Accoudée au comptoir, Kélima ferma les yeux, l'espace d'une seconde. Le jour n'était pas encore levé, mais déjà Amïna et elle, s'affairaient dans l'auberge. Un mal de tête lancinant avait accompagné son réveil et son envie de retourner dormir grandissait un peu plus à chaque minute qui s'écoulait. La jeune femme rouvrit les yeux et chercha sa collègue du regard. Les cheveux en bataille et le regard vide de celle-ci lui indiquèrent qu'elle non plus, n'était pas au mieux de sa forme.
— Je vais en cuisine, lui lança Amïna quand elles entendirent des voix dans l'escalier.
Kélima resta au comptoir en prenant soin de se redresser et se prépara à accueillir les clients matinaux qui descendaient. Quand elle vit les arrivants, elle relâcha la pression. Dreis et Loucas, dont les sourires excités éclairaient presque la pièce, se dirigèrent vers elle.
— Vous vous levez tôt aujourd'hui, leur dit-elle d'une voix endormie.
— Ça n'a pas l'air d'aller toi, lui dit Loucas en approchant.
— Juste de la fatigue, rien d'autre... Alors, dites-moi, se reprit-elle en y mettant plus d'énergie. Pourquoi vous êtes debout aussi tôt ?
Les deux hommes lui montrèrent des sacoches qu'elle n'avait pas remarquées avant.
— On s'en va, s'exclama Dreis en souriant.
— Pardon ? s'exclama Kélima.
Loucas éclata de rire.
— Pas du village, ne t'en fais pas ! Nous n'avons pas eu l'occasion de te le dire hier soir, avec Lizzi et ton travail, mais monsieur Altern a accepté de nous prendre chez lui en échange de travaux. Merci de nous avoir parlé de lui d'ailleurs.
La jeune femme se détendit.
— C'est formidable ! déclara-t-elle en souriant.
— J'ai une question, commença Dreis les yeux rivés sur Kélima
— Je t'écoute.
— Pourquoi tu ne travailles pas chez lui plutôt qu'ici ? Toi et Lys, vous seriez mieux logées et mieux traitées non ?
— Oui... C'est vrai, mais je n'aurais pas de salaire et j'ai besoin d'un salaire, dit-elle avant d'ajouter tout bas pour elle-même : et ce, même si c'est un salaire de misère.
— Je vois, murmura Loucas en penchant la tête sur le côté.
— C'est à moi ça, déclara Kélima.
Loucas lui adressa un clin d'œil et Dreis fit une grimace.
— C'est nettement moins adorable quand c'est toi qui le fais, fit-il remarquer à son ami.
Celui-ci haussa un sourcil et Kélima sourit, amusée
— Bon, reprit-elle. On va régler les détails de votre séjour ici. Vous voulez manger avant de partir ?
— J'imagine qu'on a le temps de grignoter quelque chose, répondit Dreis.
Elle leur servit un petit-déjeuner qu'ils mangèrent en vitesse puis la jeune femme s'occupa de leur faire payer le reste de ce qu'ils devaient à l'auberge. Mïtra dormant encore, elle dut s'en charger seule tout en s'occupant de servir les autres clients descendus. Après avoir réglé leur séjour, les deux hommes s'empressèrent de rejoindre leur nouvelle demeure et surtout leur nouveau travail.
Kélima continua à accueillir les clients et ce n'est qu'en début d'après-midi que Mïtra se décida à rejoindre les deux serveuses. Une heure après, les clients avaient enfin déserté l'auberge. Amïna proposa à sa collègue de s'occuper du ménage afin que celle-ci puisse prendre une pause. Kélima accepta, ravie de troquer son uniforme contre une chemise et un pantalon. Elle se précipita vers sa chambre où elle trouva Camélys allongée sur son lit. La jeune femme s'approcha et ne voyant aucune réaction chez celle-ci, attrapa un livre sur la table de chevet qu'elle laissa tomber sur la tête de la princesse.
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Kélima (2 chapitres par semaine)
Fantasy« Le sang, la haine, la peur... Les images de son passé la hantaient. » Kélima est une jeune sorcière de seize ans, adoptée par le roi de Saeit alors qu'elle n'était qu'une enfant. Sa vie se partage entre ses cours, ses sorties avec son meilleur ami...