Chapitre 1

16 2 2
                                    

Je frotte mes yeux alors que la lumière envahie déjà ma chambre. Je lance un regard vers mon réveil et me rend compte que, comme d'habitude, je suis réveillé avant même qu'il sonne. Je me redresse alors que la porte vient de s'ouvrir. Dans l'encadrement, mon père m'observe. Je le savais de retour de son voyage d'affaire, mais je pensais qu'il s'octroierait une grasse matinée, vu l'heure tardive à laquelle il est rentré.

— Ton petit-déjeuner t'attend. Dépêche-toi, tu veux ? Je déteste quand tu n'es pas à l'heure pour les repas.

— Je serais là dans une minute.


Il me lance un regard dédaigneux et sort en claquant la porte. J'enfile un t-shirt et un jean avant de descendre. J'embrasse la joue de ma mère en passant et elle me colle une assiette de pancakes entre les mains. Je m'installe et l'homme que ma mère a épousé il y a vingt ans repose son journal. Il croise ses bras sur son torse et me fixe alors que je m'apprêtais à manger une première bouchée. Je sais que le sujet qu'il s'apprête à aborder ne va pas me plaire, mais je n'aurais pas le choix de lui répondre. Il ne me laissera pas m'en sortir aussi facilement.

— Qu'est-ce que ça a donné, tes cours particuliers, cet été ?

— Je suis à jour dans toutes les matières. Je suis plus près que jamais pour les examens de fin d'année.


Il me fixe et attrape une feuille qui était posée un peu plus loin. Je la reconnais aussitôt et je mords l'intérieur de ma joue. Il ne va pas me lâcher, cette fois. Je ne lui ai pas vraiment menti, j'ai progressé dans chacun des cours que j'ai, mais les maths restent compliquées pour moi et je n'arrive pas à aller au-delà du C+. Je reste inlassablement bien au-dessous du niveau que mon père exige de moi. Il veut que je sois le meilleur dans tous les domaines et je tente au mieux de le satisfaire, mais ce n'est pas chose aisée. En plus des cours, je dois être irréprochable dans mon comportement et je dois être le meilleur de l'équipe de football du lycée. Si je foire dans un seul domaine, mon géniteur est capable de péter un câble. Il ne veut pas que son fils soit un raté, ce que je peux parfaitement comprendre, mais la pression qu'il me met est parfois trop forte et c'est de plus en plus dur de tenir le coup, de ne pas craquer. Ma mère m'a plusieurs fois aidé à ne pas sombrer et je ne peux que lui en être reconnaissant. La savoir à mes côtés constamment est un réel plaisir.

— J'aimerais que tu m'expliques ce que c'est que ça, dans ce cas.

— C'est la seule fois où ma note a été aussi mauvaise. J'ai tout réussi à la perfection, sinon. Papa, s'il te plaît, ne commence pas alors que la rentrée n'est pas encore passée.

— Je prépare ton avenir, petit con. Les entreprises que je gère, ce n'est pas pour moi que je fais ça, mais pour toi. Tout ce que je veux, c'est avoir un héritier digne de son nom. Et c'est à cause de toi si je n'en ai pas à l'heure actuelle.


Mon cœur se serre quand je comprends qu'il m'en veut toujours autant et que ça sera le cas toute ma vie. Je baisse les yeux sur mon verre de jus de fruit alors qu'il continue à me conter à quel point je suis décevant pour lui et à quel point il me déteste. Ma mère pose ses mains sur mes épaules et commencent à les masser avec douceur. Elle sait à quel point c'est compliqué pour moi. Elle fait tout pour que je me sente le mieux possible, mais à chaque fois que mon père est dans les parages, c'est la même chose. Je suis stressé et plus tendu que jamais, dès l'instant où je me retrouve dans la même pièce que lui. Je suis incapable de ne pas être sous son emprise totalement quand il est là et j'aimerais que ça change, mais son comportement et sa façon de vouloir m'éduquer m'effraient plus que je ne veux bien l'admettre.

KalebOù les histoires vivent. Découvrez maintenant