Dark Job

Chapitre 10-Samy-

Samy

Nous marchons puis rentrons à la maison une fois les quinze minutes passées, comme l'avait si gentiment ordonné le taré. Mais à peine avons-nous franchi le seuil de la porte que ce dernier nous saute dessus. Il parle de choses que je ne comprends absolument pas mais qui semblent inquiéter Jules. Tout deux ont des têtes de déterrés, visiblement très impactés par cette nouvelle.

« Est-ce que je pourrais avoir droit à une traduction ? je demande, légèrement embêtée.

Les deux complices échangent un regard entendu puis Jules me dit :

-Désolé, mais pas pour l'instant. Ça doit rester secret.

-Ah. »

Bon, super, des choses se trament dans mon dos. Je réessaierais ce soir en amadouant l'un d'eux avec de la nourriture.

Je m'apprête à remonter les escaliers pour retrouver mon lit quand la porte d'entrée claque dans un son assourdissant.

« MAIS CA VA PAS, ESPÈCE DE TARE ! hurlais-je, plus apeurée par le bruit qu'énervée.

Sauf qu'en me retournant, je me rends compte qu'un blanc s'est formé dans la pièce et que l'auteur de cette entrée fracassante n'est autre que l'inespéré Lay, en furie. Il semble lui aussi dépassé, mais également abasourdit par mes précédentes paroles. Humiliée, je bredouille :

-Allez-y, je...désolé, je pars.

Je discerne un petit sourire en coin sur Lay et sur le blond. Le taré, lui, semble énervé en revanche. Pour changer...

-C'est ça, dégage », marmonne-t-il.

Je me contente de soupirer en roulant les yeux puis reprends ma route initiale vers ma chambre. Quel con, je pense que si je devais choisir entre donner un coup de boule à mon ex ou à lui, la question serait vite résolue.

En franchissant la première marche, je parviens à attraper des bribes de leur conversation. Lay n'est pas rentré sans raison, et j'en suis maintenant certaine. Et ce n'est malheureusement pas sa pitié de me laisser seule sous le même toit que son taré de frère et son acolyte.

« J'ai eu ton mess...sauté...avion...elle est...infos. »

Dîtes-moi pourquoi je n'ai pas eu la chance de naître avec des oreilles supersoniques ?

Un plan se dessine alors dans ma tête. Je vais aller dans la cuisine mine de rien chercher un verre en prétextant une soif horrible et m'accouderais au mur pour écouter la conversation afin de découvrir ce qu'il y a de si important qui les rend autant inquiets.

Une fois calée derrière la porte j'entends mieux mais ils chuchotent, ce qui rend ma compréhension bien plus complexe. Je comprend qu'ils parlent, une fois encore, de moi et que ça concerne toute cette folie autour de ma disparition. Étrangement, depuis que j'ai atterri ici, il ne m'est pas arrivé de penser à mes proches et à leur réaction face à ma disparition. Puis une phrase me fait tiquer.

« C'est son père qui s'est inquiété le premier et qui a déposé la plainte. Ce fils de pute t'as décrit trait pour trait dans son rapport, Aron, étant persuadé que tu es le coupable. Ce qui n'est pas si faux... »

C'est ça ! La soirée de ma disparition me revient par images dans ma tête et je me rends compte que...je me suis volatilisé aux yeux de tous devant mon propre père. Il a assisté à la scène. Mais pourquoi ne pas m'avoir retenu, étant donné que j'aurais pu l'envoyer en prison en balançant tout ce qu'il m'avait fait subir ?

Tout ce poids qui s'était envolé ces derniers jours revient instantanément et mon cœur me fait mal, à nouveau. Je sens ma respiration s'accélérer, alors je me précipite vers le frigo et rempli mon verre d'eau dans l'espoir que ça m'aide à tout faire passer. Malheureusement, pas douée que je suis, je m'étouffe avec et commence à tousser fortement, me faisant mal à ma trachée. Ma vision se floute et je sens que je commence à manquer d'air.

Je peux difficilement m'en assurer, mais il me semble que deux silhouettes se précipitent sur moi, visiblement très rapidement. Un bruit sourd envahi mes oreilles, mais j'entends tout de même des "putain" que lâche une voix maintenant bien familière. Ce taré d'Aron trouve toujours le moyen d'être vulgaire, il reste fidèle à lui-même.

Pourquoi le temps se met-il à ralentir tout à coup ? Puis plus rien. Le néant.