Call me nanny or baby. {z.m}

2. Bizutage à la jelly.

– Tu commences quand, Em ? demande Jasper, assis à mes pieds, la bouche pleine de hot dog à la
moutarde anglaise.

– Demain aux aurores. En gros, c'est ma journée d'essai. Si je survis aux caprices de Princess Birdie, j'y retournerai lundi... avec ma grosse valise.

– J'arrive pas à croire que tu vas me faire ça... soupire Joe, outrée, depuis la rambarde du balcon.

Je lui tends une Belhaven aux fruits rouges, accompagnée de ma plus irrésistible moue penaude,
elle s'empare de la bière mais ne se laisse pas attendrir.

– Je serai là tous les week-ends... murmuré-je depuis mon transat bringuebalant.

– Ouais, t'as intérêt.

Ma sœur et moi avons débarqué à Londres pour mener une nouvelle vie... ensemble. Je
comprends sa contrariété, mais Joe doit également réaliser que je fais ça pour nous. Pour pouvoir
survivre dans cette ville où tout coûte un bras. Ou deux.

Elle porte la bouteille à ses lèvres, boit une gorgée sucrée, révélant au passage quelques
centimètres de peau de son ventre plat. Le soleil va bientôt se coucher mais la température reste
étonnamment élevée. En rentrant de l'entretien lunaire de ce matin, j'ai troqué ma tenue de bonne
sœur contre un short en coton et un tee-shirt échancré. Une journée épuisante m'attendait : séance
bronzette sur le balcon exposé plein sud.

– Quand même, bosser pour Malik, c'est pas rien... lâche soudain Jasper, après un long
silence.

– Qu'est-ce qu'il a de si spécial ? Il est milliardaire, point barre. Pas de quoi s'extasier, rétorque ma jumelle.

– Tu rigoles ? Il a fait la une de dizaines de magazines, on ne parle que de lui ces derniers mois !
Ce type n'est pas seulement un as de la finance – un requin, plus exactement – il a aussi fondé des tas d'associations caritatives. Pour les sans-abri, les orphelins, les mères adolescentes, les grands brûlés et je ne sais plus quoi d'autre. Ce mec a un cerveau, mais aussi un cœur !

– Et une gueule à tomber... murmuré-je.

– Ah non ! s'écrie mon sosie maléfique. Tu t'es déjà fait manipuler par un connard obsédé par le fric et le pouvoir, tu ne vas pas remettre ça !

– Arrête avec ça ! Tu compares deux personnes qui n'ont rien à voir ! riposté-je en la fusillant du
regard. Mathias et Zayn n'ont rien en commun.

– Zayn ? Tu l'appelles par son prénom, maintenant ?

– Lâche-moi la grappe, Joe. Tu peux te réjouir pour moi au lieu de me couver tout le temps ?Contrairement à toi, je n'ai jamais rien fait de ma vie. Rien de fou, en tout cas. J'étais une élève modèle, une étudiante exemplaire, une petite amie fidèle, docile, une fille chiante comme la pluie ! Pendant que toi, tu faisais la bringue à l'autre bout de la rue... ou du monde. Laisse-moi au moins avoir ça. Une expérience différente. Qui me donnera l'impression d'avoir vécu quelque chose !

– Désolée... souffle-t-elle en jouant avec l'une de mes mèches blondes. Fais juste attention à toi,
ok ? Et ramène-nous un gros paquet de fric, qu'on puisse enfin mener la grande vie ! rit-elle soudain, imitée par Jasper.

***

Minuit. Ce foutu lit grince à chacun de mes mouvements. Je tourne et me retourne depuis un
nombre incalculable de minutes. Mon réveil est programmé pour 5 h 45, plus l'heure approche et
moins mes yeux acceptent de collaborer. Ils s'ouvrent malgré mes protestations mentales et fixent le
plafond, comme si ça allait m'être d'une quelconque utilité. J'ai chaud. J'ai soif. Je me relève, traîne des pieds jusqu'à la cuisine, me sers un grand verre d'eau fraîche – qui empeste le chlore – le vide d'un trait et retourne dans ma chambre. À peine allongée sur le drap, mon corps fait encore des
siennes. Envie pressante. Je l'ai bien cherché, avec le demi-litre d'eau que je viens d'ingurgiter.
C'est pas bientôt fini, ce bazar ? !

Retour à la case départ. Mes yeux fixent le plafond, mais plus à gauche, cette fois. Pas un bruit. Je
suis seule dans l'appartement : Joe et Jasper sont sortis. À l'heure qu'il est, ils en sont probablement
à leur troisième shot. Je les envie. Saloperie de boulot.
Zayn Malik... Qui es-tu vraiment ?

Voilà ce qu'il me fallait. Plutôt que compter les moutons, je vais énumérer toutes les choses qui
font que cet homme est à la fois le pire des « control freaks », mais aussi la plus dangereuse des
tentations. Et je pèse mes mots...