Chapitre 15

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Jour présent,

Walburga regarde Orion alors qu'à nouveau, il est totalement saoul. Elle le déteste et se relève, se rhabillant après ce qu'il lui a fait, puis sort de la chambre. Elle le hait tellement qu'elle imagine l'égorger dans son sommeil. La femme inspire doucement alors qu'elle traverse le couloir et quelque chose l'arrête devant la chambre de Sirius.

Elle pose la main sur la poignée ronde et hésite un instant avant de l'ouvrir. Elle n'est plus venue ici depuis des années et observe la pièce. Il y a trop de rouge et d'or, et elle grimace avant de s'approcher du bureau et de saisir une photo de son fils et de ses amis. Toute une vie qu'elle ne connaît pas.

Évidemment, en voyant Steviah et Sirius sur la photo, il ne fait aucun doute qu'ils s'aiment. Walburga frissonne puis repose la photo avant de s'asseoir sur le lit et de regarder la pièce en silence. La dernière fois qu'elle est venue, elle a évoqué son passé à son petit garçon, il n'avait même pas quatre ans.


Flashback:

Walburga s'assure que Regulus dort avant de fermer la porte, puis se dirige vers celle de Sirius. Elle fronce les sourcils en voyant le garçon enfoui dessous et la couverture qui tremble. La jeune femme s'approche et la retire pour découvrir son garçon qui pleure en silence, le visage totalement déformé par la tristesse. Elle a un mouvement de recul lorsqu'il se protège comme s'il allait le frapper.

Elle en ressent une douleur, mais ne montre rien et s'agenouille sur le sol, caressant les cheveux de son enfant en silence. Elle n'a pas l'habitude de s'occuper de Regulus ou de Sirius, d'être tendre avec eux. Elle remarque alors le lit taché de sang et son genou tout écorché.


Sirius ! s'exclame-t-elle. Mais pourquoi n'es-tu pas venu me trouver ?


Peur moi, pleure-t-il. Maman méchante.


Walburga sent son cœur se pincer et ses yeux piquer, mais elle reste naturelle et relève l'enfant. Elle pose une main sur sa joue et la caresse doucement avant de se lever pour aller chercher de quoi le soigner.


Tout va bien, mon bébé, dit-elle d'une voix douce.


Sirius sanglote alors qu'elle-même a envie de pleurer. Il a peur d'elle et Walburga se sent tellement mal. Lorsqu'elle applique le désinfectant, les pleurs de Sirius redoublent et elle lui prend le visage entre ses mains, chassant ses grosses larmes.


Écoute-moi, dit-elle, les grands garçons ne pleurent pas. Tu peux pleurer quand tu es triste parce que tu as un cœur, mais la douleur, tu peux l'occulter. Tu sais pourquoi tu t'appelles Sirius ? J'ai connu un super-héros, un vrai héros qui sauvait des gens. Il s'appelait Sirius et il ne baissait jamais les bras. Tu es courageux, comme lui. Alors quand tu as envie de pleurer, rappelle-toi que tu as le prénom d'un héros et que par conséquent, tu en es un aussi.


Sirius hoche la tête, surpris de voir sa maman si gentille, mais ça ne dure pas, puisqu'elle lève sa baguette pour lui faire oublier, bien qu'au fond, elle espère qu'un jour, un jour, il saura. Puis elle repart en silence, le cœur meurtri.


Jour présent,

Walburga est tirée de ses pensées par Kreattur. Elle ne l'a pas vu depuis la disparition de Regulus et elle se lève, prête à aller hurler sur son fils lorsqu'elle voit l'elfe de maison agir bizarrement. Elle l'attrape et grimace en le regardant. Elle l'a toujours détesté et il la dégoûte.


— Parle, dit-elle. Tout de suite ou tu vas souffrir.


L'elfe de maison se courbe, son nez se pliant sur le sol. Il a l'air mal à l'aise ce qui est rare, elle ne l'a jamais vu autrement que comme une créature vile et cruelle. La brune lève la main, s'apprêtant à le frapper, mais il met ses mains devant son visage pour se protéger.


— Maîtresse, maîtresse, dit-il. Monsieur Regulus...


Elle n'écoute pas vraiment ce qu'il dit. Elle retient seulement le prénom de Steviah et celui de Regulus. Et un mot se répète en boucle, mort. La malédiction ne finira jamais, pas tant qu'un Black sera toujours debout. La femme reste dans un brouillard jusqu'au soir, où elle est sur le point de se coucher.

C'est à ce moment qu'elle se réveille alors qu'Orion, encore sous l'emprise de l'alcool, essaie de nouveau de la déshabiller. Tout lui arrive alors d'un coup. Regulus est mort. La femme se met à hurler avant d'attraper le gros réveil et de le fracasser sur le crâne de son mari.

Elle hurle de rage, de chagrin alors qu'elle le frappe plusieurs fois. Elle le déteste. Elle le déteste et elle le frappe sans retenue jusqu'à ce qu'elle s'arrête, haletante. Orion gît sous elle, le crâne fracassé alors qu'il y a du sang partout. Walburga se relève, laisse tomber sur le sol le réveil et elle chancelle.

Jamais elle ne trouvera la paix, jamais. Son visage est couvert de particules de sang, elle marche jusqu'au plancher qui se soulève et elle attrape sa boîte. Elle passe la plaque de Sirius autour de son cou et prend la lettre que John a apportée et qu'elle n'a jamais lue avant, elle l'ouvre enfin.


«Ma douce Walburga, Je sais, c'est ma seconde lettre du jour, mais je n'ai pas pu résister. Je te l'enverrai demain et maintenant, j'attends que ta lettre arrive. Je ne fais que regarder le ciel et je guette l'arrivée du hibou. J'ai bien réfléchi et tu as raison. Je ne peux pas continuer, tu me manques trop et nous avons bientôt gagné, j'en suis persuadé. Je vais rentrer. Je reste encore aujourd'hui pour aider un peu, mais à la nuit tombée, je viendrai, je viendrai te retrouver et je t'emmènerai loin d'ici. La lettre est courte parce que je dois aider John à fabriquer une nouvelle muraille. Il me tarde de te voir, te serrer dans les bras et n'oublie pas, ne change jamais mon amour. On sera heureux pour toujours, je te le promets. Je t'aime tellement et je sais que tu es capable de tout affronter. Tu es forte et j'arrive. Tiens bon, je serai bientôt auprès de toi.

Je t'embrasse, Sirius.»


La jeune femme entrouvre la bouche, il allait revenir. Il allait revenir le jour même et il est mort. Elle sent les larmes couler, cette fois, il n'y a aucun doute, sa famille est maudite. Ses parents, ses frères, tous sont morts tragiquement. Et elle, elle a hérité de voir tous ceux qu'elle aime mourir, Lizbeth, Prunella, son bébé, Sirius et maintenant Regulus.

Mais peut-être que son enfant, Sirius, a une chance, il n'a jamais vraiment été un Black, il a réussi à s'enfuir, à être celui qu'il est et peut-être qu'elle a le moyen de faire en sorte que la malédiction ne le trouve jamais. Walburga a viré du mauvais côté, elle a choisi les ténèbres, mais peut-être qu'elle peut revenir à la lumière pour terminer l'histoire.

Elle se relève et chasse ses larmes, elle attrape sa baguette et sort dans le froid. Peut-être que Steviah est la Sirius Freylior de son fils et qu'elle le gardera dans la lumière. Walburga lève sa baguette et murmure. Rapidement, un brasier prend le manoir et elle se met en marche. Elle marche alors que le vent souffle et elle inspire profondément.

Arrivée au bord de la falaise, elle regarde l'horizon et sourit, elle est libre. Tenant toujours la lettre de Sirius, elle la lâche et elle s'envole, elle s'envole tout comme Walburga avant que son corps ne retombe lourdement sur les rochers entourés de vagues rugissantes. Et un sourire flotte sur son visage inerte, à jamais libre.

Dans le silence morbide, le crépitement du feu s'élève doucement et le manoir s'écroule, réduit en cendres, car là, s'éteint la noble et plus ancienne maison des Black parce qu'au fond, Sirius n'a jamais été un Black. Il est peut-être né d'Orion, mais la lumière que Walburga gardait, celle que Sirius a fait vivre, était dans son fils.

𝘁𝗵𝗲 𝗿𝗶𝘀𝗲 𝗼𝗳 𝗹𝗮𝗱𝘆 𝗯𝗹𝗮𝗰𝗸 →  𝑤𝑎𝑙𝑏𝑢𝑟𝑔𝑎 𝑏𝑙𝑎𝑐𝑘Où les histoires vivent. Découvrez maintenant