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Assise sur une chaise de la cuisine, une tasse de tisane à la camomille fumante devant moi, je ressasse tout ce qui s'est passé depuis que je suis revenue dans cette ville. Séjour riche en émotions, j'ai atteint tous les pics sauf celui de la joie. Même en admirant la bague scintillant élégamment sur mon doigt, je n'arrive pas à ressentir cette euphorie habituelle que l´on ressent lorsque l'homme qu'on aime nous demande en mariage. J'ai essayé mais cela n'est malheureusement pas possible.

Au lieu de cela, c'est plutôt un «merde, qu'est ce que j'ai fait?» qui se balade dans mon esprit. Jusqu'à présent je ne sais pas si j'aurai un nouveau regain de sentiments pour Jordan, mais ce que je sais est que tout de suite là en toute honnêteté, je n'ai pas vraiment envie de me marier avec lui. Je l'aime beaucoup, énormément même, mais pas au point de vouloir passer ma vie avec.

Or, il y a six mois les choses étaient différentes. S'il me faisait sa demande à cette période j'allais être la première à pleurer de joie. Mais aujourd'hui les choses ont changé, j'ai l'impression d'avoir changé. D'un autre côté, pas tant que ça.

Je prends une gorgée de ma boisson afin de me détendre. Ces dernières semaines ont été énormément stressantes pour moi, en plus du fait que je suis sans emploi. Je jette un nouveau regard sur la bague, des images de Jordan se baladent dans mon esprit. Jordan, beau, gentil, attentionné, le petit ami parfait qui m'a toujours soutenue.

Je soupire, embêtée.

Ça doit être la mauvaise énergie de ces derniers temps qui fausse mon jugement et mes sentiments. Qui m'empiètre dans quelque chose que je vais regretter plus tard. Je n'y vois pas clair pour le moment mais quand le nuage noir se baladant au dessus de moi se dissipera, ma vision sera plus limpide, du moins j'espère.

Aussi, même si rien ne s'arrange, je ne peux décemment pas quitter Jordan. Ça serait ingrat de ma part, énormément. Et tellement méchant. Pas après tout le soutien dont il m'a été et est jusqu'à présent. Il a été avec moi à chaque épreuve de ma vie depuis que l'on se cotoie, beaucoup plus présent que ma famille, et il mérite d'être heureux. Et si je peux être actrice de son bonheur, alors je le ferai. Et puis il est quelqu'un qu'on aime facilement, je n'ai qu'à relancer la boucle, ne plus trop me poser de questions et le tour est joué. Du moins j'espère.

Trop perdue dans mes pensées, je n'ai pas entendue ma mère entrer dans la cuisine. Ce n'est que lorsqu'elle fait un vacarme avec les casseroles que je me rends compte de sa présence et me dépêche de cacher ma main gauche sous la table. Je suis encore assez troublée pour venir ajouter les speechs interminables de madame Ella sur la chance que j'ai, sur comment garder un homme, sur comment je dois me sentir honorée et cetera, bref, flemme.

— Bonjour Jennifer, elle me salue.

— Bonjour maman, je réponds en buvant une gorgée de ma tasse.

— Tu as pu parler à Jordan à propos de la maison? Elle demande.

— Non, j'en n'ai pas eu l'occasion. Peut-être aujourd'hui que je vais le faire.

— D'accord. J'ai rêvé qu'il a acheté la maison pour nous la faire louer, j'espère que ça va juste rester un cauchemar et que ça ne se réalisera pas, elle dit en frissonnant.

— Même s'il le fait, c'est son droit. Elle lui appartient désormais, je rétorque.

— S'il voulait être propriétaire, il n'avait qu'à acheter une autre maison et non celle-ci. Mais bon, ça n'arrivera pas. On va se mettre à débattre sur quelque chose qui n'existe pas. Et j'aimerais que tu ailles récupérer pour moi quelque chose chez la bonne de Jordan.

— Nanny n'est pas sa bonne pour ton information. Et je crois te l'avoir dit déjà.

— C'est elle qui s'occupe du ménage, de la cuisine, n'est pas un membre de sa famille et est rémunérée pour ça. Tu appelles ça comment ? Bref, gouvernante si tu veux.

Forbidden loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant