Chap 6 : New Life

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Si Charlie s'était démenée pour traverser l'aile qui lui était interdite, elle n'avait pour autant aucune connaissance du lieu. Cette nuit-là, elle avait seulement foncé tête baissée, courant à travers les couloirs et les bureaux, cherchant uniquement à accéder à cette information pour laquelle elle était prête à risquer sa vie.

Découvrant le pavillon H pour la première fois - de manière légale - , la rousse avançait dans les couloirs, le nez en l'air. Ses yeux scrutaient chaque détail, s'imprégnant des noms gravés sur les portes, notant l'installation de certains bureaux et calculant le nombre de fois où il fallait badger pour passer d'un endroit à un autre. La plupart des administrateurs la regardaient de la tête aux pieds à son passage. Elle les voyait, assis à leur chaise, leur nez de fouine pointé vers sa silhouette, incapable de se concentrer sur leur tâche habituelle. Ils se détournaient d'elle uniquement lorsqu'elle osait leur renvoyer leur coup d'œil, faisant mine d'être occupés et désintéressés. Elle, ça l'amusait, la faisait sourire en coin. Ils étaient ridicules, comme elle se les était imaginé.


L'homme devant elle badgea pour ouvrir l'immense porte blindée qui leur faisait front. La sonnerie qui résonna dans le couloir, les avertissant qu'ils pouvaient entrer, la fit légèrement réagir. Son cœur se mit à battre de manière irrégulière, laissant le poison de la peur s'immiscer dans ses veines. Cette fois, il n'y avait vraiment plus de retour en arrière.


Une petite femme d'à peine un mètre cinquante, cachée derrière un immense comptoir métallique, lui fit face. Elle salua les deux visiteurs d'un hochement de tête et chercha derrière son écran d'ordinateur une petite pochette de papier. Après avoir vérifié quelques informations derrière ses lunettes elle demanda au premier gardien qui accompagnait Charlie de les laisser seules. Il s'exécuta et partit sans un mot ni un regard pour la rousse.


- Matricule 843512. Charlie Stone. 1m70. Taille 34. 38 en pointure. Je pense qu'on a tout ce qu'il nous faut....


Sans demander son reste à la jeune gardienne, la vieille femme se rendit dans une pièce à l'arrière et revint quelques minutes plus tard avec une énorme caisse, qu'elle posa devant la borne d'accueil, sur le sol. Elle posa sa pochette de papier sur le comptoir et se concentra pleinement dans l'ouverture de la boite, sortant les bouts de tissu un à un. Charlie tendit les bras et récupéra son nouvel uniforme, dont les couleurs changeaient.  Il lui serait difficile à présent de se faire discrète en arborant les vêtements noirs, symbole de la Garde Extérieure. 


Les vêtements volaient un à un, rejoignant les bras de la gardienne. Il y en avait de toute sorte, certains fait pour être camouflé, d'autres pour tenir dans des conditions météorologiques extrêmes. Plusieurs gilets par balle jonchèrent la pile de plus en plus impressionnante et à cette vision ses bras s'affaissèrent, faisant tomber quelques tee-shirts. S'excusant avec maladresse, elle les ramassa du bout des doigts et chercha la nouvelle valise qu'on venait de lui attribuer.  

La vieille dame l'aide à ranger les tissus. Les rides autour de ses yeux semblèrent davantage marqués, alors qu'elle contemplait la rousse ordonner ses uniformes. Des gardiens, elle en avait vu venir, presque autant que des malles qui revenaient, sans propriétaire. C'était devenu une routine désastreuse pour elle.  Les hommes n'étaient plus que des matricules et elle avait appris à traiter sa tâche sans émotion. Pour autant, à la vue de Charlie, quelque chose résonna. C'était infime, à peine perceptible, mais c'était-là. La gardienne avait cette lueur bien particulière dans le regard qui lui rappelait celle de sa défunte enfant. Et lui donner le matériel qui la condamnait à une mort certaine lui déchirait le cœur. 

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