Elizabeth se réveilla en hurlant. Elle s'était redressée d'un seul coup, à la limite de se cogner la tête contre le tuyau qui passait au-dessus. Du sombre cauchemar qui l'avait étreint, ne lui restait que la sensation d'un corps lourd et visqueux au-dessus du sien, une odeur de rance et des flashs de lumière. Elle fut prise d'un violent haut le cœur. Elle entendit les pas de l'homme qui habitait la cabine au-dessus. Il frappa trois petits coups.
- Vous allez bien ?
Sa voix, chaude et agréable, permit à Elizabeth de s'ancrer dans la réalité. Oui, elle était saine et sauve. Depuis plusieurs mois maintenant. Elle bredouilla.
- Oui, tout est ok.
Elle l'entendit soupirer. Elle ne l'avait jamais vu, ils ne se connaissaient que par leurs voix. Oh, elle avait bien une chambre partagée avec une autre fille, Tara, quelque part dans les quartiers alloués aux humaines, mais elle ne s'y sentait pas en sécurité. Elle cauchemardait les yeux ouverts. Elle ne se sentait en sécurité que dans les entrailles du vaisseau, là où aucun des aliens qu'elle avait rencontrés ne pouvait la suivre. Elle se répéta qu'elle était saine et sauve. Cela faisait trois mois qu'elle avait été sauvée par ces espèces de barbares de l'espace. Enfin, s'ils en avaient l'air, ils n'en étaient pas réellement. Pas pour savoir construire et piloter des stations entières, des vaisseaux de guerre et mettre au point des missions de sauvetage à des années lumières. Elle n'avait pas été malmenée, bien qu'elle ne soit pas très à l'aise avec ces mâles trop sûrs d'eux. Mais elle ne pouvait s'en empêcher. Elle était terrifiée. Elle avait été la dernière à être récupérée. Elle ignorait si toutes les femmes avaient été retrouvées, ou si certaines ne s'en étaient pas sorties. Mais elle avait passé six mois en captivité, droguée, violée et torturée. Six mois c'était une éternité.
Avant son enlèvement, elle ne savait pas que les aliens existaient vraiment. Enfin, elle se disait bien qu'étant donné la surface de l'espace, il devait bien y avoir d'autres vies existantes, mais aucun des humains n'en avaient jamais fait l'expérience. La sueur l'avait refroidie. Elizabeth frissonna. Elle se dépêcha de rejoindre sa cabine. L'autre fille n'était pas là. Vu l'heure, elle devait être à la cafétéria, en train de diner avec les autres. Elle prit une douche rapide. Enfin ce n'était pas vraiment une douche. C'était une sorte de mousse lavante. Elizabeth préférait ça d'ailleurs à une véritable douche. Ca n'avait jamais été une partie de plaisir. Elle en prit deux autres quand même avant de s'estimer lavée de ce cauchemar. Elle ne profita pour faire un peu de ménage, histoire que Tara ne soit pas la seule à tout faire, et s'évada avant même qu'elle soit rentrée.
Direction le hangar et le pont d'envol. Elle s'y était faite une petite place auprès des mécanos, grâce à sa petite taille, elle pouvait se faufiler dans des endroits où eux ne pouvaient pas le faire. Elle leur évitait ainsi de tout démonter à chaque fois, ce qui économisait plusieurs heures de travail. Elle y travaillait de nuit, bien qu'il n'y ait jamais grand monde sur le pont d'envol en dehors d'un départ en mission. Elle rencontrait ainsi moins d'aliens mâles, moins d'aliens tout court en fait. Et c'était paradoxal parce qu'elle s'était toujours sentie plus à l'aise avec les hommes qu'avec les femmes. Mais plus aujourd'hui. Elle n'était plus à l'aise avec personne.Le problème, lorsqu'on est coincée sur une station stellaire, à plusieurs années lumières de la terre, où l'on ne peut pas rentrer, c'est que l'on s'ennuie rapidement. Elizabeth s'était donc résolue à prendre contact avec un ou deux aliens dont elle avait moins peur, et s'était donc fait sa place de micro-mécanicienne.
Hors départ en mission, Il n'y avait que quatre mécanos de nuit sur le pont d'envol et le hangar derrière. Clotare, le chef d'équipe, brun, le cheveu raide toujours attaché en épi sur sa nuque. Artas, spécialiste en électronique embarquée, brun aussi, dont les boucles courtes ne dépassaient pas les oreilles, avait un putain de sourire charmeur. Le genre de mec qui pose dans les magazine juste grâce à ce sourire parfait. S'il n'y avait eu un corps parfait en dessous. Keren, chatain, une peau brune à faire paraitre l'ébène pour un bois clair, lui avait fait peur la première fois qu'elle était arrivée en furetant sur le pont. Planqué dans l'ombre, elle ne l'avait pas vu. Elle avait hurlé comme une banshee quand elle l'avait vu, et lui avait balancé son sac à la figure. Elle avait été contrainte de s'excuser platement plusieurs fois par la suite, la honte chevillée au corps, tandis que ses collègues se marraient comme des baleines. Depuis, le malheureux se prenait des vannes à la moindre occasion. Heureusement, il était le premier à en rire. Le dernier mécano, Deran, était spécialisé dans les systèmes de propulsion. Aka les moteurs et l'équivalent de leur kérosène. Et quand elle arriva sur le pont d'envol, elle l'entendit jurer, bien qu'elle ne comprît pas les injures, non traduites par son implant. Elle le vit à peine quelques instants plus tard, en train de s'essuyer la figure avec un torchon, ruisselant d'huile bleue. Elizabeth ne put retenir un gloussement.
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La station Taraxienne
Science Fiction"Romance extraterrestre" revue et corrigée par mes soins. La Terre a été découverte récemment par des extra-terrestres, qui y ont vu un vivier d'esclaves à piller avant que les divers empires galactiques ne placent la planète sous protection. Les T...