Connal
Le vent soufflait sur les pleines silencieuses de la région. Je contemplais le paysage qui dorénavant n'avait plus cette saveur si douce et familière. La nostalgie bouleversait tous mes sens et me laissait à fleur de peau. Je n'étais pas encore parti, que la nature me paraissait étrangère. Etais-ce une des conséquences de l'explosion de la source ou un simple souvenir empoisonné des guerres passés; je n'en savais rien... Et n'en avait rien à faire.
Ses deux derniers jours n'avaient été qu'un enchaînement de merde et de galère. L'explosion de notre habitat nous avait catégorisé d'office comme fugitif. Devoir supporter mes pensées n'étaient visiblement pas assez. Je devais, de surcroît, composer avec des marionnettes de l'armée.
Je basculais ma tête vers le ciel éclairé d'étoiles éclatantes et soupirais. Qui osais-je tromper ? Je ne valais pas mieux que cet unité, en fin de compte. Le déni m'avait fait miroité une prise de force alors que jamais je n'avais été aussi faible.
De légères vibrations sur le sol me firent goûter à une énergie malodorante. Un brin acide, sa faiblesse et son inconsistance ne laissait aucun doute sur nos interlocuteurs. Une chevelure de braise surgit des rameaux et des yeux perçants me dévisagèrent d'ennuie.
- Je constate que malheureusement aucun de vous ne s'est perdu, trancha Sacha amère.
- Je constate que vous avez encore une fois perdu l'occasion de vous taire, lança Joyce tranchante.
Ouais, elle a toujours pas digéré de devoir se les trimballer, soupirais-je intérieurement.
Les yeux noirâtres du jeune homme fusillaient Joyce, mais il se contenta de détourner la tête. L'atmosphère palpable accentuait la sensation de malaise. Précautionneux, je pris le parti de m'immiscer entre les deux évitant ainsi le moindre dérapage.
Mais, la vague d'effluves de plantes qui parvint jusqu'à mes narines sonna la concrétisation de nos idées et le bourgeon de notre courage.
De grands sourires malicieux dessinés sur des lèvres gercés et habillés d'une parure sombre camouflant l'ensemble de leur corps, ils nous tendaient des haillons. Je sentis le regard perplexe d'Aithne que je rassurais d'une simple caresse sur l'épaule.
***
Plongé dans l'obscurité, un domaine mort et délabré nous faisait face. Néanmoins, un hurlement sinistre scellait un sentiment d'excitation à mesure que notre marche s'ouvrait à travers ces pleines silencieuses. J'y trouvais un charme particulier et un réconfort mérité. La tristesse et le silence de ces falaises ne représentaient qu'une réplique de mon état d'esprit. En osmose avec mes sentiments, je vivais parfaitement la noirceur de ces montagnes.
Submergé d'une force dont sa puissance résidait dan son nombre, je dilatais mes narines cherchant à en deviner la provenance exacte. Différente des lutins de la forêt, elle se confondait avec celle des Fallon et un parfum s'essayait à couvrir l'odeur de ces nouvelles émanations.
D'un regard, Ruri interpella l'un des guerriers qui lui répondit distraitement. Je décelais un rictus sur ces lèvres.
La seconde d'après, nous étions dispatchés de part et d'autre du chemin centrale accrochée à des lianes rosiers trépignant dans le vide. Le silence interrompu par de légers tintements, sur ce qui me semblait être du fer; présageait une mise à tabac dont ils avaient le secret dans ce pays. Une odeur légèrement poivrée me picotait la gorge, mais cela n'avait rien à voir avec la cendre d'Aithne.
Je me hissais légèrement essayant de distinguer les villageois et rencontrais les yeux de Ruri scintillant d'angoisse. Un claquement retentit.
- Fais les dégagez de la falaise, hurlais-je.
Une explosion d'une envergure surprenante nous fit lâcher notre point d'appuie. Ainsi, ma force naturelle remonta jusqu'à mes mains telle un mur de pierre. Je rejetais cette masse d'énergie que je connectais avec le fragment de vie de ces falaise mornes. Mes deux bras façonnés avec la force et la souplesse des troncs ne faisaient plus qu'un avec le décor.
Une énergie alliée s'introduisit ensuite. D'abord douce elle s'immisçait dans l'atmosphère comme un parasite et jaillit d'un coup franc utilisant sa force centrifuge comme roc. Elle blessait et les humiliait en les projetant comme des insectes. Leurs os craquelaient sur la roche et leur sang jaillissait ridiculement vite.
Dans le même élan, les villageois s'accrochaient maladroitement à mes bras et se laissaient glisser jusqu'au rocher qui tenait le mieux debout. Enfin, l'énergie réconfortante de mon amie caressait délicatement l'écorce de mes membres et se faufila à son tour aux côtés des habitants.
Je me laissais aspirer, puis rompit le lien brusquement voltigeant et atterrissant sur mes deux pieds. Ruri me salua d'un sourire, essorant ces grosses boucles noires. Lorsqu'une main, que j'attrapais au vol impassible, essaya de m'asséner un coup. Sans étonnement, mon regard se posa sur le présumé Djeba de la veille.
Il me transperçait des yeux. Sa colère le faisait trembler et lui coupait le souffle. Je pressais son poignet le contraignant à reculer quand il se détacha violemment de mon emprise.
Je ne répondis pas et me contentais de l'observer tranquille.
- Vous aviez senti ce piège, bordel! hurla t-il à en perdre haleine. Pourquoi avoir fait le coq ?
Je ne fus guère plus loquace et le détaillais. Je doute qu'il souhaite fondamentalement m'écouter de toute façon. Il avait visiblement besoin de faire son monologue, que je n'avais nullement envie d'interrompre.
Ruri tout aussi blasée porta finalement son attention sur notre environnement et l'analysait avec minutie.
- Bande d'enfoiré ! poursuivit l'ahuri.
Lasse, je m'éloignais du brasseur d'air et m'apprêtais à reprendre la route. Lorsque d'autres railleries se firent entendre.
- Le doyen nous a mis dans de beaux draps, enchaîna une voix féminine. Travailler en collaboration avec des parias.
J'expirais ennuyé. Justifier mes agissements ne rentrait pas dans mes habitudes mais nous ne pouvions pas agir non plus comme-ci nous étions seuls dans notre bulle. Décidé, je fis volte-face et les fixait d'un regard qui se voulait franc.
Pourtant d'un mouvement de main, Ruri me coupa et prit la parole à son tour.
- Rien ne nous indique que vous n'avez pas l'intention de nous piéger. Et une petite idée me dit que je n'ai pas tort. Alors dorénavant contentez vous de respecter notre accord et tout se passera bien.
Les bouches se scellèrent à nouveau. Prévisible. Présentement, d'un camp à l'autre nous n'en menions pas large et c'était pour cette exacte raison que nous devions savoir de quel côté il se trouvait réellement.
Cependant, le fait que les militaires les aient attaqué sans retenu signifiait au moins une chose... si nos dirigeants avaient été leur alliés un jour, ils n'étaient dorénavant que des cibles de choix.
Je m'engonçais satisfait dans les bois profitant de ces maigres secondes de sérénité.
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Hey !
Un petit jour de retard (merci mes exams!)
J'avais commencé le chapitre hier maiis l'accumulation du manque de sommeil ne me permettait d'en faire un de qualité dans les temps. Le voici néanmoins et j'espère qu'il vous a plu!
Vous trouvez Connal trop sévère dans ses agissements ou ressentis ? Ou au contraire vous approuvez ?
A la semaine prochaine ! ;D
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Masters : l'éveil des dominants
FantasiUn monde magique peuplé des créatures les plus fantastiques, atypiques noyaux d'un équilibre solide s'écroule. L'humanité a cédé à ses intincts les plus destructeurs et le temps s'écoule dans un rythme impitoyable. Pourtant, six espoirs naissent des...