Là où tout a commencé

Chapitre deux

Nous nous garons devant une grande bâtisse , qui a l'air des années quatre-vingt mais très bien entretenue , je crois qu'elle date du temps de la colonisation car elle a des allures européennes .

Déborah m'intime de la suivre et je marche derrière elle comme une gamine , je regarde de gauche à droite et l'endroit a l'air immense, je n'aurais jamais imaginé vivre dans un tel endroit .

Le chemin que nous traversons est parsemé de cailloux et de grands arbres l'entourent, donnant de l'air frais .

Nous arrivons devant une grande et large porte que Déborah ouvre avec l'une des clés accrochée au trousseau qu'elle a sorti de son sac , et m'invite à entrer ; je n'en crois pas mes yeux , ce lieu est tellement magnifique . Déborah me surprend à le contempler et sourit

_ Vous aimez ?

_ c'est carrément magnifique, je n'ai jamais vu un endroit pareil , dis-je avec excitation

_ c'est pourquoi on l'appelle Le palais de la vie , vous allez voir que tout est différent de ce que vous avez déjà vu

Je lui rend son sourire et nous longeons un couloir avant d'entrer par une porte et de découvrir un bureau où une dame , ayant la quarantaine nous accueille, elle semble être familière avec Déborah, ce qui est tout à fait normal .

_ Sœur Henriette , je vous présente la nouvelle recrue , Maryse Kela

Le regard de la dame s'illumine en me voyant, elle se lève de son siège et vient me prendre dans ses bras , je lui rend évidemment son étreinte puis nous nous séparons

_ je suis tellement heureuse de vous rencontrer enfin , j'espère que votre voyage s'est bien passé ?

_ oui, merci , je répond en souriant timidement

Je crois que je vais finir par avoir mal aux joues à force de tout le temps sourire

_ Je vous souhaite la bienvenue dans notre pensionnat, et j'espère que vous trouverez finalement votre voie

_ Merci

_ et donc , dit-elle en reprenant son siège et m'invite à m'installer également, la sœur Déborah va vous aider pour votre intégration dans les premiers temps avant de trouver vos repères , vous serez logée dans la chambre 40 et nous y avons déjà placé tous vos effets

Je fronce les sourcils en jetant un œil à mes valises

_ mais mes valises sont encore là, je me permets de faire mention

Elle pose son regard sur moi une minute avant de rire

_ vous n'aurez plus besoin de vos valises pendant votre séjour ici , je m'étonne même que vous les ayez emmenées , n'avez-vous pas lu toutes nos instructions ? Elle lève un sourcil , sœur Déborah , vous ne lui avez pas dit ?

Je me retourne vers la concernée, toute confuse

_ je suis désolée de vous l'apprendre mais ici , on ne vient avec rien de l'extérieur, on mettra à votre disposition de nouveaux effets mais soyez en sûre , vos valises seront gardées en toute sûreté

Je suis encore confuse , bon je reconnais n'avoir pas lu toutes leurs instructions, car qui le fait encore de nos jours ? Je pensais que ce n'était pas si compliqué que ça de vivre dans un pensionnat, et que vont-ils me dire encore ? Que je n'ai pas le droit d'utiliser mon téléphone, morte de rire !

_ et vous n'aurez plus le droit d'utiliser votre téléphone, il va rester ici , poursuit Déborah pour mon plus grand malheur

Je manque de m'évanouir, mais comment je vais faire sans mon téléphone pendant cinq ans ?

_ j'espère que c'est une blague ? Je demande un peu trop directe

Les deux sœurs me paraissent outrées , je crois qu'elles ne sont pas habituées à ce genre de réaction, mauvaise impression pour moi !

La sœur Henriette secoue la tête avant d'arborer une mine plus sérieuse qu'avant même

_ Je constate que vous n'avez pas lu nos instructions mais laissez-moi vous mettre à jour

Elle tire dans l'un des tiroirs de son bureau et en sort un papier qu'elle me tend , je le prend avec hésitation puis commence à lire , mes yeux s'agrandissent au fur à mesure que j'avance mais mon Dieu , ce n'est pas un pensionnat ici mais une prison devrais-je dire , interdiction formelle de garder contact avec l'extérieur ou d'avoir des visites pendant tout le séjour, interdiction de s'habiller autrement qu'avec les vêtements donnés ici , interdiction de porter de faux cheveux ni d'utiliser du maquillage, ... la liste est tellement exhaustive que je n'en reviens pas , ai-je le choix encore de rentrer ?

Je dépose le papier sur la table en restant calme

_ maintenant tout est clair , la sœur Déborah va vous expliquer le fonctionnement du pensionnat dès demain , soyez déjà debout à cinq heures

Non !!! Ne me faites pas ça pour l'amour de Dieu !

Je n'entend même plus ce qu'elle dit tellement je suis très perturbée en ce moment, donc j'ai tout quitté pour venir vivre dans un enfer pareil ? Et Déborah qui disait que c'était le palais de la vie , de la mort bien sûr.

Déborah m'intime de la suivre après que la sœur Henriette m'ait lancé un dernier regard dur , elle qui paraissait si aimante au début.
À mon plus grand malheur, je suis obligée de monter sans mes valises , toutes ces heures à plier les vêtements parties en vain , Pauvre Elena ... pauvre Elena , j'aurais dû lui donner de mes nouvelles, que va-t-elle en penser ?

Avant de sortir , je me tourne une dernière fois vers la sœur Henriette

_ excusez moi ma sœur , mais je voulais demander une chose , commence je en redoutant sa réaction

Elle me fixe droit dans les yeux sans broncher , ok ça commence déjà bien

_ pourrais-je passer un dernier appel pour prévenir ma famille ? Dis-je presque comme une supplication

_ je suis navrée de vous l'apprendre mais les téléphones sont interdits ici et d'ailleurs il n'y a même pas de réseau disponible dans cette région

J'écarquille les yeux et fais en sorte de le faire remarquer, mais je suis dans quoi moi ?

_ sœur Déborah , accompagnez la dans sa nouvelle chambre

Je tourne les talons et manque de m'évanouir, j'aurais dû partir quand il était encore temps .

Je crois que je viens de signer mon arrêt de mort quand Déborah ouvre la chambre 40 et m'invite à entrer .

Ce n'est même pas une chambre mais une chambrette , pourvu d'un lit , un bureau , une toilette avec le nécessaire, une armoire modeste et une bible posée sur la table... aucune télévision, ni frigo , rien ! Je pleure déjà intérieurement

_ ceci est votre nouvelle chambre, l'horloge de tout le pensionnat est déjà réglé , le réveil est pour chaque cinq heures et je viendrai vous chercher pour aller déjeuner puis je vous expliquerai ce que vous allez faire ici , je vous laisse vous adapter à votre nouvelle chambre, on se retrouve en bas pour le dîner , il est spécial aujourd'hui car il est fait en votre honneur , soyez prête pour dix sept heures, une robe est déjà prête pour vous , c'est dans l'armoire

Elle finit de déballer ses mots puis s'en va .

Je reste comme une statue au milieu de cette pièce , je ne sais même plus ce que je suis venue faire ici .

Je visite la salle de bain et n'y trouve rien de spécial , à part un nouveau dentifrice , une brosse à dent , des babouches et une serviette de bain .
Dans l'armoire , une dizaine de robes blanches immaculées et des paires de chaussures de none ... finalement je ne crois pas pouvoir rester ici plus d'une semaine, dès demain je vais prendre mes valises et m'en aller, je ne pourrais supporter de vivre entre ces quatre murs , je suis habituée à une vie de liberté et si c'est pour devoir vivre dans ces conditions pendant cinq ans , alors ça , ça ne va pas être possible avec moi , je suis navrée seigneur mais c'est trop pour moi .

Deuxième chapitre...

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