Forbidden love

P R O L O G U E

 
5 ans plus tôt

Durban, Afrique du Sud.

-Si vous voulez vous suicider vous pourrez trouver de meilleurs endroits pour ça. Ça sera rapide et je ne crois pas qu'on retrouvera votre corps, me dit une voix d'homme en anglais. 

Je ne peux m'empêcher de sursauter, surprise et me tourne vers l'homme qui venait de m'adresser la parole.

À cause du manque de luminosité, je ne parviens qu'à voir sa silhouette et quelques légers traits de son visage, mais je n'arrive pas à me faire une image. Il est à 4 mètres de moi, et je me demande ce qu'il peut bien faire à la plage à 2h du matin. Moi j'ai mes raisons, mais lui ?
Avant de pousser ma réflexion trop loin, j'ai un rappel mémoire de ce qu'il venait de dire.

-Je ne suis pas venue pour me suicider, je lui réponds toujours en anglais.

-Camerounaise ? Il me demande et je suis assez surprise qu'il ait vite deviné.

J'ai failli lui demander « vous aussi ? » mais son accent ressemble plutôt à ceux des anglais et je viens de me rappeler que je suis seule en pleine nuit, sur une plage loin de la civilisation et qu'il peut me faire du mal. RIP à moi-même, ça m'apprendra. Au moins j'aurai mis les pieds dans un avion.

-Oui et vous ? Je prends qu'en même la peine de répondre sans savoir pourquoi.

-Si vous n'êtes pas là pour vous suicider, qu'est ce qu'une jeune femme peut faire à cette heure ici ? Vous savez que ce n'est pas prudent, des voyous peuvent roder, il me dit en ignorant ma question.

-Et vous ? Vous êtes là pour vous suicidez ? Je lui demande en éludant sa question, avec un petit sourire en coin qu'il ne peut pas voir.

-Il y a de meilleurs endroits pour ça, je prends de l'air c'est tout, il répond.

-Moi également, je prends de l'air. Vous êtes sûr que vous n'êtes pas un agresseur ? Autant le dire maintenant et vous commencez votre travail. On gagne en temps et j'évite d'espérer voir le jour tout à l'heure.

Un son qui ressemble à un ricanement puis qui se transforme en un rire me parvient aux oreilles et je vois l'inconnu se courber.

-Mais d'où sortez vous ?  Il dit finalement après avoir difficilement contrôlé sa respiration.

Ladies and Gentlemen, en plus d'avoir une voix magnifique, cette homme a un beau rire. Je ne savais pas que le rire d'un homme pouvait autant bien sonner dans les oreilles. D'habitude c'est comme pour les hyènes.

-Ah ah ah, très drôle. Donc je peux conclure que vous n'êtes pas un agresseur prêt à me faire du mal ? je demande.

-Non je ne suis pas un agresseur, non je ne vais pas te faire du mal, il répond avec son accent prononcé et je me demande si on peut avoir un coup de foudre juste par la voix.

On reste quelques secondes ou minutes sans rien se dire, face à face sans qu'on ne puisse voir totalement le visage de l'autre. Le silence n'est pas gênant ou pesant, du moins de mon côté. Mais je finis quand même par le briser.

-Je viens d'arriver en Afrique du Sud, ça ne fait même pas encore une semaine, c'est pour les études, peut-être aussi y faire ma vie. Dire que je suis stressée et pétrifiée est un euphémisme. Je me pose pleins de questions. Est-ce que je vais pouvoir m'en sortir ? Et si mes rêves étaient trop stupides ? Je n'aurai dû plutôt écouter ma mère ? Et si j'échoue ? Bref je ne sais pas pourquoi je vous dis ça, désolé, je finis par me rattraper.

Mais le peu que j'ai pu sortir m'a fait du bien. Ça fait un moment que je remets en question mes choix et les évènements passés n'ont pas permis que la situation s'arrange, pire elle s'est  aggravée.