- Ewen lève-toi, allez ! Debout, debout, debout !
Je plaquai encore un peu plus mon visage contre le tissu mou et chaud du coussin, espérant disparaitre complètement dans les draps. Ce fichtre de garnement ne faisait que sauter sur mon lit - qu'il pensait sûrement être un trampoline - en vociférant ces mots en boucle. Depuis quelques minutes déjà, je me répétais calmement dans ma tête que s'il continuait, je lui crèverais les yeux avec mes ongles. Et malheureusement pour lui, j'envisageais de plus en plus à passer à l'acte.
- Debout ! Allez ! On va être en retard !
- Nathan si je me lève, je t'attrape et fais de toi mon p'tit dej.
- J'croyais que t'étais végétarienne ?
Je profitai du silence soudain pour me redresser subitement, avec l'envie de lui clouer le bec pour de bon. Je rejetai ma couverture sur la tête de cette chose hurlante qui me servait de frère et l'emprisonnai de mes bras. Il se débattit comme un lionceau, gigotant dans tous les sens, mais je tins bon.
- Mais lâche-moi !
Je desserrai mon emprise et le laissai respirer à l'air libre quelques secondes :
- Tu sais que je t'aime ? Demandai-je en agrippant de nouveau mon oreiller.
Il s'assit en tailleur face à moi avec le regard boudeur d'un enfant de huit ans. Je savourai cette belle moue, puis souris d'air innocent et lui balançai mon oreiller à la figure. Il bascula comme un vulgaire gamin sans aucun équilibre.
- Attention..., le menaçai-je, la prochaine fois ce n'est pas l'oreiller que je balance, c'est toi !
Il se redressa, tout rouge, et me tira la langue avec de vilains yeux. Je lui renvoyais son geste et lui attrapai le menton pour lui frictionner énergiquement la racine des cheveux :
- Allez file, je veux plus te voir jusqu'à qu'on parte.
- Ewen, t'as les cheveux tout en bataille.
- Toi aussi, répondai-je compulsivement.
- Pourquoi ?
- Peut-être parce que tu as hurlé comme un putois pendant plus de dix minutes et que je...
- Non ! Pourquoi tu veux plus me voir jusqu'à qu'on parte ?
Je grognais et du bout des pieds, le chassa vers la porte.
- Parce que c'est comme ça !
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L'arrêt Des Mondes
ParanormalPendant quinze minutes, le monde s'est arrêté. Ensuite, il y a eu une perturbation. Et si ce monde ne résultait en fait que d'une pensée, modifiée par l'inconstance d'un souvenir ?