IV- UN PEU D'HUMANITÉ

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Mars, Las Vegas, États unis

Une larme coule, en dépit de la présence de mon ravisseur. Repenser à lui me fait tellement de mal... plus que je ne voudrais l'admettre.

Il a toujours été là pour moi, et le perdre de cette manière a été tellement brutal...

Mes préoccupations négatives sont brusquement coupées par le bruit d'un flingue qu'on arme. J'ouvre rapidement les yeux, et découvre mon ravisseur, qui me vise calmement de son revolver. Je tressaille, et fixe un point invisible sur le mur.

Je tente de contrôler ma respiration, et de ne pas bouger. Liam m'a assuré qu'il ne me ferait pas de mal, mais peut-être est-il trop gentil pour ce monde ?

Il ne se rend sûrement pas compte du danger ambulant qu'est son meilleur ami. J'essaye de mesurer le ton de ma voix, et lui demande posément :

-Pourquoi est-ce que vous me visez ?

Il vise le mur derrière moi, et tire. Le bruit de la détonation m'effraie, mais je conserve mon masque feint d'assurance. J'imagine l'impact de la balle dans le mur, sans oser me retourner.

-Pleure encore, et la prochaine balle, elle se logera dans ta tête.

-Vous êtes vraiment... sans cœur, ça arrive à tout le monde de pleurer,  murmuré-je.

-Que j'ai encore mon organe ou non ne te regarde pas, alors dégage.

Je ne bouge pas d'un centimètre. Ai-je bien entendu ?Que je dégage ? Mais pour aller où ? La colère prend le dessus, tant pis pour la peur qu'il me procure !

-Mais merde, si vous ne vouliez pas de moi, fallait pas me kidnapper !

-Crois moi, Tess, je ne l'ai pas fait par plaisir, ni par choix.

-Alors relâchez moi, bon sang !

-C'est un non catégorique.

Après de longues minutes de silence, il finit par baisser son arme puis la range. Il soupire, se passe une main dans les cheveux, en proie à une profonde réflexion. Il finit par se lever du canapé, et me fait signe de le suivre.

Je m'exécute à contrecœur, et laisse mes yeux dérivés le long de la décoration. Seul très peu de choses ornent les murs pâles de cette maison.

Quelques cadres par ci par là me font comprendre que la maison n'est pas abandonnée, mais leurs touches de noir et de gris ne rendent que plus ternes les cloisons du bâtiment.

Nous bifurquons à la fin du couloir, et je vois avec soulagement que nous dépassons l'accès à la cave. Enfin un peu d'humanité.

Il s'arrête en fin de compte devant une énième porte, finalement peu différente des précédentes. Il l'ouvre, et j'aperçois une chambre.

Il entre, et je pénètre à mon tour dans cette pièce dépourvue d'animosité, comme l'était la cave auparavant.

Un lit double se dresse sur un côté de la salle, tandis qu'une commode se tient près du versant opposé. J'aperçois une salle de bain attenante à la pièce.

L'enfoiré. Il avait cette chambre depuis le début, et il a préféré me laisser moisir dans le cellier.

-Que ce soit bien clair, je fais ça uniquement pour Liam, parce que je sais que, s'il revient et qu'il te retrouve dans la cave, je vais avoir droit à un sermon, et loin de moi l'envie de devoir écouter ses petites crises à deux balles.

Il sort finalement, après ce discours des plus sincères. Comment Liam fait-il pour rester à ses côtés ? Ace ne le mérite pas. À moins qu'il y soit forcé ?

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