Chapitre 5

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Il claque la porte et ma mère débarque dans la demi-seconde. Elle vient me prendre dans ses bras. Pourtant, son époux ne le voit pas de la même façon, m'attrape le poignet et m'entraîne dans son bureau. Je tente de me soustraire à sa prise, pourtant c'est impossible. Ma respiration se coupe une seconde quand il me positionne, sans le vouloir, pile à l'endroit où j'étais en fin d'après-midi. Il contourne le meuble central et se laisse tomber dans son énorme fauteuil.

— Répète ce que tu as dis dans la voiture, Kaleb.

—C'est pas...

— Assez !


Je frissonne et il semble s'en rendre compte parce qu'il se rapproche du bureau en chêne. Le temps qu'il recule, j'aurais le temps de m'enfuir si besoin. Il le fait pour me donner une porte de sortie. Et je lui en suis reconnaissant.

— J'aurais pas dû le dire. Pardon.

— Bien sûr que si au contraire ! C'était quand, la dernière fois ?

— Avant notre départ pour Washington. Maman était chez le coiffeur et il est arrivé plus tôt juste pour pouvoir...


Je vois la mâchoire de mon père se crisper une demi-seconde avant qu'il ne balaie tout ce qu'il y a sur le meuble devant lui. Je recule d'un pas, mes poumons se relâchant peu à peu. Mes mains tremblent légèrement alors qu'il repose ses yeux sur moi. J'avale difficilement ma salive.

— C'était régulier ?


Je hoche la tête, ma gorge refusant de m'obéir. Il ferme les yeux et inspire profondément. Je me racle la gorge et il pose son regard sur moi.

— Chaque mercredi. Quand il vient me chercher à l'entraînement. On fait toujours un détour chez lui pour... Ce genre de chose.


Il se lève, furieux et mes muscles se crispent. Il s'approche et alors que j'imagine qu'il va me cogner, il me contourne, sort et claque la porte. Je compte jusqu'à cent-quatre-vingt avant de sortir de la pièce et de me diriger vers ma chambre. Ma mère ouvre la bouche quand je la croise, mais je l'ignore et m'enferme dans la pièce qui m'est réservée. Je me laisse tomber dans mon lit et attrape mon téléphone pour la première fois depuis que je suis rentré des cours. Je soupire en appelant Koa.

Kal ! Est-ce que tu vas bien ? On commençait à tous paniquer, là. Kai est en route pour venir chez toi.

— Envoie lui un message et dis-lui que ça sera pas nécessaire. Je vais bien. Mon père avait simplement organisé un dîner à la villa et tu sais que je n'ai pas le droit de toucher à mon téléphone pendant le repas. Je suis désolé de ne pas vous avoir envoyer de message pendant que je me préparais. J'aurais dû y penser, mais ça m'était sorti de la tête.

Donc tu vas bien ?


Je souris quand j'entends le soulagement dans sa voix. Très vite, j'entends qu'on l'interpelle et je souris en coin en reconnaissant la voix de son camarade d'espagnol.

— Je vais bien. Retourne à tes occupations avec je ne sais qui.

La ferme, crache-t-il. C'est trop tard de toute façon, tu as ruiné l'ambiance, en m'appelant.


Mon cœur se serre et mon cerveau commence à réfléchir à ce qu'il vient d'entendre en m'excusant avant de raccrocher.




J'entre en cours juste avant que le prof ne ferme la porte. Il me détaille du regard alors que je m'installe aux côtés d'Alaïa. Elle glisse une feuille vers moi et je pose mes affaires dessus pour ne pas avoir à faire face aux conséquences de la soirée d'hier tout de suite. Il faut que je me remette des douze dernières heures avant d'en parler avec qui que ce soit.

KalebOù les histoires vivent. Découvrez maintenant