18. Mes yeux dans ton regard

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Des milliers de scénarii se superposent, se bousculent et s'entrechoquent dans l'esprit agité de Kylian, allongé dans l'obscurité  et le silence oppressant de la chambre dans laquelle il se trouve. Chaque fois que ses yeux se ferment, des images affreuses s'impriment et s'imprègnent dans son cerveau, des crashs d'avion, le sang de son amant versé par son propre père, c'est comme si des lames acérées lacéraient son cœur. N'en pouvant plus, il se lève sans un bruit, entoure ses épaules dans une couverture douce comme Neymar lui aurait dit de faire, s'il avait été là, pour ne pas qu'il tombe malade. Neymar. Il aimerait l'appeler, lui parler et surtout entendre le son de sa voix pour apaiser son anxiété gargantuesque, mais il est dans l'avion, quelque part au-dessus de l'Atlantique. En route pour le rejoindre. En sécurité. Il se laisse aller dans de nouvelles prières, presque des incantations pour qu'il soit sain et sauf. Finalement, il marche sur la pointe des pieds jusqu'à la porte qui mène à l'un des nombreux patios de la villa, s'asseyant seul dans la nuit peu étoilée, même la lune lui a faussé compagnie.

Je t'aime, j'espère que tu arrives bientôt, fais attention à toi

Il pense que c'est un peu stupide et surtout niais mais il l'envoie quand même, ils ont passé le stade où avoir peur d'être ridicule auprès de l'autre n'est même plus une lointaine pensée.

D'une manière surprenante, la double coche devient bleue presque immédiatement.

Je t'aime aussi, plus que 5 heures et je suis là ❤️
Tu ne dors pas ?

Encore 5 heures :(
Non j'y arrive pas 🫤

Je peux pas t'appeler mais on peut regarder un film ensemble si tu veux ?

Neymar lui envoie la procédure et les prochaines heures sont passées comme ça, à savoir que l'un et l'autre regarde la même chose, même s'ils sont séparés par des milliers de kilomètres. Ce n'est pas comme entendre sa voix, mais ils sont au moins liés par le visionnage d'un film plutôt mauvais, mais ce n'est pas le film qui est important.

C'est un Kylian enroulé dans un plaid, à demi-allongé dans une position qui l'air tout sauf confortable, son téléphone encore dans sa main que Sergio le trouve en se réveillant aux aurores, un café fumant dans les mains, un sourire flottant sur ses lèvres. Il hésite quelques instants à le réveiller, mais il se doute que s'il n'est pas dans son lit, c'est que Morphée a dû être capricieux. 

S'asseyant plus loin pour ne pas déranger son invité et protégé, il envoie un message à Neymar pour réveiller Kylian à temps. Celui-ci lui répond rapidement qu'il sera à l'aéroport d'ici un peu plus d'une heure. Jurant aussi silencieusement que possible, l'Espagnol s'accroupit devant le plus jeune et frotte sa joue avec son pouce dans un geste paternel mais Kylian ne se réveille pas, il bouge pour s'éloigner du contact et glisse, basculant sur le côté, s'écrasant la tête la première si ce n'était pas pour le bras de Sergio qui l'a retenu au dernier moment, suivi par un éclat de rire. Les sourcils froncés, l'attaquant ne comprend rien à ce qui se passe et son hôte n'est d'aucune utilité, allongé sur le dos, les mains tenant son ventre, pris de soubresauts à cause de son rire inarrêtable.

"Je sais pas comment Pilar fait pour être avec toi, c'est le pire réveil de toute ma vie" râle Kylian en se redressant, se cachant presque sous la couverture qui a glissé dans sa presque chute.

"Mais aussi c'est toi qui t'es jeté, qu'est-ce que tu veux que j'y fasse ?" essaie de se défendre l'Andalou entre deux rires.

"Mais c'est toi le problème, déjà pourquoi ne pas faire comme tout le monde et secouer gentiment mon épaule plutôt que de me faire des caresses ?" 

Je n'ai jamais cessé de t'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant