Chapitre 7

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– Kaleb ? Tu viens manger ?


Je ferme les yeux une seconde et soupire pour me donner du courage. Je vais en avoir besoin. Une explication va devoir avoir lieu et je le sais pertinemment. Il n'y a aucune chance que mon prof laisse la situation actuelle comme elle est. Je me redresse et enfile mon boxer. Je sais qu'il est dans la même tenue, dans la cuisine, alors ça ne devrait pas poser trop de soucis. Si je suis trop habillé, ça va lui donner l'impression que je veux fuir, ce qui est loin d'être le cas. Quand j'entre dans la pièce, il a posé le plat sur la table, déjà réchauffé. Je m'installe alors qu'il m'observe.

– Tu veux que j'aille me rhabiller ?

– Tu as envie d'être habiller ?

– Pas vraiment.

– Alors non.


Je hoche la tête alors qu'il fait un signe de tête vers l'assiette. Je prends la fourchette et mange trois bouchées avant de relever les yeux vers lui.

– C'est très bon.

– On doit en parler.


Bingo ! C'est le moment tellement prévisible où il me dit que c'était une erreur et que je dois rentrer chez moi. C'est le moment où il me dit qu'on ne doit plus jamais se voir en dehors des heures de cours prévues. Et qu'il annule les heures supplémentaires que mon paternel nous impose à tous les deux.

–Ce qu'on a fait, c'est pas anodin.

– Tout dépend du point de vue. C'est pas la première fois que je prends une bite dans le cul.

– Kaleb !


Je m'excuse vaguement et prends une nouvelle bouchée pour m'éviter de dire d'autres énormes conneries. Je l'observe à travers mes cils, la tête toujours un peu baissée. Il soupire et tend la main. Je me crispe légèrement, mais il remet juste la mèche qui me tombe sur le front en place.

–Tu es mineur alors que je suis majeur. Et c'est déjà un bon exemple de pourquoi je ne devrais pas coucher avec toi. Tu es mon élève, c'est le deuxième point. Et tu es le fils d'un sénateur puissant ce qui m'apporte au troisième point. Tais-toi, s'il te plaît !


Je referme la bouche alors que je m'apprêtais à dire quelque chose.

Pourtant, malgré tous les points négatifs qui devraient me faire fuir, je n'ai pas envie de le faire. J'ai envie d'être là pour toi. J'ai envie de t'aider. J'ai envie de tenter. Ce qu'il s'est passé dans la chambre ? Il y a longtemps que je ne l'avais pas vécu. Et je ne sais pas toi, mais j'aimerais beaucoup qu'on se donne une chance. Pas seulement en couchant ensemble. En essayant d'apprendre à se connaître. Je sais que ça peut être étrange à entendre, mais tu me plais, Kal. Et je n'ai pas envie de te laisser partir, sauf si tu n'as aucune envie de continuer, ce que je comprendrais parfaitement.


Je le fixe, incapable de vraiment savoir quoi dire. Si jamais je me lance dans cette folie, il faudra que je sois plus que prudent. Je devrais tout faire pour que ça reste secret. Et qui dit tenter, dit être en couple. Et qui dit ça, dit parler de ses secrets pour éviter les quiproquos. Et je ne suis pas certain d'avoir envie qu'il soit au courant de tout ce qui entoure ma vie.

– C'est d'accord.


Je regrette que ma bouche parle plus vite que mon cerveau n'est capable d'analyser. Il hoche la tête et prend une bouchée de son assiette. Je mange tranquillement quand mon portable se met à sonner. Je baisse les yeux dessus et ma gorge se serre en remarquant le visage de mon père. Mes doigts tremblent quand je me saisis de l'appareil maudit et que je décroche après m'être excusé auprès de Noah. Je me lève et me dirige vers le couloir.

KalebOù les histoires vivent. Découvrez maintenant