Je pousse la porte et remarque aussitôt l'euphorie qu'il y a. Je fronce les sourcils et retire mes chaussures que je glisse à leur place alors que ma mère sort du salon, dans une tenue élégante du genre de celles qu'elle ne porte que lorsqu'il y a des repas organisés à la maison. Un Oh non m'échappe avant que je ne puisse le retenir et elle s'approche, un sourire plaqué au visage.
— Ton costume t'attend sur ton lit. Et ton père veut te voir dans le bureau. Il est avec Alec.
Je fronce les sourcils et me dirige vers la pièce. La porte est ouverte et je toque légèrement. Mon parrain se tourne, mon regard accroche le sien et je roule des yeux. Noah Stevens. Mon nouveau prof de maths est le frère de l'associé principal de mon père. J'entre et un geste me fait comprendre que je dois fermer la porte. J'obtempère et quand je me remets face à lui, je prends un coup immédiatement. Contrairement à ce que ma mère disait, mon géniteur n'est pas là. Il n'y a qu'Alec et moi. Et j'aurais sans doute préféré que mon père soit là. Je n'ai pas vraiment le temps de comprendre quoi que ce soit que je me retrouve à genoux devant le meilleur ami de mon père après avoir pris un coup derrière les jambes. Il s'approche d'un pas et je recule mon visage, conscient que si je bouge autrement, je vais prendre la branlée du siècle.
— Quoi ? T'aimes plus ça ?
Je fronce les sourcils en le fixant. Je n'ai aucune idée de ce dont il parle. Il attrape la tablette qui est posée sur le bureau et je reconnais la pochette avant que l'écran ne se trouve sous mon nez. Une image d'une vidéo que je ne connais que trop bien pour l'avoir visionné dans les dernières vingt-quatre heures me fait me crisper. Je tente de reculer, mais mon parrain attrape mes cheveux et me force à lever les yeux vers lui.
— Quelle aubaine que Tyson m'ait laissé te passer l'envie de te faire défoncer comme la tapette que tu es. Comme avant. Comme quand tu me suppliais, dans ton lit.
— Je... C'est pas... Je suis pas...
Je prends un revers et ma tête ne reste droite que parce qu'il maintient toujours mes cheveux dans sa poigne de fer. Je sens les larmes me monter aux yeux avant que des coups ne soient cognés à la porte. Il me force à me remettre sur mes pieds et me colle ma tablette contre le torse. Je la retiens avant qu'elle ne tombe et me tourne dos à la porte quand il autorise la personne à entrer.
— Je voulais savoir si vous en aviez encore pour longtemps. Kaleb doit prendre une douche et les premiers invités arrivent dans moins de trente minutes.
Une main se pose sur ma hanche et je frissonne de dégoût. Il me pousse vers ma mère qui passe une main dans mes cheveux quand je passe devant elle pour rejoindre ma chambre. Je m'empresse de fermer à clé dès que je suis dans mon espace personnel et je m'appuie contre le panneau de bois, les mains tremblantes. J'attrape mon téléphone dans ma poche et cherche un contact. Le nom de chacun de mes amis s'affichent, mais je suis incapable d'appuyer pour appeler l'un d'eux. Mon doigt effleure l'écran au niveau d'un prénom que je connais par cœur. Je finis par appuyer sur le logo et colle l'appareil à mon oreille.
— Tu sais, me parvient sa voix dès qu'elle décroche, je me suis toujours dit que tu avais effacé mon numéro quand t'es devenu un vrai connard, au lycée.
— Jamais. Je... J'ai jamais pu. C'est...
— Eh ! Eh, eh ! Je suis là. Respires. Qu'est-ce qu'il se passe ? Il t'a fait du mal ? Il a dépassé les limites ? Il t'a cogné ? Ou alors c'est l'autre ? C'est Alec ? Il a recommencé ?
Les vannes s'ouvrent et je fonds en larmes, incapable de dire quoi que ce soit. Elle sait tout. Elle est la seule à tout savoir. Elle est la seule à pouvoir m'aider pour de vrai. Et je lui ai tourné le dos quand mon père est devenu sénateur, comme un idiot.
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Kaleb
RomanceQuand Kaleb entre en Terminale, il se dit qu'il n'a plus qu'une année à tenir. Le projet est simple : après avoir obtenu son diplôme, il quitte Los Angeles pour aller à l'autre bout du pays pour ses études. Ce qu'il n'avait pas imaginé, c'est qu'un...