chapitre 8

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Jour présent,

Regulus observe son regard dans le miroir. Il ne porte plus aucune marque prouvant les coups que son père lui a donnés. Le jeune homme déglutit avec peine, réajustant le col de sa chemise qui l'étrangle. Il peut entendre les invités dans le salon et il sent la nervosité le saisir. Inspirant profondément, il se tourne vers la porte quand Kreattur rentre et il s'assoit sur le lit alors que l'elfe lui apporte la bague.


— Elle est trop grosse, dit le brun. Steviah ne va pas l'aimer.


Steviah. Le nom qu'il n'arrive pas à effacer de sa mémoire. Sa meilleure amie qui est forcée de se marier avec lui. Steviah, dont il est amoureux depuis quelques temps déjà. Cette fille à moitié Malfoy et à moitié Weasley qui l'aime aussi, mais qui aime encore plus Sirius. Regulus soupire, il aurait dû lui avouer ses sentiments avant qu'il ne soit trop tard.

Et désormais, il doit se marier avec elle. Il aurait pu être heureux. Il va finalement avoir la fille, mais il n'a jamais voulu que ça se passe comme ça. Steviah ne mérite pas de souffrir et il sait à quel point elle a souffert pour intégrer la famille Black. Préférant ne pas y penser, il regarde la bague puis il regarde l'elfe de maison.


— C'est ridicule, dit-il. Tout ça est ridicule.


— Le maître n'a pas envie de se marier, constate la créature.


— Si, soupire le brun. Je t'ai dit à quel point j'aime Steviah, j'aurais simplement préféré me marier avec elle parce qu'elle l'a choisi. Mais elle a donné son cœur à Sirius et jamais je ne serai capable de l'avoir. Je ne lui ai jamais dit ce que je ressens. Peut-être que si ...


La porte s'ouvre et il se relève et Kreattur s'écrase au sol dans une révérence alors que Walburga entre. Bien droite, la coiffure impeccable, elle s'approche de Regulus et le conduit jusqu'au miroir, les mains sur ses épaules et elle regarde leurs reflets.


— Ton col est mal mis, constate la femme. C'est le grand jour aujourd'hui. Tu verras, nous allons rendre ta femme comme il faut et elle pourra faire partie intégrante des nôtres.


— Qu'allez-vous lui faire? demande Regulus en essayant de parler d'un air détaché.


— Ce qui doit être fait pour qu'elle soit parfaite, répond Walburga. Tu n'as pas à te soucier de cela. Tiens-toi prêt, la cérémonie ne va pas tarder à commencer.


La femme s'apprête à dire autre chose, mais elle garde le silence et quitte la chambre. Elle est une mère avant tout, elle reconnaît les yeux tristes de son fils, ce regard qu'elle avait eu, il fut un temps. Secouant la tête, elle retrouve son sourire froid et entre dans la pièce où on prépare Steviah.


— Tu n'es pas trop mal, constate-t-elle.


— Allez au diable, réplique Steviah. Vous tous!


La gifle qu'elle reçoit lui brûle la joue et Walburga la toise comme si elle n'est rien de plus qu'un insecte, mais la jeune fille garde la tête haute et la foudroie du regard. Durant un instant, Walburga hésite à la prendre dans ses bras et lui dire que tout ira bien. Car ce n'est pas Steviah qu'elle voit, mais c'est elle-même. Au même âge, même caractère, mêmes fragments dans le cœur.


— Fais un caprice si tu veux, mais bientôt, tu ne te souviendras même plus de tout ça, dit Walburga avec un sourire mesquin.


En voyant le visage de Steviah se décomposer, Walburga serre la mâchoire, car dans son dos, le fantôme qui la hante, l'observe avec déception et elle déglutit avec peine alors que Sirius paraît être dégoûté par ce qu'elle est.


— Regarde-toi, dit-il, c'est comme si ton père se tenait à ta place. Tu es devenue ce que tu as toujours fui. Regarde cette pauvre enfant ! Tu es un monstre.


Steviah s'apprête à parler, mais Walburga, sous l'emprise de la rage, du chagrin et de la peur, la gifle avant qu'elle ne parle, essayant de chasser ce fantôme qui l'engloutit et la poursuit. Elle foudroie la jeune fille du regard, la jeune fille qu'elle-même a été et son regard est dénué de toute expression.


— Dépêche-toi de finir de te préparer, crache la brune.


Elle tourne les talons et une fois dans le couloir, quand personne ne la voit, Walburga se précipite dans sa chambre et s'appuie contre la porte. Elle ferme les yeux, inspirant et expirant. Tentant de contrôler le tremblement de ses mains, elle les secoue puis redevient la femme glaciale qu'elle est.

Walburga descend dans la salle de réception et les gens la saluent avec respect. Elle répond par des signes de tête et elle se dirige vers son mari qui mange des petits fours. Elle le toise, une moue révulsée sur le visage et elle se penche vers lui.


— Cesse donc de manger comme un porc, lâche la brune. Redresse-toi et va chercher Regulus tout de suite.


Orion ressemble à un cerf pris dans les phares d'une voiture. Il semble apeuré et hoche la tête avant de s'éloigner. Walburga l'observe et déglutit. Comment un homme aussi ridicule peut-il lui faire autant de mal lorsqu'il est saoul ? Cette situation est exactement la même qu'à l'époque quand elle a dû épouser Orion et Walburga ne se sent pas très bien.

Depuis quelque temps déjà, Sirius la hante encore plus et c'est souvent que la jeune Walburga refait surface, mais elle doit survivre. Elle l'a toujours fait et elle doit continuer. Pas de faiblesse, pas de larmes. Voilà ce qu'elle se répète alors que Regulus apparaît. Infliger à son enfant ce qu'on lui a infligé lui donne un haut-le-cœur et elle s'agrippe à la table.


— Est-ce que tu crois qu'il va être heureux ? Dit une voix dans son dos. Regarde ton fils. Regarde ce que tu lui fais. Tu es en train de le détruire. Tout ce que tu touches, tu le détruis.


Walburga chancelle, elle sait que Sirius n'est pas vraiment là. Il ne l'est plus depuis longtemps et elle ne répond pas, ne voulant pas passer pour une folle à parler avec un fantôme. Bien droite, elle inspire profondément et se dirige vers son fils qu'elle accompagne à l'autel.

Quand elle voit Steviah arriver, elle la regarde avancer et elle se superpose à elle. Elle se revoit, voit Steviah et ainsi de suite jusqu'à ce qu'elle s'approche totalement. La pauvre fille a l'air au fond du trou, mais les regards ne trompent pas. Walburga connaît le regard de l'amour.

Et elle le voit dans les yeux de Regulus, mais aussi de Steviah. Peut-être qu'après tout, ce mariage n'est pas si cruel. Walburga se dit qu'ils s'aiment, et même si tout a été organisé, au moins, ils vont vivre amoureux.


— Peut-être que non, souffle Sirius à son oreille. Rappelle-toi où tu vas envoyer cette enfant après le mariage. Elle ne sera plus jamais la même si tu la brises.


Walburga se crispe. Elle inspire profondément et regarde Steviah. Elle n'a pas le choix. Steviah est trop fragile et il faut la forger et c'est bien ce qu'elle compte faire. La briser pour la faire survivre dans cette famille.

𝘁𝗵𝗲 𝗿𝗶𝘀𝗲 𝗼𝗳 𝗹𝗮𝗱𝘆 𝗯𝗹𝗮𝗰𝗸 →  𝑤𝑎𝑙𝑏𝑢𝑟𝑔𝑎 𝑏𝑙𝑎𝑐𝑘Où les histoires vivent. Découvrez maintenant