Kaleb

Chapitre 2

Je m'installe au fond de la salle et détaille le nouveau prof du regard. C'est le pari de la seule fille à participer à nos conneries et il faut que je m'assure qu'elle ait potentiellement une chance. Son visage me parle vaguement, mais ne n'arrive pas à le remettre. Je n'ai pas l'impression de l'avoir déjà vu et pourtant, il me dit quelque chose. Je sors mes affaires alors que Koa s'installe à mes côtés. Je lui jette un coup d'œil et lève un sourcil. Il soupire mais se déplace, allant s'installer à côté de Jake, son pari de l'année. Je jure entre mes dents quand je remarque qu'Alaïa voulait visiblement la place. Elle s'approche et balance son sac à côté du mien.

— Tu me parles, je t'étripe, Hodges !

Je hoche la tête alors que Lyana et Casey, installés juste devant moi, se retournent en fronçant les sourcils. Je leur souris doucement pour les rassurer et fait signe à la brune de regarder l'homme qu'elle devra draguer. Elle me tire la langue, mais se remet face au tableau. Elle a peut-être ses chances. Il est relativement jeune et je pense que si elle veut vraiment, elle peut le faire. La blonde à mes côtés se tourne vers moi et fait une grimace de dégoût.

— Vous êtes des animaux dans ta bande d'abrutis ! C'est dingue d'être aussi con que vous ! C'est un prof, pour l'amour de Dieu !

— Laïa... S'il te plaît...

Je la vois serrer les dents, mais elle sort ses affaires en gardant le silence. Elle ne va rien dire et c'est tant mieux. Je soupire et fais comme elle, espérant réussir à la détendre. Il faut absolument que j'essaye de la remettre de mon côté. Si je veux mener à bien mon pari, il faut impérativement que je fasse tout mon possible pour me rapprocher à nouveau de mon amie d'enfance.

— Kaleb, vous resterez à la fin de l'heure. J'ai à vous parler.

Je relève vivement la tête et croise le regard de mon prof de maths. Celui-ci est en train de distribuer des feuilles sans me quitter des yeux. Je suis déjà catégoriser alors que je ne suis là que depuis cinq minutes. Ma voisine lâche un petit rire nerveux alors que mes cinq amis se tournent vers moi. Ils doivent s'interroger autant que c'est mon cas, mais ils savent très bien que je ne vais pas leur cacher la raison de ma convocation.

— Semblerait qu'avoir de l'argent apporte plus de privilèges qu'on ne le pense.

Le brun claque la fiche de renseignements sous mes yeux et je mords ma lèvre. Tous mes camarades se tournent vers moi et me dévisage et je rêve de pouvoir disparaitre. Mon père a visiblement décidé de fourrer son nez dans mes cours. Quand l'instructeur s'éloigne, j'inspire profondément. Une main se pose sur mon avant-bras et je me crispe. Je le retire et baisse les manches de mon sweat, non sans que ma camarade me lance un regard suspicieux. Je lui souris faiblement et passe une main dans ma nuque pour essayer de me décontracter.

— Il est revenu de Wash ?

Je hoche la tête et elle me sourit tristement. Elle sait très bien que je vis un véritable enfer quand mon paternel est dans les parages. Elle m'a vu grandir. Avant notre arrivée au lycée, nous étions inséparables depuis le berceau. Quinze ans d'amitié où elle a tout vu de ma vie. Elle sait que depuis mes neufs ans, les engueulades ne sont pas rares sous le toit de la famille Hodges.

— Tu sais... Mes parents demandent de tes nouvelles, parfois. Je crois que tu leur manques.

— Ils me manquent aussi.

— On... C'est stupide, mais je laisse la lumière, tous les soirs. Comme avant.

Ma gorge se serre quand je me rends compte que malgré les tensions et malgré mon éloignement, Alaïa n'a pas hésité à garder nos habitudes, comme si je n'étais pas parti de son entourage proche. Je lui lance un regard et je remarque qu'elle me fixe.