4. Une tempête

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En fin de soirée, Kylian quitte l'appartement d'Achraf après un dernier câlin et une petite tape affective dans le dos pour rejoindre la voiture de son chauffeur qui l'attend en bas. Pour s'occuper pendant le trajet, il prend son téléphone avec l'intention de passer quelques minutes sur instagram mais une icône particulière, le logo de batman qui ne s'est pas affiché depuis des semaines, attire son attention. Il se souvient qu'ils avaient choisi cet emblème ensemble parce que le Brésilien se plaignait qu'il mettait trop de temps à lui répondre parce qu'il ne voyait pas ses notifications, noyées dans toutes les autres. Ça l'avait toujours amusé de voir ce logo mais, cette fois, c'est différent. Il s'était attendu à ce qu'il le harcèle pour qu'il l'écoute, à ce qu'il ne cesse de venir le voir pour qu'il puisse lui dire que "ce n'était pas ce qu'il pensait" mais rien. Absolument rien. Il avait bien vu ses yeux de chien battu à chaque fois qu'il était avec ses deux acolytes, mais il avait gardé ses distances, respectant le fait qu'il avait besoin d'espace. C'était ... inattendu. Enfin, moins tout de même que le message qu'il avait reçu du premier amour de Neymar, Bruna, le lendemain matin, lui apportant les explications et les réponses qu'il n'avait osé demander au principal concerné. Il fait glisser son doigt sur l'écran pour afficher le message sans cliquer dessus mais, trop intrigué par les premiers mots, il l'ouvre totalement. Et tombe d'un immeuble de cent étages en lisant le titre l'article. Sa discussion plus tôt dans la journée avec Lara lui revient en tête.

Il est soudain pris de précipitation, à la limite de la panique. Il doit le voir. Maintenant. Ses mains tremblent pendant que ses pouces courent habilement sur le clavier pour lui demander où il est. Peu importe qu'il soit vingt-deux heures la veille d'un match important, cette situation n'a que trop duré. Ça fait des semaines qu'ils se laissent de l'espace, il est maintenant temps d'agir.

Moins de deux minutes plus tard il reçoit une adresse qu'il s'empresse de communiquer à son chauffeur. Son cœur bat tellement vite, tellement fort que c'en est presque douloureux. Il prend de grandes inspirations pour essayer de se calmer, mais son cerveau sait où il va, qui il va voir. Il se doute qu'il y a de fortes chances que ça dérape, mais ça lui importe peu, il gérera les conséquences plus tard. Pour le moment il a un incendie à éteindre, ça devient plus qu'urgent de l'étreindre à nouveau.

Le trajet semble durer des heures, Kylian sent son ventre se contacter douloureusement d'appréhension. Lui qui gère pourtant si bien la pression habituellement, il est complètement dépassé par les événements. Quand enfin la voiture s'arrête, il remercie son chauffeur, lui souhaite une bonne soirée avant de doucement fermer la portière derrière lui, laissant l'air frais de la nuit le sortir de sa frénésie soudaine. Il sait qu'il a encore quelques instants pour reconsidérer sa décision, faire demi-tour et avoir une bonne nuit de sommeil plutôt que de faire ce qu'il est sur le point de faire, mais il maintient sa décision. C'est le moment où jamais.

Il entre d'un pas décidé dans l'immeuble sécurisé et marche jusqu'à l'agent de sécurité et lui décline poliment son identité, quelques instants plus tard, l'homme le laisse rejoindre l'ascenseur qui le mène à l'appartement du Brésilien qui sait maintenant qu'il ne s'est pas dégonflé. C'est à ce moment qu'il prend conscience que ce n'est pas l'une des résidences habituelles de son coéquipier. A-t-il de nouveau déménagé ? Avant qu'il ne puisse s'interroger plus que ça, les portes s'ouvrent dans le hall d'entrée d'un appartement inconnu à la décoration chaleureuse. Il tourne la tête à la recherche de son hôte et, c'est là qu'il le remarque, adossé, dans la pénombre, contre l'un des murs parallèles, ses yeux déjà fixés sur lui. Kylian aimerait pouvoir résister, faire ce pourquoi il est venu, parler, mais c'est comme si toutes ses intentions s'étaient envolées l'instant où il l'a vu. Il laisse tomber sa pochette au sol et se précipite dans les bras de son amour, le serrant du plus fort qu'il le peut contre lui. Il se sent respirer de nouveau lorsque l'étroite étreinte lui est rendue. Il ferme les yeux et pose sa tête dans le creux de son cou. Il lui a tant manqué.

Je n'ai jamais cessé de t'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant