La Seconde Option: Les Ombres de l'Empire

Chapitre septième : Le Golfe

Sur les eaux du Golfe voguait librement un vaillant navire, qui, se dressant parmi les vagues, luttait contre des eaux capricieuses. Ces mêmes eaux étaient réputées pour emporter en toutes saisons les navires les moins robustes dans leurs profondeurs. On racontait qu'au fond du Golfe se trouvaient pas moins de mille épaves de toutes époques. C'est pourquoi on nommait également le Golfe Hersique « Le Grand Cimetière Sous-marin ».

Tout amateur d'histoire rêverait de consulter les fonds marins de ce gigantesque réservoir d'eau salé. Au cours de l'Histoire, des centaines de batailles s'y étaient succédées et pour la plupart, le seul témoignage de leur existence résidait au plus profond de cet immense cimetière. C'était un véritable coffre à bijou qui trônait au milieu du monde, dans des lieux que l'Homme n'atteindrait jamais. Un fragment de son Histoire qui resterait à jamais enfoui.

C'était pour cette raison que la moitié des légendes du globe émanaient de cette mer. Certains contaient l'existence d'une civilisation antique reposant dans ses profondeurs depuis des milliers d'années. D'autres y voyaient l'habitat de créatures sous-marines immenses. On en imaginait de toutes sortes, des calamars géants, des requins gigantesques, des créatures humanoïdes à queue de poisson et parfois même des crevette-crocodiles crachant un venin meurtrier. Cette épaisseur de légendes engendrait inévitablement une épaisseur de mystères conséquente. Une épaisseur de mystères qui se traduisait par des milliers d'études effectuées par des scientifiques chaque année.

Le Golfe Hersique n'était plus un lieu de guerre depuis des siècles, et la paix établie entre les huit états l'entourant lui était profitable. Les habitants de l'Empire les plus thyséistes voyaient en ce lieu un véritable symbole. Ce cimetière géant enterrait la guerre une bonne fois pour toute, la bannissant totalement des civilisations, comme une preuve manifeste de leur évolution.

« Dîtes moi, mon cher. Êtes-vous thyséiste ? Que pensez-vous de tout cela ? »

L'homme déboucha la bouteille et lui imposa un verre. Le verre servi, Floghos ne pouvait pas partir et l'abandonner. En imposant ce verre, l'homme lui imposait la discussion.

« Cela dépend de ce que vous appelez thyséiste. »

Cette réponse sembla plaire à son interlocuteur. Il posa même la bouteille pour préparer sa réponse.

« Le thyséiste, c'est le nom qu'on trouve pour celui qui croit que Thyseos, ou en tout cas son esprit, existe. Rien de bien compliqué, n'est-ce pas ? Alors je vous le demande, pensez-vous que Thyseos existe ? »

« Je le crois, oui. » répondit-il brièvement.

Aussi brève fut sa réponse, elle permit à son client une intense réflexion. Si bien qu'un léger instant de pause parut dans leur discussion.

« Et vous ? » demanda Floghos, pour compléter ce manque de réponse avant de boire un peu dans son verre.

L'homme était pensif. Sa réponse intriguait le marchand. Il avait du mal à cerner son interlocuteur. Ce n'était pas dans ses méthodes de conclure un marché avec un type qu'il n'arrivait pas à comprendre. Peut-être que cette discussion le permettrait après tout ?

« Je crois aux thyséistes, pas en Thyseos. Et les thyséistes, vous en êtes la preuve matérielle, ou en tout cas, vous affirmez l'être, tandis que moi j'affirme vous croire. »

« Vous êtes un homme compliqué. » souffla Floghos.

« Vraiment ? Les propos que je tiens le sont peut-être. Mais moi, je ne le suis aucunement. » admit-il.

La discussion était difficile avec cet homme visiblement...

« Alors en quoi croyez-vous monsieur ? Qu'est ce qui lie les humains entre eux selon vous ? Il y a bien quelque chose... » essaya de répliquer Floghos.