Prologue : Le brouillon d'une note

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Note du 17/07/2024 à Paris

Pendant quinze minutes, le monde s'est arrêté. Ensuite, il y a eu une perturbation. Et si ce monde ne résultait en fait que d'une pensée, modifiée par l'inconstance d'un souvenir ?

Avant, je ne m'étais jamais posé cette question car je n'avais jamais eu l'occasion d'apercevoir ses frontières. Maintenant, elles me parviennent par relent de souvenirs précis.

Aussi j'ai divisé mes souvenirs en quatre parties afin de ne pas me perdre dans mes dires, et je les ai nommé ainsi : l'Avant, le Pendant, l'Entre et l'Après.

[...]

Il ne faut pas me faire croire que nous avons une quelconque responsabilité de nos actions, c'est ridicule. Certes, nous sommes maitres de nos actions, mais nous sommes avant tout spectateurs de leurs conséquences. Et puis, par quoi une action est-elle définie ? Est-ce par son intention première, ou bien est-ce par le moment même où nous pensons à cette action, ou encore par les conséquences qu'elle engendre ? Et qu'en est-il des actions involontaires ? Car personne ne m'avait jamais dit que percuter le siège avant de plein fouet pouvait causer autant de dégâts...

[...]

Les souvenirs sont les traces éphémères des moments de notre vie qui restent stockés quelque part dans notre esprit jusqu'à leur disparition. Pour moi, les souvenirs sont aussi uniques que sacrés. Et s'il venait un jour à manqué de place pour les garder dans ma mémoire, je préférerai oublier quelques parties de moi-même pour leur en attribuer une nouvelle.

[...]

C'était à un minuit minutieusement calculé que la nuit tombait... Ils ne me croient pas, mais la mémoire n'invente jamais de nouveaux visages. J'y étais, on l'a tous vu, et je pourrai même leur montrer à quoi ressemblait l'Entre. C'est d'ailleurs la seule partie du cycle que je m'obstine à garder à la fois flou et distant, mais aussi proche et malléable dans ma mémoire.

Quelque chose en moi ne veut pas l'oublier. Et j'ai l'étrange impression que là-bas, nous nous sommes effacés du passé, réécrit dans le présent* et devenu invisible aux yeux du futur.

*Mais était-ce seulement le présent ? Peut-être était-ce la faute du bourdonnement ? Mais alors, que se serait-il passé si je n'avais pas pris ce foutu métro de malheur ? En serais-je morte ? Est-ce grâce à eux que je suis encore en vie ?

[...]

On dit que la mémoire n'invente jamais de nouveaux visages, mais qui sait jusqu'où elle est capable d'aller ?

L'arrêt Des MondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant