Finalement, cette bâtisse est plus grande que je ne l'aurais imaginé, ces gens ci n'ont pas fait les choses à moitié, tout est fait pour vous garder entre ces murs .Lorsque Déborah est venue frapper à ma chambre, j'étais dans un sommeil profond , ce qui veut dire que tout le couloir était alerté et donc j'ai dû entendre les sermons de certaines sœurs , qui ne pouvaient pas se la fermer .
Il a fallu que je me change à la hâte et me voici habillée comme une religieuse, dans une robe blanche et des chaussures, je crois des années soixante si je puis le décrire comme ça , aucune classe !
Avec un retard de trente minutes, nous voila marcher au milieu de ce couloir, qui semble si grand et il suffit d'une mouche pour passer qu'on en entendrait le bruit . Déborah marche tellement vite que j'ai parfois du mal à suivre ses pas.
Elle s'arrête devant une large porte qui fait deux mètres de longueur , souffle un bon coup avant de se tourner vers moi qui manque de lui rentrer dedans
_ Je suis désolée, dis-je en bredouillant
Elle secoue juste la tête en levant les yeux , je vois qu'elle ne me supporte plus tant que ça
_ C'est ici que se passe la réception - elle fait une pause comme si elle cherchait ses mots - je vous prie de bien vous tenir et de ne faire aucun commentaire déplacé
Je suis un peu outrée qu'elle me le dise ainsi comme si j'étais une gamine et que je ne savais pas me tenir
Elle pousse la porte et nous voilà au milieu d'une grande pièce de réception, on croirait un palace - mais que disais-je , bien sûr c'en est un .
Je vois des sœurs, habillées différemment que moi , en robe noire , assises chacune sur la grande table à manger , elles se tournent toutes en notre direction et je sens leurs regardas se poser sur moi et me détailler sans s'en cacher
Déborah m'invite à entrer et nous rejoignons les autres , une centaine de sœurs autour de la table
_ je vous présente la nouvelle arrivante , elle s'appelle Maryse Kela , leur annonce-t elle
Je reçois leurs bienvenues avec un sourire peu gêné , ce n'est toujours pas facile d'avoir autant de regards posés sur moi me scrutant ainsi
Je suis invitée à prendre place autour de la table , un buffet énorme a été préparé et il y a tellement de nourriture que même si on me payait, je ne saurais manger même le un tiers . Une sœur , d'une cinquante d'années se lève et fait la prière afin de consacrer le repas entre les mains de Dieu , puis nous commençons à manger dans un calme olympique.
Le repas enfin terminé , nous ne pouvons pas quitter la table sans que la dernière n'ait fini de manger , pour les règles , je crois que je n'ai pas encore fini d'en voir . Et les discussions commencent de plus belle
_ Apparemment Kinshasa est très beau , m'aborde une jeune sœur
Je me tourne vers la concernée et lui sourit gentiment
_ oui, c'est très beau , dis-je pour confirmer
_ mais je n'arrive jamais à comprendre les gens font pour y vivre avec autant de chaleur , demande une autre sœur en face de moi avec un ton presque arrogant
_ pas faux mais nous y sommes habitué et c'est très plaisant, j'espère qu'un jour vous aurez l'occasion d'y aller
Elle souffle en me quittant du regard, j'ai un peu du mal à comprendre sa réaction, on croirait qu'elle a une dent contre moi
_ Au fait, elle n'a plus le droit de quitter le pensionnat, elle a fait vœu de toute sa vie , m'informe la sœur d'avant en parlant à basse voix
J'écarquille légèrement les yeux en comprenant que ma phrase lui a paru peut-être déplacée , et puis je n'ai rien à me reprocher , ce n'est pas comme si j'étais au courant de cela , elle aurait juste dû se mêler de ses affaires
_ Oh je suis désolée, je ne savais pas
_ ne vous inquiétez pas , ce n'est rien de grave , me chuchote-t elle
J'apprends qu'elle s'appelle Dorcas et qu'elle est ici depuis deux ans , elle a signé pour le même cursus que moi , au moins j'ai trouvé quelqu'un chez qui je pourrai apprendre
Nous échangeons avec d'autres sœurs , qui m'ont accueillie chaleureusement puis il était temps de retrouver chacune sa chambre
Je retrouve donc ma petite chambrette et me jette sur le lit
_ Aïe ! Mais il est dur le lit , me plains je en me massant le dos
Je me lève et fais les cent pas dans la chambre, je vais finalement me poser devant la fenêtre, même si je ne peux rien voir à cause de la pénombre , au moins les lampadaires éclairent faiblement le pensionnat et c'est à ce moment que je repense à ma belle vie d'avant, sans être privée de toute ma liberté.
Et moi qui croyais que signer pour cinq années ici ne me privera jamais de ma liberté et que je serais toujours en contact avec mon amie et surtout que j'espère... non , c'est mieux que je le dise pas sinon je me ferai encore plus de mal .
Les larmes menacent de couler et je ne peux pas m'empêcher de fondre en sanglots, je ne veux pas rester encore longtemps ici , j'ai envie de rentrer !
_ jusqu'à quand vas-tu me fuir ? Jusqu'à quand vas-tu me fuir ?
Ce n'est pas une voix que j'entends mais plus un tonnerre et je suis saisie d'une grande crainte , que me veut il ? Pourquoi se plait-il à autant me traquer
Je balaye mon regard dans toute la pièce, en cherchant une quelconque issue pour m'enfuir mais impossible, tout me parait si lointain , comme si j'étais là mais pas exactement, comme si seul mon esprit comprenait ce qui se passait mais mon corps ne coopérer pas , puis je me vois emportée comme dans un tourbillon et la voix n'est plus qu'un murmure que j'entends au loin
— NON !!! M'écriais-je en sursautant de mon lit
J'ai des bouchées de chaleur , comme si je venais de courir un marathon, c'était décidément encore le même rêve et je ne comprenais toujours pas son sens .
Je jette un regard à l'horloge et bon sang , il est cinq heures pile , pourquoi maintenant ? L'heure est passée tellement vite que je ne me suis même pas aperçue , j'ai l'impression de n'avoir pas dormi assez
Je baille de toutes mes forces quand l'horloge se met à sonner dans toute la pièce , je place une main sur ma bouche me retenant de sortir un gros mot .Je me relève difficilement en me passant une main sur le visage pour me forcer à me réveiller.
Je vais contre mon gré sous la douche et je prend un bain rapide , malheureusement l'eau était très froide , je vais demander à la sœur Henriette de régler le problème pour moi . Je tire sur une robe blanche dans l'armoire et les chaussures que je porte , et j'attends sagement que Déborah vienne me chercher.
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Là où tout a commencé
RomanceLe coup de foudre existe-t-il? C'est la question que Maryse s'est posé quand elle a rencontré Benoît, cet inconnu qui a finalement pris plus de place dans sa vie . Pourtant, cette relation ne se révèle pas être si bénéfique pour Maryse , car en vou...