Partie 7: Trouble

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Je m'approche, sceptique. Qu'a prévu de me faire cette vipère ? J'observe son visage, cherchant une expression, un tic, n'importe quoi pour me renseigner. Je ne trouve rien. Hormis dans ses yeux. Ils sont rieurs, bien que son visage soit impénétrable. Je suppose que c'est voulu.

Je ne peux plus me défiler, donc autant en finir au plus vite. Je m'approche de son bureau et m'arrête à une centaine de centimètres de celui-ci.

Il lève un sourcil d'un air ironique.

- Je ne vais pas vous manger, vous savez.

- Hum ... Je ne connais pas vos habitudes alimentaires. Si ça se trouve, vous vous êtes découvert un penchant pour le cannibalisme récemment.

Je réalise l'énormité de mes propos, deux secondes après les avoir prononcés. Je ferme les yeux, mortifiée. Quand je les rouvre, son visage affiche une expression méditative.

- Vous n'avez pas beaucoup de contrôle sur vous-même, n'est-ce pas ?

À ces paroles, je manque de m'enflammer, quand je réalise que ma réaction ne ferait que confirmer ses dires. « J'attache » le visage, et le regarde comme si j'ignorais complètement de quoi il parlait. Il me jette un regard amusé puis reprend, plus sérieusement :

- Je voudrais vous parler de vos résultats en mathématiques. Après avoir jeté un œil sur les résultats des partiels, et du nombre relativement élevé des élèves qui ne les ont pas réussis, il a été décidé d'offrir à ces étudiants des cours de soutien. Vous êtes la seule élève de votre groupe à avoir échoué au test, alors que vous vous en êtes remarquablement sortie dans le reste des épreuves. Il y a-t-il une raison particulière à cet état de fait, ou avez-vous un problème avec l'enseignement dispensé ?

Je m'attendais à tout sauf à ça. Je me traite mentalement d'idiote, non mais que croyais-tu ma fille ? Rien, je ne croyais rien justement. Je ravale tant bien que mal ma déception, et essaie de maîtriser mes émotions pour lui répondre.

- Les maths et moi avons toujours entretenu une relation compliquée ; un coup, c'est le grand amour, un coup, on fait une pause, un coup, on se sépare. Cette année, il semble qu'on ait opté pour la séparation.

Je raconte des conneries, mais je ne peux m'en empêcher.

- Ne vous en faites pas, ajouté-je. Vous semblez bien enseigner donc peut-être que ça se passera mieux. Mais si ça se passe mal ne vous en voulez pas, on ne peut pas tout avoir ...

Et puis quoi encore, pourquoi tu ne lui donnes pas une petite tape sur l'épaule et du, « c'est bien mon garçon, continu comme ça », histoire de souligner tout le mépris que tu as pour lui ? Cette fois, je pince les lèvres, inutile de regretter mes paroles. Je ne peux manifestement pas m'empêcher de le provoquer, autant assumer et faire face à sa colère. Contre toute attente, au lieu de s'énerver comme la dernière fois, il me fixe pensivement.

- Vous arrive-t-il d'être polie, ou cette attitude puérile et condescendante m'est-elle spécialement réservée ? me demande-t-il sur le ton de la conversation.

Son visage conserve une expression détachée, seul un ennui légèrement méprisant transparaît. Les pointes de mes oreilles me brûlent, je résiste à l'envie de baisser les yeux. Je fixe mon regard dans le sien. Il est si calme, si maître de lui... Et c'est mon prof. J'aimerais oublier ce détail, mais je ne peux pas. J'ai vraiment dépassé les bornes.

Je baisse les paupières. Les mots que je dois prononcer se bousculent dans ma gorge, et s'y retrouvent piégés. Je dois les formuler, mais je n'y arrive pas. Je me décide, ouvre la bouche... Et la referme. « Tu peux le faire Lara, ça ne va pas te tuer », me dit la petite voix dans ma tête.

Âmes Sœurs Tome I: Nous?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant