Premier

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Le parquet craque. Doucement et lentement, puis le bruit grinçant du bois qui s'affaisse entre les marches du deuxième étage retentit de plus en plus. Mes oreilles se mettent à siffler et à cet instant, je n'arrive pas à déterminer si cela est dû à l'appréhension d'être découverte ou le commencement d'un énième acouphène.

- Léana... Léana Hartson !

Je ne peux m'empêcher de laisser un rire m'échapper lorsque j'entends le pas lourd et sec d'Arthur passer devant l'armoire dans laquelle je me suis réfugiée. Bien qu'elle soit poussiéreuse et qu'elle dégage une forte odeur de vieux livres et de tissus drapés dépassés de mode depuis bien longtemps, aucun de mes frères n'a jamais pensé jusqu'à maintenant à y jeter un œil lorsque je m'y cachais petite. Aujourd'hui, je suis bien plus à l'étroit entre ces quelques planches de bois qui menacent de tomber au moindre mouvement.

Alors que je gamberge sur la manière dont je pourrais éviter la stupide soirée de gala de ce soir, la double porte en bois de ma petite cachette s'ouvre dans un vacarme, laissant s'échapper un épais nuage de poussière.

- Léana... Espèce de vilaine poule déplumée, je te jure !

Arthur me saisit le bras avec rapidité et me sort de ma cachette désormais découverte. Je me retrouve subitement face à ses cheveux mélangés sur son front en un rideau blond alors que je sens son regard brûlant se poser sur moi.

- Comment tu m'as trouvé ? Je demande, bien trop surprise pour m'attarder sur son agacement.
- La prochaine fois évite de ricaner comme un petit porcelet quand on passe devant ta planque.

Il lève les yeux au ciel comme exaspéré par cette armoire bien trop petite pour moi. Après un bref coup d'œil à cette dernière, son attention se reporte sur moi.

- Et ton pied dépassait, il soupire. C'est vraiment là-dedans que tu te cachais toutes ces années ? J'ai toujours pensé que c'était Zac qui te donnait les meilleures cachettes !
- Non, je lui lance amère de m'être fait prendre. Tu étais juste trop idiot pour me trouver.

Je siffle entre mes dents lorsque je le sens pincer mon bras encore dans sa main. Bien que je le sente agacé, Arthur finit simplement par se tourner vers moi pour m'offrir son meilleur sourire satisfait. D'un mouvement, il me traîne derrière lui au travers des dédales de couloirs du manoir Hartson et une grimace se forme sur mes lèvres lorsque je me souviens de la raison pour laquelle il me cherchait. Arthur semble le sentir après plusieurs coups d'œil derrière son épaule.

- Ce n'est qu'une soirée Léana, il annonce. Un sourire, quelques bonjours et tu pourras retourner à tes vieux bouquins.
- Eh ! Je te trouve bien enthousiaste pour quelqu'un qui critique depuis des années le gala de papa.
- Sauf que cette année, il y a quelque chose de très intéressant.

Arthur lâche mon bras et j'aperçois la porte de ma chambre au bout du couloir.

- Quelque chose d'intéressant ? Je répète, intriguée.

Arthur ne trouve jamais rien d'intéressant, ça serait bien la première fois. Il m'offre simplement un clin d'œil avant de repartir à grandes enjambées vers son étage. À l'instant où ses mèches blondes disparaissent derrière l'escalier, une seconde main puissante me saisit cette fois-ci par l'autre bras pour me traîner dans ma chambre. Il faut croire que la paix dans cette maison n'existe pas.

- Je ne vais pas fuir Penny, je lance d'une petite voix. J'ai bien l'impression que je vais être obligé de porter cette fichue robe.
- Merci mademoiselle de vous montrer si compréhensive pour une fois.

Le Lys d'Argent [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant