Burp

16 2 0
                                    

Contrôler les trémolos de la voix.
Répondre en fonction de l'ambiance, du nombre de gens, de la situation, du ton de l'autre, de sa façon de te regarder.

Il y a le "oui" calme, avec un petit sourire, parfois même accompagner d'un clignement des yeux. Il y a le "bah oui" amusé, celui qu'on dit avec un sourire en prenant à témoin les autres par un regard. Et puis le "bah oui" surpris, celui qui ne s'attend pas à cette question. Le ton, tout est dans le ton.

Il faut aussi effacer les larmes, pas seulement celles qui coulent mais aussi celles qui ne sont pas encore nées. On presse les mains sur les yeux ou on les frotte. Et puis on regarde le plafond en refoulant.

Il y a le regard qui imite l'autre amusé.

Il faut avoir l'air détaché, léger. Loin de tout ça.

Ne pas avoir l'air pressé, prendre son temps, faire des câlins, dire des choses vides de sentiments (mais les gens ne le voient pas) qui t'ont quittée à ce moment. Ou alors dire que tu as besoin d'être seule et vite, NF.

Il faut tout contrôler. Le sourire : le léger, l'amusé, le joyeux.

Dire que tu es fatiguée, ce qui est vrai, mais en vérité, c'est une excuse que tu utilises. Tout pour ne pas montrer, tout pour excuser le manque d'énergie, les sourires et les rires, la musique, les yeux fermés qui essayent de retenir les larmes.

Faire semblant d'être là alors que tu
d
   i
    s
      p
        a
           r
             a
                i
                 s.

Je suis passée maître dans l'art de la contrefaçon. Je sais analyser comment j'agis quand je vais bien pour le refaire quand je vais mal. 17 ans d'exercice m'ont rompue à l'exercice. Les gens ne voient pas, souvent. C'est si facile.
Mais ça disparaît. Ce savoir s'effrite entre mes mains avec l'âge et m'abandonne avec traîtrise face aux rez de marrée de plus en plus fort de mes émotions. Il n'arrive pas à lutter et puis il y a ceux qui le connaissent et qui se doutent des mensonges.

Si je contrefais assez bien, peut-être que je ressentirais tout ça, peut-être que je me perdrais assez bien pour que cela devienne la réalité. Non ? Dis-moi oui...
En fait repousser pour ne pas être vulnérable devant les autres, c'est aussi ne pas accepter les émotions et refuser d'être vulnérable toute seule.

Arc-en-ciel émotionnel Où les histoires vivent. Découvrez maintenant