Ils couraient dans les couloirs du musée, riant comme des gamins, à la recherche d'une sortie qui leur permettrait de quitter discrètement la soirée. Pedro avait lâché la main d'Edna depuis qu'il l'avait saisie dans le patio, pour éviter d'attirer trop d'attention sur eux. Au bout de quelques minutes à chercher une porte de sortie, ils durent se rendre à l'évidence: ils allaient devoir emprunter la sortie officielle et Pedro n'échapperait pas aux photographes.
- J'ai un plan, lança Edna en s'arrêtant, à bout de souffle.
Ils étaient dans un couloir étroit et peu éclairé qui donnait sur la salle de réception, et ils entendaient la musique et les rires des autres invités. Pedro s'approcha d'elle, l'air moqueur. Il tendit la main pour repousser une mèche de cheveux qui était tombée devant les yeux d'Edna. Elle déglutit difficilement, ne pouvant pas s'empêcher d'observer ses lèvres sous sa fine moustache. Elles avaient l'air si douces, il aurait suffit qu'elle fasse un pas en avant et ... Il s'écarta, laissant sa main retomber le long de son corps, une étincelle qu'elle ne lui connaissait pas brillant dans ses yeux. Un couple passa à côté d'eux en leur jetant un regard curieux.
Pedro, l'air un peu hagard, passa sa main dans ses cheveux, leur redonnant leur aspect ébouriffé qu'Edna appréciait tant.
- Un plan, tu disais?
- Oui. Tu vas sortir normalement, parader devant les photographes, monter dans ta voiture et demander à ton chauffeur de s'arrêter au niveau du square de Portman Street, à quelques rues d'ici. Je te rejoins là bas.
- Tu ne vas pas te promener toute seule dans la rue à cette heure-ci?
- Non, je vais prendre un taxi.
Il plongea ses yeux dans les siens, comme s'il essayait de lire dans ses pensées. Elle remarqua qu'il s'était à nouveau rapproché d'elle, et elle dût lever le menton pour ne pas le quitter du regard. Dans son dos, elle sentait la fraîcheur du mur et essaya de se concentrer sur cette sensation pour ne pas perdre ses moyens. Il était si proche qu'elle sentit son souffle sur son visage quand il parla.
- Et après?
Ce fut au tour d'Edna de lui lancer un regard moqueur. Il avait conscience de l'effet qu'il produisait sur elle, et il en profitait. Soit. Il voulait jouer? Elle leva la main et effleura lentement la courbe de sa mâchoire du bout des doigts, achevant son geste en dessinant le contour de ses lèvres.
Elle ne réprima pas un petit sourire victorieux quand il ferma les yeux en soupirant sous sa caresse, même si elle n'en menait en réalité pas large. Elle ne se rappelait pas avoir déjà eu une telle impatience, un tel désir de toucher quelqu'un. Comme aimantée, elle devait lutter pour ne pas se coller à lui, s'accrocher à ses épaules larges, glisser ses doigts dans ses cheveux.
Ils s'observèrent quelques secondes, amusés et légèrement essoufflés. Ils étaient quittes. Edna fit quelques pas de côté.
- Allez, on met le plan à exécution. Rendez-vous devant Portman Square.
Il se mit au garde à vous et elle leva les yeux au ciel en riant avant de s'engouffrer dans la salle de réception. Il lui fallait un grand verre d'eau fraîche, et peut être même qu'elle allait piquer une cigarette à Sofia.
*****
En montant dans la voiture de Pedro, quelques minutes plus tard, Edna se sentit soudainement intimidée. Le chauffeur, un homme moustachu aux allures de garde du corps, la salua en lui jetant un coup d'œil dans le rétroviseur.
- Je vous ramène chez vous, Señor Pascal ?
Pedro acquiesça et jeta un regard en coin à Edna. Elle ne pouvait pas s'empêcher de se sentir embarrassée. C'était pourtant ce dont elle avait envie, de rentrer avec lui à l'abri des regards, d'être enfin seuls. Mais vu de l'extérieur, le coup de l'acteur célèbre qui arrête sa voiture en pleine nuit pour faire monter une femme plus jeune en tenue de soirée et l'emmener directement chez lui ne donnait pas une image très positive de Pedro ou d'elle-même.
VOUS LISEZ
Un été anglais
RomanceUne comédie romantique pleine de clichés, dont voici les ingrédients: Londres, une librairie, du café, une rencontre. Et puis Pedro Pascal, qui donne toute sa saveur à cette petite histoire. (Précision: tout est purement de l'ordre de l'imaginaire...