Chapitre 13

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Kélima et Dreis marchaient en silence. La jeune femme le conduisait vers la clairière où elle s'entraînait habituellement. Elle avait repéré l'endroit lors d'une balade avec Camélys, et l'avait trouvé idéal. Entourée d'arbres qui la protégeaient du vent, la clairière était régulièrement envahie d'animaux sauvages qui mangeaient l'herbe fraîche, laissant celle-ci suffisamment basse pour ne pas s'emmêler les pieds durant un entraînement. Même si depuis quelques jours, elle ne voyait plus beaucoup de vie. Même les insectes avaient déserté les lieux.

Kélima approcha de poteau en bois qu'elle avait installé au centre de la clairière. Les marques d'usure montraient à quel point il était utilisé. Dreis passa ses doigts sur des entailles.

— Vous vous entraînez au couteau ? demanda-t-il.

— Poignard, répondit Kélima. Vous pratiquez les arts martiaux depuis combien de temps ?

— J'ai commencé il y a quatorze ans, j'en avais quatre à l'époque, relata Dreis.

— Ça fait un bout de temps alors, remarqua la jeune femme. Vous...

— Tu. Je préférerais que l'on se tutoie. J'ai vraiment horreur du vouvoiement, la coupa-t-il avec empressement.

Kélima haussa brièvement un sourcil avant de sourire amicalement.

— D'accord. Donc, tu aimes ça ?

— Quoi ? Me battre ? interrogea-t-il.

— Je n'aurais pas dit ça comme ça, mais oui, dit-elle en laissant échapper un petit rire.

— J'aime l'exercice, mais pas spécialement me battre.

— Je vois, murmura Kélima en penchant la tête.

Le geste tira un sourire à Dreis.

— On va faire quelques échauffements et après, on peut se faire un petit affrontement pour que j'évalue ton niveau.

Kélima accepta d'un hochement de tête. Quelques minutes plus tard, elle était par terre.

— Tu te débrouilles vraiment bien, déclara-t-il.

— Vraiment ? demanda-t-elle en se pointant du doigt.

Dreis sourit et lui tendit la main. Elle la saisit et se leva.

— Tu manques de vitesse, expliqua-t-il. Tu as aussi un peu de mal à contrer les coups au niveau de tes jambes. J'imagine que c'est là-dessus que tu veux progresser ?

— Tout juste, confirma Kélima.

— Alors c'est parti, annonça Dreis.

Après quarante-cinq minutes de théorie et de pratique sur les mouvements présentés par Dreis Kélima parvenait enfin à les reproduire avec facilité. Cependant, dès qu'il y mettait plus de vitesse, celle-ci se laissait surprendre. Après son énième atterrissage sur les fesses, Kélima soupira longuement.

— Je ne comprends pas pourquoi mes réflexes sont si lents, se plaignit-elle.

— Tu cours parfois ? la questionna-t-il.

Kélima hocha la tête.

— Ça fait généralement partie de mes échauffements, précisa-t-elle.

— D'accord, on va faire quelques sprints, décréta-t-il.

Courant d'un bout à l'autre de la clairière, Kélima distançait Dreis sans difficulté. Quand elle sentit ses jambes faiblir, elle s'arrêta. Lorsque Dreis arriva à son tour, il se laissa tomber à genoux, plier en deux. Il tenta de retrouver son souffle en prenant de grandes inspirations.

— Tu ne devrais pas t'asseoir, lui rappela Kélima. Marche un peu, tu retrouveras mieux ton souffle.

L'homme se leva et fit quelques pas.

— Bon... L'endurance, tu maîtrises et la vitesse aussi, ahana-t-il. Du coup... Ce sont tes gestes qui sont trop lents. Il faut que tu t'entraînes spécifiquement sur la vitesse de tes actions. Je vais réfléchir à quelques exercices. On s'arrête là pour aujourd'hui.

Kélima acquiesça et tous deux quittèrent la clairière pour retourner au village. Alors qu'ils étaient presque à l'auberge, ils virent arriver Loucas. L'homme leur adressa de grands gestes des bras en souriant. Lorsqu'ils se rejoignirent à mi-chemin, il ne prit même pas la peine d'adresser un mot à Dreis et accorda toute son attention à Kélima.

— Mademoiselle, la salua-t-il. Vous êtes bien matinale pour vos entraînements.

Kélima lui adressa un regard curieux que l'homme lui rendit.

— Un problème ? questionna-t-il.

La jeune femme secoua la tête.

— Non, aucun, répondit-elle à la hâte. Mes excuses. C'est simplement que lors de nos dernières rencontres j'ai supposé que vous étiez des vagabonds, mais, plus je vous entends parler tous les deux et plus je me dis que vous n'êtes probablement pas de simples gens du peuple.

— De par votre langage, je peux affirmer que vous non plus ? l'interrogea Loucas.

Kélima hocha silencieusement la tête sans rien ajouter. Après quelques secondes de flottement gênant, l'homme lui tendit son bras.

— Je vous raccompagne ? offrit Loucas avec un sourire charmeur.

Elle répondit à son invitation en souriant à son tour.

— Avec plaisir, accepta-t-elle en saisissant le bras de l'homme.

Kélima (2 chapitres par semaine)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant