Enchaînée...

Chapitre 6

Après un instant de silence, il soupira et ouvrit un portail en face de moi. Mon cœur se serra en le regardant une dernière fois. Sans un mot, je franchis le portail et me retrouvai dans ma chambre. Je sentis la présence de Jayson disparaître alors que le portail se refermait.

Je pris un bain, essayant de me calmer, puis m'endormis rapidement, épuisée.

Le lendemain matin, je me réveillai avec le son de mon réveil, comme si tout n'avait été qu'un rêve. Je me changeai, enfilant une jupe et un haut à manches longues, avec mes bottines marron. J'étais décidée à commencer un nouveau départ. Après avoir pris une tartine, je sortis, le soleil brillant haut dans le ciel. Je me surpris à sourire, savourant ce sentiment de liberté.

En courant dans la rue, je vis Harry à un croisement. Il me regarda, surpris. Je lui fis un signe de la main en passant devant lui, mon cœur battant un peu plus vite. Mais il y avait quelque chose d'étrange dans son regard. Pourquoi est-ce qu'il me regarde comme ça ? pensais-je, mais je préférais ne pas m'attarder là-dessus.

Je regardai mon emploi du temps : natation. Génial.

Arrivée à la piscine, je me changeai et plongeai directement dans l'eau, rebelle, sans mettre de bonnet. Les filles me jetèrent des regards mauvais, mais je les ignorai. Après un moment d'hésitation, elles retirèrent elles aussi leurs bonnets et sautèrent dans l'eau. On s'amusait comme des fous, oubliant pour un moment les tensions du quotidien.

Deux heures plus tard, en sortant de la piscine, un garçon m'aborda pour m'inviter à une fête le soir même. Sans trop y réfléchir, j'acceptai.

Plus tard, après m'être préparée, j'arrivai à la fête, habillée d'une robe bleu marine et de talons. La musique était assourdissante, l'ambiance électrique. Le garçon, Mathias, m'accueillit avec un sourire surpris.

- Viens, entre. Il me tendit un verre d'alcool que je bus d'un trait. L'ambiance devint rapidement plus intense, les corps dansaient, les rires résonnaient, mais tout bascula quand il m'emmena dans sa chambre.

Je l'embrassai, plus par habitude que par désir, et il me poussa doucement contre le mur. Juste au moment où il passait ses mains sur mes jambes, la fenêtre s'ouvrit brutalement. Un monstre ailé entra. Mathias recula, terrorisé, mais je n'eus pas le temps de comprendre avant que le monstre ne m'attrape.

Jayson.

Il m'enleva violemment, et en un instant, nous étions de retour dans ma chambre, où il me plaqua sur le lit et m'attacha.

- J'ai effacé ta mémoire pour que tu m'oublies, mais je ne peux pas te perdre, murmura-t-il en me regardant avec désespoir.

Et alors, tout me revint. Le pacte, les souvenirs, tout.

- Jayson...

Malgré les mots doux qu'il murmurait, je restais attachée, tiraillée entre la peur et l'incompréhension.

– Pourquoi tu fais ça ? soufflai-je, le cœur battant.

Jayson me regardait, son visage assombri par la jalousie.

– Parce que tu allais donner ton corps à un humain insignifiant. Ça me rend fou de rage, dit-il, sa voix pleine d'une colère qu'il peinait à contenir.

Il s'approcha, ses yeux brûlant d'émotion. Ses mains chaudes glissèrent doucement sur mes jambes, et il attrapa le tissu de ma robe avant de le déchirer. Je lâchai un cri de surprise. Sa main se posa sur ma taille, et il laissa ses doigts effleurer ma peau, créant une sensation étrange, mêlée de chaleur et de malaise. Son souffle se faisait de plus en plus court, tandis qu'il déposait un baiser sur mon ventre.

Mon corps tout entier tremblait, partagé entre l'envie de fuir et une fascination irrésistible. Mais quelque chose dans son regard, dans la manière dont il me touchait, me montrait qu'il était hanté par quelque chose de plus profond. Il se battait contre ses propres sentiments. Je tentais de résister à cette vague d'émotions contradictoires.

– Tu es mienne, souffla-t-il d'une voix basse, presque désespérée.

Je me débattis, essayant de comprendre pourquoi je ressentais tout cela. Pourquoi lui, un démon, me captivait-il autant ? Alors que je luttais contre les cordes qui me retenaient, elles finirent par céder. Je ne savais pas comment j'avais réussi à me libérer, mais je ne m'en préoccupais pas. Je plongeai mon regard dans le sien et, à cet instant, quelque chose en moi céda.

Je me jetai contre lui, l'embrassant avec une passion que je ne m'expliquais pas. Jayson me serra dans ses bras, et je sentais la tension qui l'habitait se dissiper un peu. C'était comme si l'obscurité en lui laissait place à une chaleur inattendue. Il me murmura à l'oreille, sa voix plus douce maintenant :

– Tu ne comprends pas... Je ne peux pas te perdre.

Je passai mes bras autour de son cou, cherchant à comprendre ce lien étrange entre nous. Mais malgré la force de cette connexion, une part de moi savait qu'elle était dangereuse, qu'elle m'attirait vers un abîme dont je ne pouvais pas encore saisir les profondeurs.

Après ce moment partagé, Jayson s'allongea à mes côtés, épuisé. Je restai là, allongée contre lui, mon esprit en ébullition. Pourquoi avais-je choisi de m'abandonner à lui ? Pourquoi ce désir de le comprendre, de l'aimer, malgré tout ce qu'il représentait ? Mes pensées se perdaient dans un tourbillon de questions, mais le sommeil m'emporta doucement, bercée par la chaleur de ses bras.

Le lendemain matin, je me réveillai seule dans ma chambre, mon esprit encore embrouillé par les événements de la nuit. Jayson était parti. Je m'habillai rapidement, essayant de chasser ce qui s'était passé, mais les souvenirs revenaient sans cesse. J'avais l'impression que quelque chose avait changé en moi, un lien invisible qui me tirait vers lui, malgré tout ce que je savais de lui.

Arrivée à l'école, je fus surprise de voir Jayson devant la classe, déguisé en professeur. Il souriait doucement, mais son regard me transperçait. Je sentis mes joues s'enflammer de gêne. Que faisait-il ici ? Je m'assis à ma place, évitant son regard, mais je pouvais sentir sa présence, pesante, presque hypnotique.

Alors que je tentais de me concentrer, quelque chose attira mon attention dehors. Des yeux rouges brillaient dans un buisson, étranges, presque surnaturels. Mon instinct me cria de fuir, mais je devais en avoir le cœur net. Je me levai brusquement et sortis de la classe, ignorant les murmures des élèves. Jayson, derrière moi, semblait comprendre que quelque chose n'allait pas.

Je courus jusqu'au buisson, mais ne trouvai rien. Mon cœur battait la chamade, et une étrange peur me saisit. Je me retournai et vis Jayson, qui m'avait suivie, son regard empli de questions.

– J'ai vu quelque chose... des yeux rouges... dans ce buisson, murmurai-je, encore troublée par ce que j'avais perçu.

Son visage se durcit. Il reprit immédiatement sa véritable forme et me prit dans ses bras, déployant ses ailes noires.

– Nous devons aller en Enfer, dit-il d'une voix grave. Il y a un médecin qui pourra nous aider à comprendre.

Je me débattis légèrement, surprise et réticente à l'idée de retourner là-bas.

– Non ! Je ne veux pas ! dis-je, la panique montant en moi. Pas à cause de cette fille... Elle m'a dit qu'elle...

Je n'osais pas finir ma phrase. Jayson soupira profondément, comme agacé par ce souvenir.

– Elle n'est rien pour moi. C'est une créature sans importance... un jouet, dit-il d'une voix froide.

Ces mots éveillèrent une colère en moi que je ne pouvais contenir. Je me tournai vers lui, furieuse, et le giflai.

– Même un démon a un cœur, Jayson ! Comment peux-tu dire ça ? Elle t'aime !

Il sembla choqué, déstabilisé par ma réaction, mais son expression changea rapidement. Ses traits devinrent plus sévères, comme pour me rappeler qui il était vraiment.

– Je suis Satan, Lilith. Le roi des démons, et je n'ai pas de place pour ces sentiments.

Je restai figée, mes émotions tourbillonnant en moi. Je savais que quelque chose de profond nous liait, mais la noirceur en lui était omniprésente, impossible à ignorer.