le temps d'apercevoir le visage déformé du cadavre devant moi avant que brutalement mon ventre ne se retourne, ne gronde, ne sursaute. En un minimum de secondes, il se vida sur le macchabé qui ne cessait de me faire face.

Je me mis à réagir lorsqu'un deuxième, puis un troisième coup de feu résonna dans ce lieu devenu si inquiétant. Je ne contrôlais plus rien, mon corps retrouvant un instinct sauvage que j'avais longtemps renfermé dans mes entrailles.

Je ne contrôlais plus rien, je subissais.

Les couloirs étaient étroits et sombres. Personne ne savait où aller, mais on avançait, comme des bêtes, dans ce long couloir sans fin.

Des flashs. Des bruits. Des cris. Des sanglots. Des corps qui s'écroulaient. Des cris. Encore et encore. La survie n'était plus un jeu, mais un besoin immédiat. La mort était juste derrière nous, frôlant notre peau sans effroi, sans pitié. Elle ouvrait ses portes, nous attirait de plus en plus dans ses enfers et la lutte était de plus en plus dure.

L'air froid de Los Angeles me sauta au visage si sauvagement que j'en eu du mal à respirer. Mon cœur tambourinait dans tout mon corps, faisant vibrer mes pas suffisamment rapidement pour me pousser loin de toute cette scène qui ne faisait que d'empirer derrière mon dos. Je courrais à en perdre haleine, sans oser me retourner. Je n'avais plus le choix, la mort me rattrapait, je l'entendais, hurler sa symphonie macabre, harmonisée par les balles des armes à feu. Je l'entendais me siffler dans les oreilles son chœur de pleurs et de cris.
Et je fuyais.
Je fuyais pour la liberté.
Pour la vie.

Mon front vint taper le sol froid des pavés, faisant couler quelques gouttes rougeâtre de mon arcade. Une douleur prit possession de mon crâne si violemment qu'il fut compliqué de ne pas sombrer dans un malaise incontrôlable. Mon regard chercha, malheureusement, ce qui m'avait fait tomber aussi brutalement sur ce sol, déjà salis par une dizaine de morts.
Un autre cadavre coincé entre mes jambes. Son visage était devenu éternel, dans la peur, la bouche entrouverte et les yeux encore ouverts d'effroi. Du sang salissait son front, s'écoulant le long de son nez et de sa joue, lentement, cruellement. Quelque chose clochait dans ses yeux vides, dans la forme de ses lèvres et dans son cou anormalement enflé. Il semblait presque transformé.
Ses yeux me fixaient et je ne pouvais me détacher de son identité. Je le connaissais. J'avais déjà travaillé avec lui. Ma main trembla au-dessus de son corps, à la recherche d'une quelconque magie qui puisse me donner le pouvoir de lui rendre la vie. Mon ventre se tordit de nouveau, mon cœur s'arracha de ma poitrine. Mais aucune magie. Aucune vie. Que la Mort.

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