BEHIND ME

5 | Nouvel Hasard

Université de Denver
21/08/2022

Ne plus être maîtresse de mon corps, c'est l'émotion qui me submerge à cet instant précis. Je me sens spectatrice impuissante de mes actes et de mes erreurs, sans pouvoir m'y opposer.

Pour certains, cela peut être une façon de lâcher prise, de se reposer. Pour d'autres, c'est un moyen de se punir, de s'infliger de la douleur pour satisfaire une étrange satisfaction.

C'est un cercle vicieux qui ne prend fin que lorsque l'univers envoie quelqu'un pour nous sauver.

Se faire du mal, regretter, vouloir se punir en s'infligeant davantage de douleur, puis regretter encore, et ainsi de suite. Le processus ne s'arrête pas tant que je ne me prouve pas à moi-même que je tiens les rênes.

Les pensées tourbillonnent dans mon esprit tandis que je vide ma deuxième bouteille de la soirée.

Cette bouteille va à l'encontre même de mes valeurs.

C'est là que l'on prend conscience de la perversité de l'alcool. Je me fais du mal en perdant le contrôle, alors à quoi bon vouloir me punir dans ce cas ?

Je pose la bouteille sur le plan de travail de la cuisine, désormais maculé de boissons renversées, de gobelets vides et d'autres choses que je peine à distinguer.

La musique en arrière-plan semble étouffée, comme si j'étais plongée au fond des océans, tandis que chaque mouvement des personnes autour de moi semble ralenti.

Je me lève de la chaise que j'occupe depuis probablement plusieurs minutes et je m'avance vers la sortie en chancelant, oscillant d'un côté à l'autre, bousculant légèrement quelques jeunes sur mon passage.

Arrivée à la porte, un coup de vent violent fouette mon visage en sueur. L'air frais pénètre dans mes narines, je ferme légèrement les yeux, puis je continue ma progression le long de l'allée de la maison, qui conduit à la route principale faiblement éclairée.

Mes pensées s'entremêlent, je n'arrive pas à me concentrer sur une seule chose. C'est étrange d'être ivre, l'une des rares fois où je me laisse aller.

Heureusement, mon côté raisonnable et responsable est toujours éveillé, et je décide de rentrer au campus, même si je dois marcher.

Soudain, un klaxon me fait sursauter alors que je titube dans l'obscurité. Je tourne la tête, mais les paroles de la voiture m'aveuglent.

La voiture avance et se place à côté de moi, puis le conducteur, je suppose, baisse la vitre.

Oh non.

- Laisse-moi tranquille, je lui demande d'un ton blasé en continuant à marcher.

- Tu vas ou ? me demande-t-il en avançant avec sa voiture.

Pourquoi est-ce qu'il veut toujours savoir où je vais ?

- Au campus.

- Ah oui, c'est vrai que tu connais le chemin, ironise-t-il.

Merde, j'ai complètement oublié que je ne me souviens pas de la route que j'ai prise avec Dash.

- Je vais appeler quelqu'un, laisse tomber...

- Dash est occupé, il ne pourra pas te ramener comme tout à l'heure. Monte.

J'aurais dû m'en douter. Aria m'avait confié que Dash et le frère de Marco sont meilleurs amis. Il n'a pas tardé à le lui dire qu'il m'a ramenée.

Il se penche et ouvre la portière de sa somptueuse Rs8 noire. Je ne connais pas les modèles de voitures, soyez indulgents...

- J'imagine que je n'ai pas le choix, dis-je en m'installant contrarié, dans la voiture à ses côtés.