Ça faisait trois heures que j'étais rentrée chez moi, les yeux rougis par les larmes. J'avais à peine dépassé le seuil de mon appartement, que je m'étais écroulée à genoux sur le sol, le visage entre mes mains. Il m'avait fallu un effort surhumain pour me rendre à la salle de bain pour prendre mes pilules. Même si je voulais voir la tête de Franck au bout d'une pique, je ne pouvais pas prendre le risque de blesser qui que ce soit.
Voilà de longues heures que j'étais avachie dans mon canapé à regarder Titanic pour la 314e fois, avec un pot de glace à la pistache que je martyrisais depuis une bonne heure. Ses deux compatriotes étaient au fond de ma poubelle, leur carton perforé par ma divine cuillère.
Le film se termina sur un jack coulant au fond de l'eau, comme ma carrière au sein de l'institut.
Je lançais mon couvert en direction du mur, un peu au-dessus de ma télé. L'objet en métal se planta dans le plâtre encore frais du loft.
Pendant mon coma, ils étaient venus réparer tous les dégâts causés par William
« On ne connait pas l'étendue de votre dispute, mais tu dois comprendre que le boulot passe avant tout » menteur marmonnais-je.
Ce fut au tour du pot de glace de voler à travers mon appartement, au même moment les portes de l'ascenseur s'ouvrirent.
- Faites comme chez vous, c'est ouvert. Criais-je à la personne qui venait d'entrer.
C'était peut-être William qui venait d'entrer pour finir le travail qui sait. Je ne pris même pas la peine de me retourner pour vérifier, ça n'avait plus d'importance.
- Pauvre glace, tu peux nous dire ce qu'elle t'a fait. La douce voix de Nora s'éleva dans la pièce.
Mais à entendre les bruits de talons aiguilles sur le sol, elle doit être accompagnée de...
- Mais, c'est une cuillère dans ton mur ?
Stella.
Je ne me retournais toujours pas et fixais l'œuvre constituée de crème à la pistache qui coulait sur mon mur. Je fermais les yeux et posais la tête sur l'appui tête de mon sofa
Je sentis le coussin s'affaisser de mon côté gauche et entendis le bruit de l'interrupteur avant que le côté droit ne s'affaisse à son tour.
Je réouvrais péniblement les yeux, la lumière de la lampe m'aveuglait. Je venais de passer plus de trois heures dans le noir, les stores baissés, éclairée par ma télévision et pour seul compagnie mon air maussade.
La main manucurée de Stella, me caressait doucement le dos pendant que Nora déposait sa tête sur mon épaule, leur présence me faisait un bien fou. Mais je ne leur avouerais jamais. Je n'avouerais jamais que la décision de Franck m'avait rendue malade au point d'en vomir, même si mon état physique me trahissait, je ne le dirais jamais.
Je ne dirais jamais non plus que le silence de mes amis avait contribué à ma perte.
Un grand homme a un jour dit « l'enfer c'est les autres », il n'avait peut-être pas tort finalement.
Mon regard était fixé sur la télé, dont les crédits de fin défilaient depuis cinq bonnes minutes. Je sentais que mes deux amies me regardaient et attendais qu'à mon tour je leur adresse un regard.
Mais je n'en fis rien
Je ne voulais en rien m'expliquer. J'avais deux choix, aussi horrible l'un que l'autre.
Et à cette idée, je m'emmitouflais dans la couverture qui me servait d'armure.
- Je ne veux pas t'inquiéter ma chérie, mais tu as vraiment une sale tête.
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Monarque
RomanceAvant ses 17 ans, Kate était une jeune femme ordinaire mais meurtrie par la vie et ce qu'elle vivait au quotidien. Victime de violence psychologique et parfois physique, de la part de ses parents. Elle trouvait du réconfort auprès de son ami Willia...