culpabilité

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LE GARÇON TRANSPARENT ; 0Akayah0

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LE GARÇON TRANSPARENT ; 0Akayah0

Yeonjun se sentait coupable de ses actes, de ses erreurs, et des mots blessants qui franchissaient la barrière de ses lèvres malgré lui.

Kai se sentait coupable d'exister.


« Je suis désolé. »

Ce sont trois petits mots qui avaient bien du mal à franchir la barrière de mes lèvres. J'avais beau les tourner et les retourner dans tous les sens, les dissocier un à un, les prendre séparément pour mieux les aborder ; rien à faire. Les prononcer me semblait toujours aussi insurmontable. Comme s'ils allaient me brûler la gorge. M'arracher ma voix au passage. M'assécher les lèvres. Ils restaient prisonniers de mon orgueil, barricadés à triple tour au plus profond de moi.

Toi, tu les disais tout le temps. Pour un oui ou pour un non. Pour rien, parfois. Pour des choses tellement insignifiantes qu'elles me paraissaient absurdement inutiles. Tu t'excusais de parler, à croire que tu faisais trop de bruit alors que ta voix n'était souvent qu'un murmure qui se perdait dans le vent. Ou alors que tu disais les pires bêtises, que tes mots étaient dérangeants, ridicules, et qu'ils auraient mieux fait de rester dans ta tête. Quand tu ne parlais pas, tu t'excusais de te taire, comme si ton silence était responsable de toutes les tensions du monde, comme si par cette absence de mots tu venais d'insulter le village entier. Tu t'excusais d'avoir un peu trop souris à la dame de la boulangerie. De ne pas l'avoir assez fait à un autre moment. Tu t'excusais de t'être coupé les cheveux, de ne pas t'être levé assez tôt le matin, d'avoir lu un livre, mangé un bout de main, flâné quelques minutes dans le jardin ; tu disais « je suis désolé » systématiquement, pour tout ou pour rien.

On aurait dit que tu t'excusais de vivre.

En réalité, c'était même un peu plus que ça : tu t'excusais d'exister.

Mais ça, au début, je ne l'avais pas compris. À vrai dire, je te connaissais si peu que tout de toi me paraissait lointain et inconnu. Et pourtant ! Dans notre petit village perdu au milieu des gigantesques champs jaunâtres qui s'étendaient à perte de vue, tout le monde savait qui était tout le monde. On faisait le tour des maisons à pied en dix minutes, et chacun connaissait la vie de son voisin, et du voisin du voisin.

Nous avions beau habiter chacun d'un côté différent du village, ça ne m'empêchait pas de reconnaître du premier coup d'œil ta sœur, Bahiyyih, qui était aussi douce que rayonnante, de saluer ta mère d'un sourire chaleureux lorsque je croisais sa route, et d'échanger quelques mots avec Beomgyu, ton beau-frère, quand nous nous rencontrions dans les ruelles rocailleuses d'ici. Il faut dire qu'en plus, ta famille ne passait pas inaperçue : la couleur blonde des cheveux de ta sœur et toi apportée par ton père était franchement atypique, ici, où tout le monde abordait une chevelure sombre et des yeux noirs. Vous étiez donc connus parmi les villageois qui pourtant se connaissaient déjà tous.

𝐒𝐄𝐍𝐓𝐈𝐌𝐄𝐌𝐓𝐀𝐋𝐄𝐌𝐄𝐍𝐓 𝐕𝐎𝐓𝐑𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant