Yaoundé, Cameroun.
De nos jours.
Merde.
Je regarde la porte close en bois devant moi avec une furieuse envie d'abattre mon pied dessus. Mais mes chaussures m'ont coûtées trop chères pour que je les abime.
Même respirer me dépasse tant ma tension est élevée. À peine ai-je mis les pieds au pays que la mort est à mes trousses. Mieux je restais à Cape Town et les laissais se débrouiller avec leurs problèmes.
Je souffle et prends le chemin de la sortie du cabinet, un peu plus aigrie que ce matin. Et comme ce n'est pas ma journée apparemment, il se met à pleuvoir à peine ai-je franchi les portes d'entrée.
Respire Jennifer, respire.
Je fais marche arrière et pars prendre place sur l'un des sièges de l'accueil. Je récupère mon téléphone dans mon sac et ouvre l'application de taxi pour en commander un. Mais comme je le disais tantôt, j'ai passé un casting sans le savoir pour que ma vie soit un remake des Malheurs de Sophie —maintenant ceux de Jennifer— parce que je ne comprends pas comment d'un coup mon téléphone ne capte plus de réseau! Je cherche mon second téléphone dans mon sac dans l'espoir que celui là capte une barre mais évidemment, il s'agit des Malheurs de Jennifer car je ne suis pas sortie avec lui. Et pour s'aligner au reste, ce maudit bâtiment n'a pas de wifi. Non mais c'est quel genre de cabinet qui n'a pas de point d'accès ? En tout cas, bravo Ada! Bravo! Quand on dit de prier avant de sortir et quand on se lève, regarde maintenant les conséquences. Bravo mademoiselle.
Je regarde l'heure, 13h42 et j'ai envie de pleurer. Et de cogner quelqu'un. Et de me rouler par terre. Et peut-être d'aller me suicider.
Putain de merde mes ancêtres ont insulté qui pour que j'écope maintenant ?
Avec tout ce qui se passe depuis le matin, que dire, depuis des jours, ma patience m'a complètement lâchée et mon coeur est prêt à éclater.
Je porte mes écouteurs à mes oreilles et lance ma playlist "Zen et calme" qui est devenue ma favorite depuis deux semaines, depuis que ma mère m'a appelée pour me gâcher l'existence alors que je vivais ma meilleure vie en Afrique du Sud. Je crois que ma pression artérielle a augmenté drastiquement entre temps et la mort n'est plus loin. Non je ne vais pas mourir, ma mère va m'en empêcher et me ressusciter pour que je ne la laisse pas dans le bourbier dans lequel elle s'est mise.
J'aurai dû ne pas répondre à son appel, je sentais bien que je n'aurais pas dû, voilà ça qui a payé.
Et la facture est bien salée en plus.C'était le lendemain d'une soirée arrosée avec Marc et quelques de mes camarades, une soirée épique soit dit en passant. J'étais allongée sur mon lit avec une gueule de bois me donnant envie d'échapper à mon corps lorsque mon téléphone s'est mis à retentir tel un objet maudit dans la pièce. Et au lieu de le mettre sous silencieux comme une personne normale l'aurait fait, j'ai répondu à l'appel plutôt.
«Jenni, c'est grave, on va saisir la maison»
Pas de "Bonjour Jenni, comment tu vas? " Rien, zéro, nada, ma mère et la politesse ça fait souvent deux. Tôt le matin on m'agresse seulement comme ça.
J'ai d'abord cru que c'était l'alcool dans mon corps qui me donnait des hallucinations auditives mais non, malheureusement. Je n'ai pas bien saisi ce qu'elle m'a dit tellement j'étais HS et qu'elle parlait vite. La seule chose qui a fait que je me reconcentre sur ce qu'elle disait malheureusement, est le «Dépêche toi de rentrer pour régler cette situation, on a urgemment besoin de toi» avant qu'elle ne coupe l'appel et moi d'aller dégueuler dans le bidet.
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Forbidden love
General FictionFiancée, Jennifer est prête à entamer un nouveau chapitre de sa vie, cependant le destin s'entremêle et les choses prennent une toute autre tournure lorsqu'Omar, le frère de son fiancé refait surface. Une connexion inévitable se forme entre eux, don...